Terme anglophone, tout comme l’origine de cette technique, les mixed border se traduisent littéralement par « bordures mélangées ». Typique et très courant dans les jardins à l’anglaise, un mixed border met en valeur les plantes qui le compose, tel un tableau haut en couleur.
1. DÉFINITION
Reprenons la traduction française afin de mieux comprendre, la bordure mélangée. Dans un jardin, une bordure est définie comme une délimitation d’une largeur variable permettant d’assurer une transition le plus souvent entre un espace planté et une surface où il est possible de circuler (gazon, allée, terrasse, etc.)
Les véritables mixed border sont composés d’une bande enherbée centrale et d’une bordure de plusieurs mètres de profondeur de part et d’autre. Une multitude d’espèces y sont plantées en tâches, en harmonisant les couleurs, les hauteurs, et les contrastes.
De manière générale, le jardin Anglais reflète le plus possible une vision naturelle du jardin avec une dominance de courbes et de formes libres, comme la nature pourrait le faire sans intervention de l’homme. Le mixed border reflète cette image dans la manière d’installer les plantes dans la bordure.
Toutefois, une différence marquante vient dans l’aspect rectiligne et contrôlé de la bande centrale. Une parfaite harmonie s’éloignant un peu des courbes habituelles mais pour autant avec un charme incontestable.
2. LA MISE EN PLACE
2.1. Quel espace ?
Pour être réussie, la place dédiée à un mixed border doit être relativement conséquente. Ce type de paysagisme peut difficilement s’intégrer dans les petits jardins.
La bande enherbée et circulaire doit être au moins égale à la largeur de chaque massif de part et d’autre pour un souci d’équilibre et de rendu. Comptez au minimum 2,5 à 3 m sans quoi le choix végétal à planter par la suite sera fortement réduit.
Pour un exemple de 3 m, nous avons donc deux zones de plantation de 3 m chacune, une bande centrale elle aussi de 3 m plus un bon mètre de ligne de fond (détaillé ci-après) soit une largeur totale de 11 mètres pour un visuel agréable.
Quant à la longueur, elle doit suivre une logique de profondeur pour ne pas concevoir de « cube » Notez au moins 2 fois la largeur de l’espace créé … voir plus.
À savoir : l’application du mixed border est applicable pour un massif d’un seul côté, la symétrie n’est pas obligatoire, si vous souhaitez adapter cette scène seulement sur un côté du jardin.
2.2. Quel sol et quelle exposition ?
Pour afficher une gamme de plantes la plus large possible, une exposition ensoleillée est recommandée dans un sol riche, profond et filtrant. Tout ceci associé à un faible vent et vous avez toutes les conditions idéales de culture pour bien des espèces.
Toutefois, il est rare d’avoir tout cela de réuni, la recette miracle n’existe pas. Faites donc votre choix en fonction des conditions qui sont disponibles dans votre jardin. Tout le travail de réflexion doit se faire en amont en prenant le temps de bien étudier le sol et l’emplacement pour ne pas choisir les mauvaises essences.
Là est toute la magie du monde végétal, pouvoir toujours trouver chaussure à son pied peu importe les caractéristiques environnementales.
2.3. Quelles organisation et quelles plantes ?
Le mixed border en termes de palette végétale est très large. Nous l’avons vu, la première chose à déterminer est la surface disponible, l’exposition et la nature de votre sol. Une fois tout cela défini, vous pourrez choisir votre gamme de plantes.
Il faut savoir que dans ce type d’aménagement, il n’y a pas de règles définies sur le type de plantes au-delà de la forme globale du massif.
Il s’organise bien souvent en trois points :
La première ligne
Il s’agit de l’avant de la bordure, en première ligne de mire. On doit alors y rencontrer des plantes vivaces basses ou des petits arbustes couvrent sol ne dépassant pas les 20 cm de hauteur. Pas obligatoirement plantés en rang d’oignons, des courbes en groupement peuvent se prolonger jusqu’en intérieur de la plate-bande, aux pieds des secondes lignes. On peut naturellement y retrouver en plantes vivaces, Alchemilles, Aspérules, Capanules rampantes, Lysimaques couvre sol, Aubriètes, Helianthèmes ou autres Géraniums vivaces.
Chez les arbustes, choisissez parmi les Cotoneaster rampants, Fusains du Japon, Genévriers couvre sol ou autres buissons aromatiques comme les Romarins rampants, Santolines ou Thym.
Le second plan
C’est là où toute la richesse végétale s’exprime en suivant bien entendu la largeur de plantation disponible. Il est important de garder en tête que dans un mixed border, chaque plante doit pouvoir s’exprimer. Tenez compte du volume adulte que chacune peut occuper. Une prédominance de plantes vivaces herbacées et de graminées est conseillée même si quelques arbustes peuvent ponctuer la scène çà et là. Ils doivent être compacts et ne pas devenir trop imposant comme les Caryopteris, Spirées, Abelias, Perovskia, Céanothes, Lavandes ou autres Rosiers. Toujours dans une optique de longue floraison et d’un port gracieux, non imposant.
Du côté des plantes vivaces, faites-vous plaisir parmi la gamme complète. Il n’y a pas de restriction en ce qui concerne leur volume, juste à tenir compte de la densité pour ne pas transformer votre mixed border en capharnaüm. Les plus courantes vont être les Sauges, Rudbeckias, Aster, Gaura, Persicaire, Nepeta, Phlox ou autres Verveines.
Les graminées prennent place entre deux avec les Miscanthus ou Panics pour les plus hautes ainsi que la gamme complète des Stipes, Herbes aux écouvillons, Imperata et autres Fétuques. C’est réellement dans cette seconde ligne que toutes les folies variétales peuvent s’exprimer.
Les bulbeuses et plantes annuelles peuvent aussi rejoindre la ronde. Les premières seront plantées entre les vivaces, réparties selon leur hauteur et leur époque de floraison, pour ne pas se faire étouffer. Les secondes pourront compléter les quelques trous disponibles en assurant une floraison encore plus abondante.
Variez toujours les hauteurs, les formes et les silhouettes au sein de ce second plan.
La ligne de fond
Le mixed border n’est pas souvent composé d’arbres ou de grands arbustes, mais pour autant sa forme faisant penser à un patio, est relativement bien abritée des regards. Ceci est possible justement grâce à une ligne de fond en haie rectiligne. C’est un peu comme une projection de la bande , mais sur le fond. Un dernier plan pour mettre en valeur avec brio tout le choix variétal en avant. De ce fait, nul besoin de choisir des espèces hautes en couleur, le but est de créer un fond taillé au carré. Choisissez parmi les Ifs, Chalefs, Photinias, Lauriers ou Osmanthes pour ne citer qu’eux.
2.4. Quelles couleurs ?
Après avoir dégrossi le choix végétal qu’il est possible de planter, vous pourrez réfléchir à la façon dont vous voulez composer votre tableau en termes de coloris. Les goûts et les couleurs peuvent alors s’exprimer à loisir et chaque jardinier aura sa propre idée de la question.
Quand certains préfèrent les thèmes de couleur avec une couleur unique de floraison, mais différentes textures, d’autres y verront un véritable arc en ciel de couleur. Les mixed border plantés en camaïeu de couleurs sont remarquables.
Certaines associations sont plus contrastantes que d’autres. Par exemple, le bleu et le jaune, le rouge et vert, l’orange et le violet. Ces mélanges donnent de jolis contrastes, mais mieux vaut les planter par touche, car une dominance de deux couleurs pourrait rapidement devenir lassant.
À savoir que 2 groupes de couleurs se dégagent :
– Les couleurs froides (bleu, rose, blanc). Elles donnent de la perspective et de la profondeur tout en adoucissant le rendu. Elles agrandissent l’espace de manière générale.
– Les couleurs chaudes (rouge, jaune, orange). Elles attirent l’œil, rapprochent et rapetissent les scènes mais les réchauffent.
Le blanc peut être ajouté à volonté, il s’accorde avec tout et permet de mettre en valeur les autres floraisons tout en limitant une présence trop forte et « agressive » des couleurs.
3. L’ENTRETIEN DU MIXED BORDER
3.1. Le paillage
Un mixed border n’est pas un massif particulièrement simple d’entretien et ceci pour la simple et bonne raison que la quantité d’espèces différentes peut rapidement devenir importante.
La première chose à faire, une fois la plantation terminée, est l’étalage d’un paillis au sol. De préférence organique pour ce style, choisissez celui qui vous plaît le plus entre les paillis de Chanvre, Miscanthus, Coco, Cacao, etc.
3.2. L’arrosage
L’arrosage doit être suivi avec vigilance la première année qui suit la plantation surtout si cette dernière s’est déroulée au printemps. Un tour régulier permet de cibler d’un simple coup d’œil une plante commençant à montrer des signes de soif.
3.3. La fertilisation
Indiscutable, une fertilisation annuelle doit être faite au sein de votre mixed border. Avec une dominance de plantes vivaces, elles sont gourmandes en raison de leur floraison souvent abondante. Rien de plus simple que la fertilisation. Pour ce faire, choisissez un fertilisant organique complet en granulés que vous épandrez à la volée chaque année en sortie d’hiver. Conçus pour se dégrader sur plusieurs mois, ces bouchons organiques apportent une source importante de minéraux et de nutriments à toutes vos plantes. Elle vous le rendrons bien en affichant une floraison abondante et une santé de fer toute l’année.
3.4. La taille
Sans doute l’étape la plus redoutée des jardiniers en raison de la multitude de tailles possibles au jardin.
Chez les arbustes de la ligne du fond, le but n’est pas de les voir fleurir mais simplement de créer un fond. Une à deux tailles d’entretien par an au carré est donc envisagée en évitant l’été. Les mois de juin et d’octobre sont parfaits.
Chez les arbustes dans la seconde ligne, ceci va dépendre des espèces. Pour les structurés ayant une faible croissance ou un port naturellement agréable, seuls des tailles de bois morts ou de branches abîmées sont nécessaires.
Pour les autres avec une floraison plus abondante et une forme plus que classique, taillez toujours après floraison, ainsi vous ne pourrez pas vous tromper en éliminant sans le vouloir la floraison de l’année. Évitez les formes rondes, carrées ou « artificielles ». Gardez le plus possible le port naturel en coupant au sécateur ou à la cisaille mais en évitant les tailles haies.
Chez les plantes vivaces, on distingue deux grandes catégories :
– Les persistantes.
Elles gardent leurs feuilles l’hiver puis, les renouvellent le printemps suivant sans jamais être à nu. Une simple taille des fleurs fanées suffit à conserver leur éclat en saison. En sortie d’hiver, supprimez les feuilles mortes au profit des nouvelles. Un travail manuel se faisant évidemment au sécateur.
– Les caduques.
Elles sèchent quand vient l’hiver puis disparaissent durant toute la période en ne conservant que leurs souches et leurs systèmes racinaires endormis. Rien de plus simple quant à leur taille. Coupez l’ensemble de la plante en sortie d’hiver avant que les nouvelles pousses n’arrivent. Garder la touffe sèche pendant l’hiver n’est pas très esthétique, mais permet de protéger la souche du gel pour une reprise de végétation plus rapide et forte au printemps. Si vous souhaitez nettoyer avant l’hiver, épandez alors une bonne couche de paillage une fois les tailles terminées pour obtenir cet effet protecteur.
Chez les graminées, le conseil est le même que chez les vivaces. Les caduques seront rasées avant leur reprise végétative mais il y a une petite variante pour les persistantes. Ne vous embêtez pas à tailler, vous ferez plus de mal que de bien. Contentez-vous de les peigner avec vos mains, les feuilles fanées viendront d’elles-même sans abîmer la plante.
Vous savez à présent tout sur le mixed border, une création au jardin plus que remarquable et peu démocratisée en France … À vous de jouer !