De plus en plus en péril, la culture du Buis en France est menacée. Cet arbuste, pourtant phare dans nos jardins à la française depuis des siècles, est mis en danger par un ravageur ainsi qu’une maladie. L’utilisation de produits phytosanitaires pouvant résoudre cette problématique est très encadrée et bon nombre de matières actives ont été interdites pour un autre usage que celui professionnel. Les alternatives au Buis, notamment lorsqu’ils sont taillés, peuvent se trouver dans d’autres genres d’arbustes. Ils auront bien sûr quelques caractéristiques différentes, mais pourront s’en rapprocher au plus près.
1. LES RAVAGEURS DU BUIS
1.1. La Pyrale du Buis
Il s’agit d’un papillon dont les chenilles sont particulièrement défoliatrices. Cette espèce est originaire des régions tropicales d’Asie. Elle aurait été introduite en Europe par erreur lors de l’importation de Buis chinois. Depuis, il a presque colonisé entièrement la France, son passage est redouté et redoutable.
Les chenilles dévorent le Buis des feuilles aux bourgeons et jusqu’à l’écorce. Après leur passage, le Buis peut reverdir péniblement, mais c’est bien souvent le dessèchement, puis la mort. On les reconnaît à leur couleur vert clair et leur trait noir sur le dos. Les Papillons sont quant à eux blancs avec une bordure marron tout autour de leurs ailes.
N’ayant pas de prédateurs naturels, il est compliqué de les éradiquer, d’autant que plusieurs cycles peuvent voir le jour, durant l’année. La meilleure des solutions est d’utiliser des pièges à phéromones pour repérer la présence de mâles adultes qui se feraient coller dans le piège. Un traitement de vos Buis à l’aide de Bacille de Thuringe est nécessaire pour empoisonner les éventuelles chenilles.
1.2. Le Dépérissement du Buis
Aussi connu sous le nom de Calonectria pseudonaviculata, il s’agit d’un champignon classé dans les maladies cryptogamiques. Il se développe surtout lorsque les températures se trouvent entre 18 et 25°C et que les conditions sont humides, peu ventilées et ombragées.
On le reconnaît à l’apparition de tâches arrondies sur les feuilles, qui s’étendent rapidement jusqu’à en recouvrir complètement la feuille. Les rameaux s’ouvrent sur le sens de la longueur, marqués de noir. La propagation s’étend très vite et sur des rameaux complets. L’ensemble de la plante n’est pas nécessairement atteinte, mais elle le deviendra si rien n’est fait.
Malheureusement, les moyens de lutte sont pour ainsi dire inexistants. Au même titre que les insecticides pour lutter contre la Pyrale, les fongicides que nécessiteraient le dépérissement sont interdits à un usage particulier. La seule solution demeure dans la taille des rameaux infectés en dessous d’une partie malade et à l’aide d’un sécateur préalablement désinfecté.
De manière préventive, évitez les conditions propices au développement du champignon et supprimez les sujets malades avant qu’ils ne contaminent les autres. Le ramassage des débris de taille est aussi fortement recommandé même lorsque les Buis sont sains.
2. LES ESPÈCES ALTERNATIVES
EUONYMUS JAPONICUS ‘BENKOMASAKI’
Hauteur x Largeur : 1.50 m x 1 m
Exposition : ensoleillée à mi-ombragée
Sol : frais, riche et drainant
Chez les Fusains du Japon, il existe plusieurs cultivars faisant office d’alternative aux Buis. Les plus fantaisistes se tourneront vers des feuillages panachés, mais pour les puristes, ‘benkomasaki’ est idéal car très dense et avec un port colonnaire. Sa forme lui permet d’être utilisé à la vertical, dans de petites haies linéaires ou bien même en cône avec une taille suivie. Ses feuilles sont vertes, brillantes et persistantes. La floraison est insignifiante tout comme le Buis taillé. Il résiste très bien en pot comme en pleine terre et n’est attaqué que rarement par les Cochenilles, insectes faciles à éradiquer. Sa tolérance à la pollution et aux embruns est aussi excellente, faisant de lui une merveilleuse alternative pour les jardins urbains ou littoraux. Enfin, il pousse très lentement, un atout supplémentaire dans un désir de nanification par la taille.
ILEX CRENATA
Hauteur x Largeur : 1.50 m x 1.50 m
Exposition : mi-ombragée, abritée des courants d’air. Pas de soleil brûlant
Sol : frais, profond et drainant, redoute l’eau stagnante ou les sols asphyxiants
Voici une espèce de Houx dont les feuilles ressemblent presque comme deux gouttes d’eau à nos chers Buis. Un jardinier non averti aura de grandes chances de les confondre si on ne regardait que la feuille. Le Houx crenata est la plus grande alternative aux Buis pour les formes taillées en nuages. Il se conduit facilement, pousse plus vite et ne craint pas les maladies. Sa faiblesse viendrait de son exigence en termes de sol et du fait qu’il n’aime pas être transplanté. Les Houx sont des arbustes dont les racines pivotantes n’aiment pas être touchées. La reprise peut donc prendre plus de temps que le nécessiterait un Buis. Il supporte très bien la taille, sans qu’elle ne soit trop brutale et résiste à des températures de 15°C. De par ses souhaits de sols et d’expositions, plantez-le en compagnie des plantes du jardin japonais (Erables, Camelias, Azalées, etc…)
LIGUSTRUM DELAVAYANUM
Hauteur x Largeur : variable selon la hauteur de greffe de sur la tige et la taille donnée
Exposition : ensoleillée à mi-ombragée
Sol : tous types de sols frais
Voici une espèce de Troène elle-aussi largement utilisée dans l’art topiaire, surtout dans la conception de boules sur tiges. Il s’agit de l’une des plantes qui tolère le mieux la taille, même lorsqu’il s’agit d’une taille de rabattage. Préférez une taille printanière ou de fin d’été si vous ne voulez pas anéantir la floraison. Ses petites feuilles vertes sont semi persistantes, c’est-à-dire qu’une partie du feuillage pourra tomber en cas de gel inférieur à -5°C sans pour autant porter atteinte à la ramure. Celle-ci se produit l’été par de petites grappes de fleurs blanches, légèrement parfumées. Suivent des baies noires décoratives jusqu’en hiver très appréciées des oiseaux du jardin. Sa seule faiblesse viendrait peut-être de sa rusticité à -12°C bien qu’on puisse l’adapter tout de même dans la plupart des régions.
LONICERA NITIDA ‘GREEN BREEZE’
Hauteur x Largeur : 1 m x 1 m
Exposition : toutes expositions
Sol : tous types de sols riches
Le Chèvrefeuille arbustif à feuilles de Buis est une espèce à croissance très rapide pour la forme type. Il peut nécessiter jusqu’à 3 tailles par an, lorsqu’on l’utilise en haie plus ou moins haute, si l’on veut une forme soignée. ‘green breeze’ est un cultivar récent qui pousse naturellement en boule et avec une croissance plus modérée. Ses petites feuilles vertes sont parfois nuancées de reflets plus clairs. Cet arbuste est très rustique et tolère pratiquement tout, en étant insensible aux maladies. Il est possible de le cultiver en pot en le nourrissant suffisamment, une croissance généreuse est signe d’un grand besoin en minéraux. C’est sans doute l’une des meilleures alternatives aux Buis boules pour sa résistance, sa facilité et sa ressemblance.
MYRTUS COMMUNIS ‘TARENTINA’
Hauteur x Largeur : 1.50 m x 1.20 m
Exposition : toutes expositions
Sol : tous types de sols riches
Cette petite Myrte est très peu présente en jardinerie, car encore trop peu connue malgré ses avantages. C’est un petit buisson persistant aux feuilles vertes foncées et coriaces. Elles sont aussi légèrement parfumées au froissement. Elle pousse de manière relativement dense et supporte très bien la taille lorsqu’on l’effectue en avril ou en octobre. Contrairement au Buis, sa floraison estivale est bien visible, car composée de belles fleurs blanches aux dizaines d’étamines jaunes d’or. Des fruits noirs bleutés peuvent parfois suivre, on les utilise en cuisine ou pour la production de liqueurs. Cette plante est rustique jusqu’à -12°C, surtout en sol drainant. C’est pourquoi, on la réserve aux jardins chauds et secs bien qu’il s’acclimate aussi très bien dans des ambiances plus fraîches. Lorsqu’elle souffre du froid, son feuillage peut brunir mais la végétation reprendra de la base. Myrtus communis ‘tarentina’ n’est pas sensibles aux maladies ou ravageurs.
OSMANTHUS X BURKWOODII
Hauteur x Largeur : 3 m x 3 m
Exposition : ensoleillée à mi-ombragée
Sol : drainant, léger et riche
L’Osmanthe est un arbuste aux petites feuilles persistantes, particulièrement rustique. Laissé libre, sa ramure est très aérée, presque éparse et érigée, elle ne s’élargit qu’avec l’âge ou par la taille. De par sa taille, on réserve l’Osmanthe pour les formes topiaires les plus grandes. Elles se limitent souvent aux boules ou en cônes, en suivant la taille deux fois par an lors de la phase de formation. La floraison est un sérieux atout supplémentaire dans le choix de cette essence. Ce sont des petites fleurs blanches regroupées en bouquets particulièrement parfumées. Les fragrances de Jasmin qu’elles dégagent sont envoûtantes chaque année vers avril-mai. Utilisez-le dans un lieu de passage pour en profiter au mieux. Vous pourrez l’utiliser en bac sur une terrasse ou sur un balcon comme arbuste brise-vue et brise-vent. Il supporte très bien la plantation en pot. Lui aussi ne souffre d’aucune maladie, il n’est sensible qu’aux Ornithorynques, un petit coléoptère noir qui grignote les feuilles, alors que ses larves s’attaquent aux racines. Les attaques ne sont toutefois que rarement mortelles.
PITTOSPORUM TENUIFOLIUM ‘GOLF BALL’
Hauteur x Largeur : 80 cm x 80 cm
Exposition : plein soleil à l’abri des vents froids
Sol : sec à frais et riche
Le Pittosporum est une variante du Buis, pour les jardins doux ou bien en pot. En effet, sa tolérance au froid est de 10°C, s’il perd son feuillage, il est mort. On reconnaît le Pittosporum à ses feuilles luisantes, de différents camaïeux de vert et légèrement ondulées sur le pourtour. Ses branches sont fines et noires, assurant un somptueux contraste avec le feuillage. Ce cultivar pousse naturellement en boule et peut être taillé avec un peu de précaution tout de même. Ne le rabattez pas trop fortement, le Pittosporum est une plante qui n’aime pas ça. Sans taille, il prendra sa forme adulte arrondie, esthétique de par nature. La floraison se produit en mai/juin par de petites clochettes rouges et noires, qui se mêlent au cœur des feuilles. Elles sont discrètes, mais finement parfumées lorsque l’on s’y penche d’un peu plus près. Réservez-le tout comme la Myrte aux jardins secs, aux rocailles ou aux ambiances baignées par le soleil.
PRUNUS LUSITANICA ‘MYRTIFOLIA’
Hauteur x Largeur : 3 m x 1.50 m
Exposition : ensoleillée à mi-ombragée
Sol : profond, fertile, sec à frais
Le Laurier du Portugal n’est pas particulièrement proche du Buis en ce qui concerne la forme de ses feuilles. Beaucoup plus grandes, elles sont ovales, en pointes au bout, vertes et brillantes. Ce cultivar se reconnaît à son port pyramidal, n’ayant rien à envier aux plus belles pyramides de Buis. Le gros point fort de cet arbuste est sa taille permettant la formation de belles verticales dont la croissance sera nettement plus rapide que le Buis. La floraison en panicule blanche se produit au printemps et précède de petites baies vertes, puis presque noires en automne. Elles seront consommées par les oiseaux du jardin. Réservez-le à la pleine terre en raison de son développement, il n’en sera que plus beau. Le Laurier du Portugal est particulièrement résistant à la sécheresse, un atout de plus dans bon nombre de régions de France.
TAXUS BACCATA
Hauteur x Largeur : variable selon la forme donnée
Exposition : toutes expositions
Sol : acide mais ordinaire
Le dernier participant à cette liste alternative est un conifère. Nous sommes donc très loin d’une quelconque ressemblance avec le Buis. Les aiguilles ramifiées de part et d’autre d’une tige n’ont rien de similaire aux feuilles du Buis. Le seul point commun viendrait de leur persistance mutuelle. L’If est un incontournable de l’art topiaire, souvent utilisé pour les plus grosses formes qui correspondent mieux à ses proportions naturelles. En cône, en boule, sur tige ou en nuage, il y en aura pour tous les goûts. Avec une incroyable résistance et durabilité, seule une atteinte du système racinaire peut nuire à un If. Le point négatif viendrait de sa croissance très lente et du coût associé, nettement supérieur à la plupart des plantes de cette liste. L’If est un conifère qui supporte très bien la taille même lorsqu’elle est réalisée dans le bois dépourvu d’aiguilles. Une précaution est à connaître tout de même, car toutes les parties de ce conifère sont toxiques à l’exception de la drupe rouge de son fruits (le noyau est aussi toxique).