PLANTES, Plantes pour le jardin

LE MILDIOU

mildiou

Bien connu des jardiniers qui ont un potager, le Mildiou est une véritable plaie lorsqu’il se déclare sur les cultures concernées. Il s’attaque à différentes plantes et se reconnaît aux taches qu’il forme sur les feuilles contaminées. Comment bien l’identifier ? Comment en venir à bout ? Est-ce une maladie dangereuse ? Voici tout ce qu’il faut connaître sur le mildiou.

1. LA MALADIE

1.1. Description

Le Mildiou est une maladie cryptogamique, c’est à dire qu’elle est causée par un champignon. Si minuscule soit-il, il est morphologiquement similaire aux champignons que nous cueillons à l’automne dans les bois. Il ne se développe pas sur du bois mort en cours de pourrissement, le Mildiou est un parasite qui vit et se reproduit par le biais d’une plante vivante en le contaminant. Scientifiquement, il se nomme Phytophtora infestans.

Lorsque les conditions sont favorables, les spores (organes reproducteurs des champignons) se déplacent par les airs jusqu’à se déposer sur une plante sensible. Il germe alors et vient contaminer les tissus de l’intérieur.

On le reconnaît facilement aux taches noires qui recouvrent le dessus des feuilles. De plus, un feutrage blanc apparaît sur le revers des feuilles. Les taches brunissent ensuite rapidement surtout si les conditions favorables persistent. L’attaque s’étend sur toute la plante et même les fruits finissent par pourrir.

1.2. Les facteurs de développement

Comme pour beaucoup de champignons, les conditions favorables à son développement sont humides et douces. C’est surtout lorsque les températures sont comprises entre 17 et 20 °C que l’infestation est possible. De plus, le facteur humidité est lui aussi important.

Une succession de chaleur humide et d’épisodes pluvieux est un du ‘’pain bénit’’ pour le Mildiou qui peut se propager et se reproduire à loisir.

Il se déplace donc principalement par le vent mais ses spores peuvent également être véhiculés par les animaux ou même le jardinier lui-même lorsqu’il se déplace dans les rangs de culture. Une seule plante contaminée suffit pour voir la maladie coloniser un rang entier.

La saison estivale est certes celle qui est propice au développement du Mildiou mais il ne faut pas croire que l’infestation s’arrête en même temps que la saison de culture. Les spores du champignon restent actifs même l’hiver et peuvent tout à fait demeurer en terre avant de contaminer à nouveau une culture sensible l’année d’après.

2. LES PLANTES SENSIBLES

Le Mildiou peut être mortel et réduire à néant toute une récolte. Ce champignon s’attaque principalement aux plantes de la famille de solanacées mais aussi celle des vitacées.

C’est pour cette raison qu’on le retrouve principalement au potager sur les Tomates, Pommes de terre, Aubergines et donc bien entendu la Vigne en grande culture.

Les variétés hybrides de type F1 montrent une meilleure résistance face au Mildiou mais sans pour autant être totalement immunisées. Ces variétés, souvent stériles, ne peuvent être ressemées l’année suivante… à vous de juger de la solution qui vous convient le mieux.

3. LES MÉTHODES DE LUTTE

Même si cette maladie peut détruire une récolte, elle n’en est pas pour autant très difficile à combattre. Différents moyens de lutte existent, qu’ils soient préventifs ou curatifs.

3.1. La lutte préventive

Les moyens de lutte préventive sont avant tout une question de bonnes pratiques du jardinier. Faire en sorte que la maladie ait du mal à s’installer et à se propager est l’une des clés du succès.

Planter aéré

C’est la première chose à faire avant même de débuter le potager au printemps. Des plantes trop serrées et l’air ne passe plus correctement. Un jardin où règne une mauvaise ventilation avec une humidité ambiante qui stagne est le paradis du champignon.

Les rotations de culture

Nous l’avons vu, les spores du Mildiou se conservent dans le sol durant l’hiver, prêt à recontaminer une culture dès le printemps suivant. Faites tourner vos cultures d’une année à l’autre pour rendre cette propagation plus compliquée voire nulle.

Éloigner les sensibles

Même si cela coule de source, évitez de planter les cultures sensibles les unes à côté des autres. Réunir les pommes de terre et les tomates à côté de votre pied de vigne serait l’une des plus mauvaises idées à mettre en place. Au contraire, espacez-les le plus possible même si vous n’avez jamais eu d’attaque de Mildiou.

Arroser comme il faut

Les cultures comme la tomate ont besoin de beaucoup d’eau pour produire de beaux fruits et être en bonne santé générale. Afin de ne pas recréer les conditions idéales pour le Mildiou, arrosez de préférence le matin à la fraîche plutôt que le soir ou dans la journée. De même, ne mouillez jamais le feuillage volontairement, ce serait une porte ouverte à la germination des spores. Dans cette même optique, planter les tomates sous serre peut s’avérer être la solution idéale anti-mildiou.

Les plantes compagnes

Il existe des plantes qui ont une action bénéfique sur les autres. C’est le cas de la Bardane contre le Mildiou. Cette plante a un effet stimulant sur celles qui l’entourent et les rende naturellement plus résistantes aux éventuelles percées du champignon. On peut également l’utiliser en pulvérisation sous forme de purin.

La recette : 1 kg de plante (feuille et racines) à laisser macérer dans 10 litres d’eau pendant 5 à 6 jours. Filtrez la solution obtenue et diluez-là à 5 % pour l’utiliser en pulvérisation.

3.2. La lutte curative

La lutte curative est plus destiner à limiter les dégâts si les symptômes sont déjà là. Les traitements fongicides chimiques sont maintenant interdits pour les jardiniers particuliers qui n’ont plus accès qu’au biocontrôle. Le simple fait de mettre en pratiques les techniques préventives permet déjà de réduire énormément les risques de contamination.

Si toutefois la maladie se déclare, agissez comme vous l’auriez fait en préventif avec le purin de Bardane, mais aussi en suivant les conseils ci-dessous :

La taille des parties contaminées

La première chose à faire lorsque vous observez un attaque de Mildiou est de tailler les parties atteintes avec un sécateur que vous prendrez soin de désinfecter juste après. Évitez de mettre les déchets de taille sur votre tas de compost qui s’en trouverait alors contaminé. La seule solution est la destruction par le feu.

L’infusion

Au même titre que le purin de Bardane, l’infusion de Tanaisie montre elle aussi des effets positifs contre les attaques de Mildiou et peut surtout montrer de bons résultats en début d’attaque.

La recette : Faites bouillir un litre d’eau et plongez-y 100 g de fleurs de Tanaisie. Laissez infuser jusqu’à ce que l’eau soit froide et pulvérisez la solution pure.

Le Bicarbonate

Une technique de grand-mère par excellence, le Bicarbonate a de bons effets contre le Mildiou en cas de début d’attaque. Le dosage préconisé est d’une cuillère à soupe pour 1 litre d’eau de pluie absolument car non calcaire.

La Bouillie Bordelaise

Certainement la technique la plus populaire tellement sont utilisation est réputée. Il s’agit d’une solution à base de Cuivre qui peut être utilisée autant en préventif qu’en blocage de développement du champignon.

Dans les deux cas, il est conseillé de traiter durant la période de culture tous les 15 jours et après les pluies. Vous pouvez distancer les traitements surtout s’il fait sec ou que vous n’avez jamais eu de cas.

En cas d’attaque, éliminez évidemment les parties malades et traitez le reste, les spores du champignon auront ainsi une impossibilité à germer et la maladie plus de mal à se développer.

Le délai avant récolte lorsque l’on utilise la Bouillie Bordelaise est de 21 jours.

Cette solution presque miracle fut découverte complètement par hasard, pour la petite histoire :

Tout commença à la fin du 19è siècle lorsque le mildiou (maladie cryptogamique redoutable sur de nombreuses cultures) s’installa en France sur quelques parcelles de vignes. Dès son installation, les scientifiques commencèrent à essayer de chercher une solution à ce problème.

C’est un peu par hasard que le remède tant demandé fût trouvé par un professeur en botanique. Ce dernier s’étonna au cours d’une promenade de la santé irréprochable de certains pieds de vignes le long d’une route du Médoc connu pour ses vins Bordeaux. Il n’hésita pas alors à s’entretenir avec le régisseur du domaine de l’époque sur cette interrogation.

Ce dernier lui expliqua qu’ils épandaient dans cette région une solution de sulfate de cuivre associé à de la chaux de manière à dissuader les voleurs de raisins de s’attaquer à leurs cultures. Sans le savoir, ils inventèrent une solution très efficace contre le mildiou mais aussi beaucoup d’autres maladies cryptogamiques (maladies causées pas un champignon).

C’est ainsi que naquit la recette miracle au nom si populaire de nos jours : la Bouillie Bordelaise.