Bien moins connu que l’Albizia et pourtant tout aussi gracieux, le Févier est un arbre qui se démocratise lentement sur le territoire Français. Bien que rempli de qualité, son adaptabilité à bon nombre de milieux fait de lui un arbre sans problème qui n’est tout simplement pas connu du grand public. Découvrons cette belle surprise qu’est le Févier.
1. DESCRIPTION
Originaire d’Amérique pour l’espèce qui nous intéresse, d’autres moins démocratisées, se rencontrent à travers le globe et notamment dans les zones boisées d’Asie et d’Afrique tropicale. Il appartient à la famille des fabacées qui réunit aussi bien des arbres comme l’Albizia que des plantes herbacées comme le Trèfle ou le Petit-pois. Il est connu scientifiquement sous le nom de Gleditsia.
1.1. Caractéristiques
Le Févier est un arbre de moyen développement. Il atteint une taille comprise entre 5 et 20 m selon les variétés pour 5 à 15 m d’envergure. Il peut ainsi s’adapter aux jardins de taille moyenne comme l’arbre principal.
Son port est conique et compact, aux branches presque horizontales. Il s’étale et s’arrondit avec l’âge, mais toujours avec grâce. Malgré son côté compact, il procure une ombre légère en tamisant finement les rayons du soleil. Ceci, en raison de son feuillage penné, fin et gracile. Celui-ci arrive tard, c’est en fin de printemps qu’il pointe le bout de son nez. Souvent vert, il peut aussi être plus contrasté chez certaines variétés. A l’automne, les teintes jaunes de son feuillage n’ont rien à envier au célèbre Gikgo biloba. Il n’est pas sensible au froid, passé un certain âge. Toutefois, faites attention aux gelées printanières sur les jeunes arbres pouvant abîmer les extrémités des branches.
Ses branches sont relativement cassantes, surtout lorsqu’elles sont jeunes. Ensuite, elles s’épaississent pour produire un bois très dur, que l’on utilise dans la confection de poteaux. Côté enracinement, il est très pivotant et ramifié en profondeur. Une caractéristique très intéressante à proximité de surfaces maçonnées. Son branchage et son tronc se recouvrent avec l’âge de grosses épines parfois ramifiées. Elles se forment çà et là sur l’arbre et sont parfois absentes sur certains cultivars.
La floraison a lieu en fin de printemps, vers mai/juin et se présente sous la forme de grappes de fleurs blanches, plutôt insignifiantes. Elles laissent place ensuite à de grosses gousses pendantes que l’on croirait sorties de nulle part. Les graines que renferment les gousses sont moyennement toxiques, il est toutefois fortement déconseillé de les consommer. Plus généralement, le Févier est un arbre mellifère particulièrement apprécié des abeilles.
1.2. Les différentes variétés
Il existe 14 espèces de Gleditsia recensées dans le monde, mais les plus connues sont le japonais et l’américain. Ce second est nettement plus multiplié et plusieurs cultivars existent, aux caractéristiques différentes, tous intéressants lorsqu’ils sont bien mis en valeur.
Voici les plus beaux :
Gleditsia japonica
La singularité première de l’espèce japonaise vient du fait qu’elle est très épineuse. La quasi-intégralité des branches sont recouvertes d’épines pourpres puis brunes, ramifiées, faisant de lui un arbre impénétrable et rarement attaqué par les animaux qui aimeraient se nourrir de ses feuilles. A l’état naturel, il est plus petit que l’Américain, bien qu’ayant déjà des dimensions respectables de 12 m de hauteur pour 8 m d’envergure.
Gleditsia triacanthos
Voici l’espèce américaine, plus grande que sa cousine Japonaise, car il n’est pas rare qu’elle dépasse les 20 m de hauteur et 15 m d’envergure. L’espèce type n’est pas la plus plantée, car épineuse, les jardiniers préférant les cultivars aux caractéristiques plus ornementales.
Gleditsia triacanthos ‘skyline’
Cultivar au port compact et conique, aux feuilles vertes foncées devenant jaune d’or à l’automne. Ses dimensions avoisinent les 12 à 15 m adulte. Il est donc proche du type, mais plus ramifié et compact avec en plus l’absence d’épines.
Gleditsia triacanthos ‘sunburst’
Variante à croissance rapide, port large et conique, branches étalées non épineuses. Ses jeunes pousses sont dorées au débourrement puis verte pâle durant l’été avant de virer au jaune en automne. Sa floraison est rare et il ne forme donc pas de gousses. Encore plus petit que le précédent, il ne dépasse que très rarement les 10 m de hauteur pour 8 m d’envergure.
Gleditsia triacanthos ‘rubylace’
Dernier cultivar beaucoup plus rare et difficile à trouver en pépinière. Tout comme le précédent, il est de petite taille et ne dépasse que très rarement les 5 à 6 m en France. C’est donc celui qui est le plus adapté aux petits jardins. Son feuillage est rouge bronze au débourrement, puis vert bronze durant l’été. Un cultivar plus sombre qui est magnifique en présence de plantes à feuillage doré. Il prend lui-même de belles couleurs jaunes en automne comme tous les autres de l’espèce.
2. LA PLANTATION
2.1. Où ?
Une fois implanté, le Gleditsia résiste pratiquement à tout. Que ce soit dans un sol pauvre ou riche, calcaire ou légèrement acide, sec ou inondé durant de courtes périodes. Sa tolérance à la pollution est aussi très bonne et son système racinaire pivotant fait qu’on le retrouve de plus en plus en ville où il y apporte son ombre légère tant appréciée.
Question exposition, il n’aime pas le vent du fait que ses branches soient relativement cassantes. Que ce soit à l’ombre ou au soleil, peu importe, ses couleurs seront toutefois plus soutenues avec une bonne lumière. De plus, en cas d’ombre, son développement en serait que plus trapu et moins compact.
Pour lui choisir un emplacement de choix, faites simplement en sorte que l’espace soit dégagé de manière à ce qu’il puisse s’épanouir librement et que vous puissiez profiter de son aspect isolé qui lui va si bien.
2.2. Quand ?
Comme tous les arbres rustiques, la plantation du Gleditsia est préférable d’octobre à avril, hors période de gel. C’est durant toute cette période qu’il vous sera aisé de le trouver en pépinières.
2.3. Comment ?
Une fois l’endroit sélectionné avec soin, planter un Févier demande la même méthode que la plantation d’un arbre quel qu’il soit.
– Commencez par faire un trou d’au moins 2 à 3 fois le volume de la motte.
– Amendez la terre extraite, si besoin. Dans le cas du Gleditsia, un simple apport de compost suffit.
– Rebouchez avec le mélange créé de manière à ce que le collet de l’arbre affleure le niveau final du sol une fois positionné dans le trou.
– Démêlez le chignon racinaire en cassant la motte soigneusement puis positionnez l’arbre.
– Placez le tuteur, si besoin.
– Rebouchez le trou, puis tassez au pied autour de la motte.
– Arrosez abondamment de manière à finaliser le tassement de la terre et le contact avec la motte.
– Paillez le pied de l’arbre pour terminer, en veillant à ne pas enterrer le collet. Choisissez un paillis organique afin de conserver la fraîcheur autour des racines.
3. L’ENTRETIEN
3.1. L’arrosage
L’entretien en termes d’arrosage est indispensable lors de la première année qui suit la plantation. Toutefois, indispensable ne veut pas dire d’arroser aveuglément à une fréquence prédéfinie. L’arrosage doit être fait lorsque c’est nécessaire afin que l’arbre aille chercher de lui-même la fraîcheur en profondeur.
Pour cela, mieux vaut donc un arrosage conséquent, mais espacé plutôt qu’un faible régulier.
Avec une plantation automnale, l’arrosage de fin de plantation suffit généralement, car les pluies sont plus abondantes. Complétez seulement si les conditions étaient anormalement sèches.
Avec une plantation printanière, suivez de temps en temps et faites des apports au minimum tous les 15 jours. Faites également attention durant le premier été, en cas de sécheresse.
3.2. La fertilisation
Aucune fertilisation n’est nécessaire pour le Févier d’Amérique. L’apport initial suffit à combler ses besoins lors de la phase d’enracinement. Ensuite, il saura s’adapter à son sol.
3.3. La taille
Au même titre que la fertilisation, aucune taille n’est nécessaire, mis à part le bois mort. Cet arbre pousse naturellement de manière homogène et n’a pas besoin d’être dégagé ou élagué. Laissez-le pousser librement, vous n’aurez aucun souci si les conditions de plantation et la place qui lui a été octroyée sont respectées.
3.4. Les maladies et ravageurs
Le Gleditsia est assez peu sensible aux maladies et ravageurs.
Le plus courant s’appelle Cécidomyies. Ce sont de petites mouches qui pondent leurs œufs sur les feuilles au débourrement. Les larves qui en éclosent forment alors une galle sur les folioles qui atteignent physiquement l’arbre. Elles se laissent tomber ensuite au sol pour s’y transformer en pupes avant de devenir des mouches qui seront ensuite capables d’assurer une nouvelle génération.
La solution : Il n’y a pas vraiment de moyen de lutte pour cet insecte, taillez et brûlez les branches atteintes pour stopper leur cycle de reproduction.
Plus rarement, vous pourrez trouver des Pucerons et Cochenilles qui se nourrissent de la sève des feuilles. Ils s’élimineront très facilement par un lâché de Coccinelles ou un traitement à base d’huile végétale.
4. LES BONNES ASSOCIATIONS
Comme vous pouvez vous en douter, la meilleure façon de mettre en scène un Févier d’Amérique est de le planter en isolé. C’est ainsi que vous pourrez au mieux apprécier son élégance et sa trop grande rareté au sein de nos jardins.
Si vous souhaitez l’intégrer dans un massif pour que sa base soit végétalisée, utilisez des arbustes de moyen développement au feuillages coloré, comme les Physocarpus, Cotinus ‘lilla’, Abelia, Spirées ou autres Viornes étagés. Du côté des vivaces, choisissez des plantes à fleurs et/ou à gros feuillages de manière à contracter avec la finesse et la légèreté du Gleditsia. Les Hostas, Heuchères, Ligulaires, Aster ou autres Géranium vivaces seront les bienvenues.
Pensez également aux graminées persistantes comme les Carex, Fétuques et même quelques caduques colorés du côté des Pennisetum, Imperata ou Ophiopogon bien que ne faisant pas partie de la famille des Poacées.