Plante bulbeuse parmi les plus rares à voir en fleur, le Lys géant de l’Himalaya est un véritable spectacle à lui seul lorsque vient la floraison. Spectaculaire et parfumé, il n’est pas destiné aux novices. Patience et soins sont les maîtres mots pour parvenir à voir fleurir cette exception.
1. DESCRIPTION
Comme son nom vernaculaire l’indique, cette plante appartient à la famille des Liliacées et est donc très proche des véritables Lys. Originaire des forêts Himalayennes, de Chine et de Birmanie, il répond au nom scientifique de Cardiocrinum giganteum.
A savoir : Les bulbes de Cardiocrinum étaient autrefois utilisés dans la cuisine traditionnelle chinoise car très riches en amidon. Soucieux de leur faune locale, les populations ne prélevaient que certains bulbes en laissant les bulbilles à leur place pour assurer leur pérennité.
1.1. Cycle de vie
Il s’agit d’un bulbe qui, comme tous les bulbes, provient à la base d’une graine. Rustique à -15°C, il lui faut plusieurs années de végétation pour grossir et parvenir à émettre une fleur. On compte en général 7 à 9 ans de la graine à la fleur, d’où l’idée de patience évoquée en introduction. Chaque année, la plante émet des feuilles qui sèchent quand vient l’automne. Le bulbe emmagasine des réserves, grossit au fur et à mesure de ses cycles jusqu’à avoir assez d’énergie pour se reproduire.
Son feuillage est épais, vert profond et brillant. Il se forme en rosette de feuilles, plutôt grandes, qui n’ont en soi rien d’extraordinaire mais avec un certain charme que l’on ne retrouve que rarement.
La floraison est le moment attendu de tous les jardiniers qui le cultivent. C’est une hampe florale qui apparaît au centre de la rosette et monte à une vitesse vertigineuse. En seulement quelques semaines, elle peut culminer jusqu’à 3,50 m de hauteur. Dure et rigide, elle ne casse pas. Les fleurs se forment au sommet de celle-ci sous la forme de grandes trompettes blanches au cœur pourpre d’une vingtaine de centimètres. Elles sont légèrement retombantes, permettant d’admirer toute leur beauté depuis le sol. De plus, elles dégagent un délicieux parfum, surtout le soir après une chaude journée. En effet, c’est entre juin et août que cette floraison arrive à son apogée.
Suivent après l’épanouissement des fleurs, des fruits en forme de grosses capsules qui renferment des centaines de grosses graines. Elles sont noires et entourées d’une membrane brune triangulaire.
1.2. Méthode de reproduction
Le Cardiocrinum est un bulbe monocarpique, c’est à dire qu’il meurt une fois la floraison achevée. Il se reproduit alors de deux façons :
– Par les graines, qui germeront afin de donner de nouveaux petits bulbes
L’option du semis est la plus compliquée car les graines sont très longues à germer. Il n’est pas rare que la germination ne se fasse qu’après un an. De plus, les graines ont besoin de froid pour germer. Il faut donc les semer en terrines remplies de terreau à l’automne. Placez la terrine en extérieur en l’abritant des animaux domestiques ou des oiseaux. Lorsque de jeunes plantules voient le jour, repiquez-les seules en godets.
– Par la formation de jeunes bulbilles au pied du bulbe mère
C’est la méthode la plus simple puisque les jeunes bulbilles sont déjà développées. Il faut alors les prélever en automne afin de les protéger en pot, puis les rentrer sous serre, hors gel pour limiter les pertes car les bulbilles sont plus fragiles au froid lorsqu’ils sont jeunes.
Ce prélèvement est fortement recommandé car il permet d’augmenter le nombre de plants au jardin. De plus, une fois replantés, ils seront nettement plus forts que s’ils s’étaient développés seuls autour de l’ancien pied mère. Dans ces cas-là, les plus faibles se font étouffer par les plus forts.
2. LA PLANTATION
2.1. Où ?
Avant toute chose, il est important de savoir que le Cardiocrinum se cultive exclusivement en pleine terre. La culture en pot est possible lorsqu’il est jeune mais il ne parviendra jamais à fleurir.
Son exposition de prédilection est la mi-ombre, ce qui reproduit au mieux ses conditions d’origine en lisière de forêt. Il redoute les courants d’air et le soleil direct qui peut brûler les feuilles.
En termes de sol, choisissez-le profond, frais, riche, fertile, bien drainé et à tendance légèrement acide, rien que ça !
En cas de doute, la plantation contre un mur exposé à l’Ouest est idéale. Ce dernier protégera les jeunes pousses précoces qui sont sensibles au froid en début de saison.
Ne le plantez jamais seul, il doit toujours être accompagné d’autres plantes.
2.2. Quand ?
Deux périodes sont possibles pour planter le Lys géant de l’Himalaya :
– Le printemps, pour les régions froides ou en cas de sol à tendance lourde
– L’automne, pour les régions plus douces.
2.3. Comment ?
Un travail de fond est indispensable avant d’envisager une quelconque plantation :
– Désherbez la zone où ils seront plantés afin d’éliminer le maximum d’adventices
– Bêchez votre sol en profondeur afin de l’ameublir mais surtout de l’amender. Utilisez pour cela du sable grossier pour le drainage et du terreau de compost pour la fertilité. En terre basique, ajoutez un complément de terre de bruyère afin de faire tendre le pH vers une légère acidité.
– Enterrez le bulbe ou la plantule juste au ras du sol de façon à en apercevoir le haut. S’il était trop enterré, les risques de pourriture seraient alors à redouter.
– Plantez-les à 70 cm les uns des autres de manière à éviter toute concurrence qui ne leur plaît pas vraiment.
– Paillez la surface du sol afin de limiter l’évaporation de l’eau du sol. Utilisez des paillis de préférence organiques qui reproduiront la litière des lisières de forêts. Le Miscanthus, le Chanvre ou le BRF (bois raméal fragmenté) sont de très bonnes solutions.
3. L’ENTRETIEN
3.1. L’arrosage
Le Cardiocrinum est un bulbe qui aime la fraîcheur mais qui, comme beaucoup de bulbes, redoute les sols gorgés d’eau en permanence. Vous pouvez donc arroser mais jamais à l’excès. Faites des apports en cas de nécessité, surtout l’été en complément du paillage pour maintenir un sol frais.
N’utilisez que de l’eau de pluie non calcaire.
3.2. La fertilisation
La fertilisation est une chose importante dans la vie du Cardiocrinum car c’est un bulbe très gourmand. Si vous souhaitez le voir se développer rapidement et ainsi profiter de sa fleur, il est important de lui donner à manger. Tous les ans en sortie d’hiver, épandez au sol un compost bien décomposé recouvert d’un paillage, en veillant à ne pas trop enterrer le bulbe.
En saison, choisissez un fertilisant spécial plantes fleuries, liquide ou solide, riche en Potasse et Phosphore pour un bulbe en pleine santé. Un apport par mois d’avril à octobre en respectant les dosages. Toutes ces réserves accumulées seront garantes d’une floraison encore plus spectaculaire lorsqu’elle se produira.
3.3. La taille et protection
La taille est très limitée, elle ne repose que sur la coupe des feuilles fanées en automne une fois qu’elles ont pris une couleur brune à 100 %. Cette taille vient en amont de la protection du bulbe pour l’hiver. Contrairement à certains bulbes, il ne doit pas être sorti du sol, il faut le protéger directement en place. Couvrez alors le bulbe et le sol autour d’une épaisse couche de feuilles sèches. Elles le protégeront alors du gel et de l’excès d’humidité.
4. LES MALADIES ET RAVAGEURS
Les maladies autres que la pourriture du bulbe en cas d’excès d’humidité sont plutôt rares.
En revanche, il en est tout autre pour les ravageurs qui sont relativement nombreux…
– Les Limaces et Escargots
Ce sont les premiers à pointer le bout de leur nez au printemps. Ils sont très friands des jeunes pousses qui, d’autant plus, sont précoces.
Les solutions : Des granulés appâts à base de Ferramol ainsi qu’un paillis fin permettent d’en venir à bout assez facilement tout en les éloignant.
– Les Campagnols et Mulots
Ils ne s’attaquent quant à eux pas aux feuilles mais directement au bulbe, ce qui est encore plus problématique. Ils en apprécient le goût et peuvent s’en servir de garde-manger pour l’hiver. La protection contre ces derniers est délicate puisqu’on ne peut pas voir leur attaque.
Les solutions : Les bulbes peuvent être protégés directement dans le sol par une cage de grillage à maille fine afin qu’ils ne puissent pas y accéder. Planter des bulbes à action répulsive aux côtés du Cardiocrinum peut être aussi une bonne solution. Les Aulx ont fait leur preuve à ce titre.
– Le Criocère du Lys
Cet insecte orange de petite taille est une véritable plaie lorsqu’il a repéré un Cardiocrinum. Il pond des œufs qui donnent vie à des larves brunes particulièrement voraces. Les attaques de Criocères peuvent défolier complètement un pied et alors l’affaiblir de manière certaine.
Les solutions : La meilleure manière de les éliminer est de les tuer manuellement en passant régulièrement devant. C’est la meilleure façon de prévenir une attaque. Les huiles végétales peuvent aussi être utilisées.
5. LES BONNES ASSOCIATIONS
Nous l’avons vu, le Lys géant de l’Himalaya redoute la concurrence lorsqu’elle est excessive et surtout au niveau du sol. La production d’une couverture foliaire peut naturellement se faire par des arbres du moment qu’ils ne sont pas plantés à leur pied.
La compagnie proche doit se faire par des plantes vivaces aux mêmes exigences d’exposition et de sol. Il faut aussi privilégier les plantes à croissance lente et à faible développement, toujours dans cette optique de limitation de la concurrence. A ce titre, vous pourrez choisir les Epimedium, Hosta, Heuchères, Tiarella, Trillium, Podophyllum ou encore d’autres petits bulbes comme les Crocus, Perce-neige, Muscari ou Erythronium.