Au jardin, casser un éventuel dénivelé est toujours source de réflexion, on ne sait jamais à l’avance comment faire et s’il existe des possibilités pour le faire sans engager des travaux démentiels. Qu’il soit d’une utilité de ce genre ou bien simplement décoratif sans rôle de maintien, le muret de pierre sèche est une façon beaucoup plus naturel qu’un mur maçonné classique.
Il dispose à lui seul de bon nombre d’avantages qui pourront vous convaincre. Voyons toutes les caractéristiques de ce type de murets et comment le façonner.
1. POURQUOI LE CHOIX DU MURET DE PIERRE SÈCHE ?
Le muret de pierre sèche n’est pas nécessairement la technique la plus utilisée au jardin. On pense souvent à tort que la technique de mise en œuvre est très compliquée, mais pourtant pas tant que ça.
Parmi toutes les qualités de ce type d’ouvrage, voici les plus parlantes :
– Cette méthode de construction est reconnue depuis des millénaires, la première façon de délimiter des espaces était comme cela bien avant l’utilisation des mortiers. Dans le sud de la France, il est difficile de ne pas croiser à l’orée d’un chemin ce type de muret. Ils servaient et servent toujours de délimitations de parcelles agricoles ou résidentielles, mais aussi de bords aux chemins ruraux.
– Le choix des matériaux est large et peut s’adapter aux roches locales avec plus ou moins de coupe pour certaines roches. Les importations coûteuses et polluantes ne sont donc pas obligatoires.
– Il n’y a pas besoin de liants pour assembler les pierres les unes aux autres, les plus grosses sont calées avec les plus petites et tout s’assemble comme un puzzle géant. La seule sélection des bonnes pierres au bon moment suffit à créer un ouvrage stable.
– La durabilité de ce muret est presque éternelle puisque rien ne peut l’endommager, c’est juste un assemblage physique de roches qui ne se dégradent pas.
– Le prix, qui est parmi les plus faibles qu’il soit, surtout si vous avez la chance de le faire avec des pierres de récupération. Vous n’aurez que l’huile de coude en consommable et le temps à y passer entre la réflexion et la conception.
– Les équipements en matériels sont eux aussi très faibles, quelques outils dont disposent tous les jardiniers sont à prévoir et rien de plus. Une brouette, une pelle, un maillet, un cordeau, un burin plat, de bons gants, des lunettes de protection et une balayette.
– La facilité de mise en œuvre car bien que l’ouvrage puisse avoir une longueur conséquente, la technique d’assemblage est facilement compréhensible même des bricoleurs du dimanche.
– Le rendu qui est particulièrement esthétique et donne une finition des plus naturelle qui se fond avec brio au paysage.
– L’aspect écologique, car au-delà de la faible consommation de matières premières et de l’importation de roche qui n’est pas obligatoire, le muret de pierre sèche offre un véritable refuge pour bon nombre de petites bêtes du jardin. Une large faune utile au jardinier apprécie ces ouvrages pour y élire domicile. C’est le cas des lézards, crapauds, insectes auxiliaires, musaraignes mais aussi tout un tas d’autres batraciens.
– La possibilité d’aplanir un terrain en pente en utilisant le muret de pierre sèche comme soutènement afin d’allier l’utile à l’agréable.
2. LES PIERRES
Comme nous l’avons vu, la plupart des pierres peuvent s’utiliser pour assembler un muret de pierre sèche. Pour les plus rondes comme le silex, un travail de taille pourra être nécessaire sans pour autant vouloir avoir une forme trop artificielle.
En revanche, certaines roches se prêtent naturellement très bien à cela, celles composées de couches stratifiées comme le schiste, le plus populaire car utilisé dans la fabrication de l’ardoise de toiture.
La forme des pierres a surtout un enjeu dans la facilité de conception car plus elles sont régulières et plates et plus votre travail d’assemblage s’en trouvera facilité. Contrairement à ce que l’on pourrait penser de base, vous n’aurez pas forcément besoin que de grandes pierres, toutes homogènes. La beauté de l’ouvrage finit et la solidité de ce dernier viendra de l’assemblage de pierres de toutes tailles, dont certaines petites, qui serviront à caler les plus grosses.
De plus, toutes ne seront pas forcément visibles à la fin, à vous de garder de côté les plus belles pour les positionner bien en avant sur le muret.
3. LA CONCEPTION DU MURET
3.1. Les points clés à savoir
Plusieurs points techniques sont à connaître avant de donner le premier coup de pelle :
– Aidez-vous d’un cordeau durant toute la phase de construction pour un rendu fini bien rectiligne.
– Le muret de pierre sèche doit être plus large à la base qu’au sommet, lui donnant une forme finale légèrement oblique. Cette forme permet une meilleure stabilité de l’ouvrage.
– Dans le cas d’un mur de soutènement, il devra être légèrement incliné vers l’arrière afin d’offrir une meilleure résistance à la poussée.
– Des pierres de parement serviront de finitions sur l’avant du mur.
– Le muret doit avoir une largeur suffisante pour ne pas s’écrouler au premier coup de vent, plus le muret est haut, plus il devra être large à sa base.
– Les pierres de parement (finition) seront positionnées face la plus petite vers l’extérieur.
– Dans le cas des murets de plus d’un mètre de hauteur, certaines pierres à utiliser sont appelées boutisses. Elles sont positionnées après 3 ou 4 étages de pierres pour augmenter la stabilité une nouvelle fois. Ces pierres sont très longues et posées sur le sens de la largeur du mur. Les boutisses parpaignes sont quant à elles des pierres faisant la largeur complète du muret.
3.2. La préparation du terrain
Comme pour la création d’un muret de soutènement classique en parpaing béton, un muret de soutènement en pierre ne se monte pas directement au sol sans aucune préparation. Un travail de décaissement est obligatoire pour stabiliser l’ensemble. De plus, cette stabilisation sera variable en fonction de la nature du sol de l’endroit en question. Il pourra être nécessaire de concevoir un fond de forme afin de solidifier l’assise. La dimension de celui-ci doit être d’au moins 25 à 30 cm de profondeur sur une largeur représentant 30 % de plus que la largeur finale du muret.
Une fois la tranchée creusée, positionnez un géotextile qui servira à dissocier le sol du fond de forme et augmenter encore la stabilité future.
Cette semelle de soutènement se fait avec l’étalage d’un tout venant composé de sables 0/31,5 correspondant à un mélange de ces granulométries. Celle-ci sera tassée et compacté afin d’obtenir une finition la plus plate et propre possible.
3.3. L’assemblage des pierres
Le travail de préparation fait, les premières pierres peuvent être posées. Une astuce pour augmenter encore la stabilité dès le premier rang est de positionner les premières pierres sur lit de sable. Elles seront calées au maillet et elles aussi garantes de la solidité de l’ensemble. Choisissez les pierres les plus grandes possibles sur une largeur de deux pierres maximum.
Pour la suite, les étapes à suivre sont les suivantes :
– Posez les premières pierres sur leur face la plus plate en veillant à les sélectionner pour qu’elles fassent la même épaisseur.
– Du rang 2 au 4, disposez les pierres de chaque rang en quinconce afin de les croiser et que toutes soient bien en contact. Elles doivent avoir des joints entre elles les plus petits possibles. En cas de besoin, utilisez des petites pierres de calage qui combleront les trous et maintiendront les pierres bancales au fur et à mesure. Elles peuvent avoir des épaisseurs différentes pour un rendu final asymétrique, mais toujours en complétant les rangs de façon homogène.
– Sur le rang 5, choisissez une boutisse parpaigne qui sera elle aussi calée avec des pierres plus petites si besoin.
– Du rang 6 au 9, répétez l’assemblage des pierres comme du 2 au 4.
– Du rang 10 au 12, c’est le moment d’utiliser les boutisses qui vont stabiliser l’ouvrage qui doit atteindre à présent le mètre de hauteur. Positionnez-les une nouvelle fois en quinconce d’un rang à l’autre.
– Reprenez ensuite 3 rangs classiques, une boutisse parpaigne, etc.
– Sur le dernier rang ou rang de finition, vous utiliserez des pierres d’assises ou de couronnement. Elles seront plates, si possible de la largeur du mur, comme une boutisse parpaigne et surtout bien jointées et calées les unes avec les autres. Tout comme les pierres de parement, celles de couronnement seront les plus visibles il est donc primordial de les positionner au cordeau et bien calées.
3.4. Les erreurs à ne pas commettre
Durant toute la construction de votre muret, vous pourriez être tenté volontairement ou non à commettre des erreurs qui pourraient s’avérer préjudiciables sur le plus ou moins long terme. Parmi les plus courantes, il y aura :
– Insérer des pierres de calage après
Même si elles étaient rentrées à force, elles finiront tôt ou tard par se désolidariser et n’auront de ce fait plus aucun effet.
– Remplir les joints ou l’arrière des pierres de parement avec des gravillons
Cette solution ne sera pas durable non plus, le but n’est pas de faire un drainage mais un muret solide où chaque pierre se repose sur l’autre.
– Placer les pierres dans le bon sens
Elles doivent toujours être positionnées à plat et dans le sens horizontal des stries pour les roches stratifiées. Si ce n’était pas le cas, les pierres pourraient s’effriter sous le poids de celles du dessus et de l’érosion.
– Empiler les pierres les unes par-dessus les autres sans les croiser
Là encore, vous allez créer une instabilité certaine, la solidité de l’ouvrage vient justement de ce critère de base qu’est le croisement des matériaux les uns avec les autres.