Tout aussi pénible que le Mildiou, l’Oïdium est la seconde maladie la plus présente que ce soit potager ou au jardin d’ornement. Reconnaissable parmi toutes, ce champignon s’installe et colonise les plantes qu’il contamine avec véhémence. Il se détruit pour autant assez facilement en utilisant les bonnes techniques. Que ce soit préventivement ou curativement, nous allons voir comment éliminer cet indésirable.
1. LA MALADIE
1.1. Description
L’Oïdium est une maladie cryptogamique, c’est à dire qu’elle est causée par un champignon. Il s’agit en fait de plusieurs espèces de champignons qui sont spécifiques à chaque plante qu’ils convoitent mais sont tous des Oïdium. Ils appartiennent tous à la famille des érysiphacées qu’ils soient Erysiphe, Microsphaera, Podospharea ou encore Spaerotheca pour ne citer qu’eux. Plus petits que les champignons que l’on trouve dans les forêts, l’Oïdium est un parasite, c’est à dire qu’il s’installe sur une plante saine et la contamine en se nourrissant de son énergie. Il ne sert pas a décomposer du bois mort comme pour la plupart des autres champignons, il agit comme le fait le Mildiou, l’Anthracnose ou encore l’Entomosporiose.
Lorsqu’il se déclare, ce champignon se reconnaît très facilement car il ne ressemble à aucun autre. Son aspect de feutrage blanc qui recouvre dans un premier temps quelques parties de la feuille en petites zones ; c’est un peu comme-ci l’on avait saupoudré de la craie. Rapidement, les zones s’étendent jusqu’à en recouvrir toute les feuilles, puis les tiges, les fruits et bientôt la plante entière si aucune intervention n’est faite par le jardinier.
Il se reproduit comme tout champignon à l’aide de spores, les « graines » des champignons. Ces derniers sont disséminés principalement par le vent ou par le jardinier. Une taille d’une plante contaminée puis d’une autre saine sans désinfecter l’outil de taille est une porte d’entrée grande ouverte au champignon. Frôler ou secouer une plante atteinte revient aussi à donner de l’élan aux spores qui n’auront plus qu’à se déposer un peu plus loin.
1.2. Les facteurs de développement
L’humidité et la douceur sont les deux principaux facteurs de développement d’une maladie cryptogamique. C’est pourquoi on voit apparaître l’Oïdium à partir du mois d’avril lorsque la douceur s’installe accompagnée d’une humidité ambiance encore largement présente. En été il fait son apparition au potager après une période chaude associé à des conditions orageuses. Il est toujours présent en automne lorsque les nuits sont plus longues et que l’humidité revient.
Vous l’aurez compris, l’Oïdium est quasiment présent toute l’année. De plus, ces facteurs aggravants ne sont qu’aggravants puisque ce champignon peut aussi continuer son développement par temps sec, ce qui le rend vraiment difficile à voir venir.
Il s’attaque principalement aux plantes ayant subi un stress, qu’il soit hydrique, calorique ou après une taille.
2. LES PLANTES SENSIBLES
La palette végétale touchée par l’Oïdium est très large puisqu’il touche autant des plantes vivaces que des légumes ou des petits arbustes à fruits. Les plantes ligneuses, arbustes ou arbres sont elles aussi attaquées mais lorsque c’est le cas, cette maladie n’est pas mortelles, juste disgracieuse.
Au jardin d’ornement, les plus sensibles sont les Asters, Dahlias, Lupins, Rosiers, Chênes ou Érables.
Au potager, les courgettes et autres cucurbitacées sont très rarement épargnés surtout en fin de saison où il n’est pas rare de voir leurs feuilles devenir totalement blanches. Les Pois, Tomates et Salades sont malheureusement eux aussi concernés.
Au verger, les choses ne sont guère mieux en retrouvant dans le palmarès des plus sensibles la Vigne et la Pomme.
Bien d’autres espèces peuvent être attaquées et chacune par un champignon spécifique que l’on trouve parmi la grande catégorie des Oïdium.
3. LES MÉTHODES DE LUTTE
Depuis janvier 2019, la lutte chimique avec des produits phytosanitaires de synthèse est interdite pour le jardinier amateur. C’est pourquoi, il est important de connaître et de mettre en pratique des techniques préventives basées sur des produits naturels, des moyens mécaniques, de bonnes pratiques mais aussi des renforcement de défenses immunitaires des plantes. Parmi tous ces moyens, voici les plus connus et surtout les plus efficaces.
3.1. La lutte préventive
La lutte préventive regroupe toutes les techniques qu’il est possible de mettre en place afin d’anticiper une éventuellement installation du champignon. Ce sont des techniques à mettre en œuvre surtout pour la culture des plantes à risque ou si l’Oïdium s’était déjà installé les années précédentes.
La distanciation et les tailles préventives
Éloigner les plantes les unes des autres est la première solution à mettre en place pour éviter les contaminations. Rappelons-le, les champignons qui font partie de l’Oïdium de manière globales sont spécifiques à chaque espèce. C’est pourquoi un Oïdium de Vigne ne contaminera pas un pied de Courgette. Ce qu’il faut espacer ne sont donc pas les espèces différentes mais bel et bien les mêmes variétés entre elles. Si vous plantez des cucurbitacées par exemple, installez-les le plus largement possible çà et là dans le potager. Idem pour les Vignes palissées, ne les plantez pas toutes ensemble, mais intercalez d’autres plantes fruitières.
L’arrosage
Il a un rôle indispensable à jouer surtout auprès des cultures potagères. Cependant, il encourage l’humidité ambiante autour de la plante qui peut faciliter la germination des spores du champignon. C’est pour cette raison qu’il est préconisé d’arroser le matin. C’est à ce moment de la journée que la plante capte le mieux l’eau au niveau racinaire et l’air deviendra rapidement sec en journée, vous alliez ainsi efficacité et diminution du risque.
Les rotations de culture
Nous l’avons vu, les spores de l’Oïdium se conservent dans le sol durant l’hiver, prêt à recontaminer une culture dès le printemps suivant. Faites tourner vos cultures potagères d’une année à l’autre pour rendre cette propagation plus compliquée voire nulle. Pour celles qui restent en place, redoublez de vigilance en ramassant les feuilles à l’automne pour les brûler. Tous les déchets de taille ou ramassés au sol doivent être brûlés et surtout pas mis sur le tas de compost ce qui le contaminerai avec les spores.
L’Azote
L’Oïdium s’attaque toujours en premier aux feuilles les plus tendres sur lesquelles les spores ont une plus grande facilité à pénétrer. Étant donné que les engrais azotés favorisent la croissance en feuillage, il faut éviter d’en épandre en trop grosse quantité aux pieds des plantes sensibles.
La décoction de Prêle
C’est un traitement naturel à base de plantes. Les molécules qui composent les décoctions sont extraient des plantes par la chaleur.
Pour la Prêle, la décoction s’utilise en préventif dans le but d’améliorer les défenses immunitaires de la plantes et ainsi la rendre plus résistante au Champignon.
La recette : coupez la prêle puis laissez-la sécher après la récolte. Mélangez 100 g de plante sèche par litre d’eau puis portez le tout à ébullition pendant 20 min. Couvrez ensuite, laissez refroidir la solution puis filtrez-la. Diluez enfin à 20 % avec de l’eau pour pulvériser.
3.2. La lutte curative
Les alternatives aux produits phytosanitaires existent en lutte curatives mais n’agissent malheureusement pas si la maladie est déjà trop étendue. Que ce soit pour le Soufre, le Lait ou le Bicarbonate de soude, ils n’élimineront l’Oïdium que si seulement 15 % de la feuille est atteinte. Au-delà, leur effet sera simplement une stabilisation du champignon en limitant sa progression, d’où l’importance cruciale des techniques préventives en amont.
La taille des parties contaminées
Avant d’envisager n’importe quel traitement, coupez les parties atteintes et surtout celles très atteintes. C’est l’une des bases la lutte contre ce champignon. Coupez les feuilles ou les tiges en atteignant une partie saine et en prenant soin de bien désinfecter votre sécateur après intervention.
Ceci est un gage de sécurité pour ne pas transmettre le champignon à l’avenir à cause de l’outil souillé.
Le Soufre
Le Soufre micronisé est connu depuis longtemps pour ses propriétés désinfectantes et fongicides. Le dosage peut varier selon le producteur et la concentration mais il vous faut absolument respecter le dosage pour ne pas brûler les feuilles. Traitez de préférence le matin ou le soir mais jamais s’il fait trop chaud ou en plein après-midi.
Il peut donc être utilisé en curatif si l’attaque est faible et son emploi est très efficace en préventif.
En cas de traitement sur une plantes avec des fruits presque mûrs, respectez un délai avant récolte de 6 jours et lavez les fruits avant de les consommer.
Le lait
Plus orienté technique de grand-mère, le lait est lui aussi connu pour ses vertus fongicides. Préférez le lait écrémé qui dégagera moins d’odeur que le lait entier après la pulvérisation. Ne l’utilisez pas pur mais dilué à 10 %, par temps sec et pas non plus en pleine journée. La pulvérisation se fait en brouillard non seulement sur les parties contaminées mais aussi sur les parties saines pour le côté préventif : vous ferez d’une pierre deux coups.
Le bicarbonate de soude
Là encore, le Bicarbonate de soude est le produit multi tâche que l’on peut utiliser autant dans les tâches ménagères que les traitements fongicides. Il s’utilise en pulvérisation selon les mêmes critères que le lait ou le soufre mais en respectant une recette différente.
La recette : 1 cuillère à café pour 1 litre d’eau. Associez le mélange à un mouillant qui stabilisera le produit sur la feuille pour une meilleure action. Choisissez l’huile d’olive à raison de 3 cuillères à café. Respectez avec précaution cette recette sans quoi vous risqueriez de brûler les feuilles.