Plantes tubéreuses d’hiver par excellence, les Cyclamen se déclinent dans des nuances pastelles à des couleurs plus vives, pour le plus grand plaisir du jardinier. Ils s’enflamment au moment où les couleurs du jardin s’atténuent, semaine après semaine. C’est avec beaucoup de tendresse et de grâce qu’ils entrent en floraison durant de longs mois, si on sait associer les variétés.
1. DESCRIPTION
Originaires des zones boisées et des forêts humides d’Europe ou des maquis méditerranéens, on rencontre les Cyclamen dans bon nombre de régions. Les variétés sont nombreuses et leurs habitats peuvent donc varier, tout comme leur rusticité. Ils appartiennent à la famille des Primulacées au même titre que les Primevères. Leur nom vernaculaire et scientifique est le même, vous ne pourrez donc pas vous tromper lors de votre recherche. Seuls les noms d’espèces vous permettront de dissocier les différents groupes de Cyclamen.
1.1. Caractéristiques
Le Cyclamen est une plante tubéreuse vivace, et ceci malgré le fait qu’on la trouve très souvent comme plante fleurie saisonnière, pour les balconnières d’automne/hiver ou même à mettre dans la maison. Il est capable de vivre plusieurs années, grâce à son tubercule. Sa forme est souvent large, aplatie à la manière d’une assiette et émerge au centre le bourgeon apicale qui viendra émettre feuilles et fleurs.
Les Cyclamen entrent en dormance l’été, c’est à cette période qu’ils ont besoin de conditions plus sèches. Ils reprennent vie et induisent leur floraison en fin d’été, une fois les pluies et les premières fraîcheurs nocturnes revenues. Le feuillage persiste jusqu’au printemps pour les espèces automnales et jusqu’en été pour les espèces printanières.
Le feuillage est tendre, gorgé d’eau, en forme de cœur et érigé au sommet d’une tige souple, mais dressée. Les panachures sont courantes, il n’est donc pas rare d’observer des nuances de verts et de gris, plus ou moins intense. Les hybridations sont nombreuses au sein des potentielles colonies au jardin, ce qui ajoute de la fraîcheur à leur floraison.
La fleur est solitaire, positionnée au sommet d’une tige droite et raide. Chacune d’elles est composée de 5 pétales qui se redressent vers le sol, pour lui donner une forme de couronne. Les couleurs et formes sont variées, du blanc au rouge en passant par d’innombrables nuances de roses, tantôt unies, tantôt bicolores. La base des pétales, appelée gorge, est très souvent plus foncée que le reste de la fleur.
Les Cyclamen sont des plantes qui s’hybrident et s’égrainent facilement. Une fois la floraison achevée, la tige s’enroule en spirale vers le sol à mesure que le fruit grossit. On peut observer ses fructifications après la floraison, sous la forme de petites boules garnies de graines. Les colonies s’étalent au fur et à mesure des années, si les conditions de vie leur plaisent. Elles auront toujours une couverture assez éparse, s’accommodant très bien de la concurrence des autres plantes.
Attention toutefois à l’innocence que dégage cette plante, toutes ses parties sont toxiques en cas d’ingestion.
1.2. Les différentes variétés
Il existe dans le monde une vingtaine d’espèces de Cyclamen mais seulement 3 se trouvent facilement à l’achat, voici donc les plus connues :
Cyclamen coum
Espèce de Cyclamen naine à floraison de fin d’hiver. La touffe en elle-même s’érige à seulement 5 cm de hauteur, ce qui fait un excellent tapis aux pieds d’arbustes. Ses fleurs arrivent vers le mois de mars. Elles sont très trapues et ne dépassent pas les 1 à 2 cm de longueur. Les couleurs dominantes sont le blanc, le rose, le fuchsia et tous les camaïeux qui en résultent.
Le feuillage est très arrondi, souvent vert ou gris, avec de nombreuses marbrures possibles. Étant donné qu’il se ressème et s’hybride abondamment, vous pourrez observer des colonies aux feuilles radicalement différentes d’un pied à l’autre.
Cyclamen hederifolium
Parfois appelé Cyclamen neopolitanum, il s’agit du Cyclamen de Naples. Il fleurit dès le mois d’août avant l’apparition des feuilles. Une bonne pluie suffit à le sortir de sa dormance estivale. Il est de petite taille, car il ne dépassera jamais les 10 cm de hauteur. Il se ressème lui aussi avec une grande facilité et forme de belles petites colonies, par-ci par-là au jardin, après seulement quelques années. Ses feuilles sont triangulaires et pointues, souples, mais fermes. Le dessus est plus ou moins marbré de nuances vertes, alors que le dessous est pourpré.
La floraison est rose ou blanche par de petites fleurs compactes de 2 à 3 cm de grosseur.
Il n’est pas frileux et s’adapte très bien en sous-bois même au nord de la France.
Cyclamen persicum
Il s’agit du Cyclamen le plus connu de tous, car c’est celui à l’origine des centaines d’hybridations. Il s’utilise comme plante saisonnière, dans les jardinières d’hiver ou dans nos intérieurs pour deux raisons :
– les nombreuses hybridations ont été sélectionnées principalement pour la qualité des fleurs et des feuilles et non la rusticité du tubercule.
– cette espèce originaire du sud et du bassin méditerranéen, est nettement plus frileuse que les deux premières espèces.
On les plante donc exclusivement en pot, car ils redoutent le gel et l’excès d’eau, qui entraîne l’apparition de Botrytis. Il faut les placer de préférence en bord de fenêtres, pour les abriter des éléments, ou bien directement en véranda ou dans une pièce pas trop chaude, bien lumineuse et ventilée. Leur floraison s’étale de novembre à mars et ils sont généralement jetés au printemps pour être remplacés par des plantes de saison. Il est toutefois possible de les garder d’une année à l’autre, si vous le souhaitiez, en veillant à accepter leur dormance de printemps et d’été avant l’émergence d’une nouvelle touffe à l’automne.
C’est dans cette espèce que vous trouverez le plus de variantes de formes et de couleurs, que ce soit sur leurs feuillages que leurs fleurs.
2. LA PLANTATION
2.1. Où ?
Le Cyclamen est une plante qui apprécie les sols riches en humus, légers, frais, mais surtout pas détrempés. C’est pour cette raison qu’ils poussent naturellement sous des arbres qui assurent le côté drainant du sol. La concurrence racinaire n’est aucunement un problème pour eux, en raison de leur tubercule qui leur assure une réserve constante de nutriments.
Ils sont sensibles à l’humidité lorsqu’ils sont en dormance et au manque de ventilation quand ils sont en fleurs, surtout pour le Cyclamen persicum. Ventilation ne veut pas pour autant dire vent, ils demandent une ambiance calme, abrités des vents dominants.
Côté exposition, préférez l’ombre ou la mi-ombre. Un soleil filtré en hiver ne pose pas de souci et permet même d’encourager une plus belle floraison et des couleurs plus soutenues.
2.2. Quand ?
La période de plantation varie complètement d’une espèce à l’autre et de l’utilisation que vous souhaitez en faire.
En pleine terre :
– Cyclamen coum se plantera en automne, si c’est en tubercule endormie, ou en sortie d’hiver si c’est en godet.
– Cyclamen hederifolium se plantera en milieu d’été, si c’est en tubercule endormi, ou bien dès le mois de septembre en godet. Vous pourrez toujours les trouver de février à avril avec les plantes vivaces en godet. La floraison sera terminée, mais leur plantation est toujours possible, si vous souhaitez les laisser en terre durant l’été.
En pot :
Le Cyclamen persicum se plante toujours en pot ou en jardinière, vous pourrez donc envisager une transplantation dès l’achat, tout en sachant qu’ils sont disponibles au sein des jardineries dès le mois de septembre et durant une bonne partie de l’hiver. Il est inutile de les acheter trop tôt, car ils sont généralement forcés et donc décalés en floraison.
2.3. Comment ?
En pleine terre :
Pour planter le Cyclamen, qu’il soit en godet ou en tubercule, il faut impérativement respecter une profondeur de plantation, afin qu’il ne se trouve pas étouffé et ne dépérisse. Le bourgeon apical doit toujours se trouver à 1 ou 2 cm de la surface du sol de manière à protéger le tubercule, tout en lui permettant d’émerger.
Le travail du sol en amont est important, surtout en cas de concurrence racinaire constatée. Ameublissez superficiellement le sol de façon à amender d’un compost bien décomposé et de terreau. Complétez d’un paillis organique assez fin, comme un copeau de bois blanc ou des paillettes végétales. Terminez en arrosant, pour bien tasser la terre autour du tubercule.
En pot :
Lors d’une transplantation, choisissez toujours un pot plus grand que celui d’origine. Le choix du substrat est relativement simple, utilisez un terreau spéciale plantes fleuries. Un universel fera également très bien l’affaire. Le matériau du pot n’a que peu d’importance puisqu’il s’agit d’une culture saisonnière.
3. L’ENTRETIEN
3.1. L’arrosage
Quand bien même les Cyclamen aiment la fraîcheur, l’arrosage doit être modéré dans le cas d’une culture en pot. N’arrosez jamais le feuillage, le collet ou les fleurs au risque de voir s’installer de la pourriture grise. Gardez le substrat frais, mais pas trop humide à raison de deux arrosages par semaine en extérieur, sans pluie et tous les 2 à 3 jours en intérieur.
Du côté des Cyclamen de jardin, l’arrosage qui suit la plantation suffit largement pour les plantations d’automne, d’hiver et de printemps. Pour les plantations d’été, surveillez tout de même en cas de sécheresse de début d’automne lorsque les fleurs et feuilles auront pointé le bout de leur nez.
3.2. La fertilisation
Fertiliser un Cyclamen c’est avant tout enrichir le sol avant la plante. Faites un apport de compost ou de fumier composté chaque année au printemps pour les Cyclamen de pleine terre.
En pot, un apport d’engrais liquide spécial plantes fleuries sera profitable à raison d’un arrosage sur deux, durant toute la durée de floraison.
3.3. La taille
En pleine terre, aucune taille n’est à effectuer.
En pot, ôtez simplement les fleurs fanées au fur et à mesure de façon à ce que la plante se concentre sur la production de nouvelles. Nettoyez aussi la plante, si toutefois vous remarquez des feuilles mortes où une présence de pourriture.
3.4. Les maladies et ravageurs
Les Cyclamen de pleine terre ne sont pas sensibles aux maladies et ravageurs du jardin. En revanche, le Cyclamen persicum en pot est assez fréquemment victime du Botrytis ou Pourriture grise. Il s’agit d’un champignon qui dégrade toutes les parties aériennes et peut même faire pourrir la plante complètement.
Il apparaît lors d’un excès d’eau et d’une ambiance trop confinée. Les moyens de lutte visent simplement à mieux réguler les apports en eau, placer la plante dans un endroit plus aéré et la nettoyer en présence de feuilles et fleurs fanées.
4. LES BONNES ASSOCIATIONS
En pleine terre, les Cyclamen doivent se planter en tapis dans le but de donner un côté sauvage, comme s’ils étaient venus d’eux-mêmes. Que ce soit sous des arbres ou dans un massif d’arbustes, plantez-les par petites touches. Bien qu’ils tolèrent la concurrence racinaire d’arbres ou d’arbustes, évitez de les planter aux côtés de plantes vivaces à forte croissance, qui pourraient les étouffer. C’est le cas notamment des Geranium vivaces, Asperula, Vinca, Pachysandra, Ajuga ou autres Lysimachia. Préférez plutôt des plantes légères comme les Lamium, Fragaria vesca, Aster ou autres Helleborus.
Garder toujours à l’esprit ces scènes naturelles, sans même ne vouloir les associer avec d’autres vivaces, juste une présence au pied d’un bosquet d’arbres suffit à créer une jolie ambiance.
En pot, les Cyclamen s’utilisent seuls ou bien en potées fleuries de saison accompagnés d’autres plantes du moment. Ils rejoindront alors les Bruyères d’hiver, Pensées, Primevères, mais aussi des plantes à feuillage pour assurer des dégradées de couleurs et de textures. Choisissez notamment les Carex, Cineraires, Calocephalus ou Choux d’ornements. À vous de composer votre jardinière ou potée selon vos envies…