Technique assez peu utilisée au potager, la jachère fleurie a pourtant fait ses preuves autant pour ses vertus écologiques que pour son intérêt esthétique, coloré et champêtre. Avec elle, vous ne brutaliserez pas votre sol pouvant être éprouvé par certaines cultures et vous offrirez le gîte et le couvert à bon nombre d’insectes axillaires. Qu’est-ce qu’une jachère ? Comment la mettre en place ? Quelles espèces utiliser ? Comment l’entretenir ? Autant de questions à se poser avant de se lancer tête baissée dans sa conception.
1. QU’EST CE QU’UNE JACHÈRE ?
Le terme jachère est un terme agricole qui est utilisé depuis maintenant près de 200 ans mais dont la définition a quelque peu évolué. Initialement, cette technique consistait à travailler la terre durant le printemps et l’été qui précédait le semis d’automne. Ensuite, l’évolution de la jachère s’est faite en un temps de repos pour le sol entre deux cultures.
Le but de cela est de laisser le sol reconstituer sa fertilité et sa faune, tout en stoppant les cycles parasitaires. Ceci dans le sens où une maladie peut se transmettre d’une culture à l’autre par les débris foliaires. En patientant une année, ce cycle se rompt.
De plus, la jachère limite le développement des adventices, l’érosion, le lessivage des minéraux et améliore la pénétrabilité de l’eau de pluie dans le sol.
Deux types de jachères sont alors possibles :
– La jachère naturelle où rien n’est ressemé après la dernière récolte, les plantes sauvages viennent s’implanter d’elles-mêmes.
– La jachère semée, qu’elle le soit sous forme d’engrais vert ou de jachère fleurie. Elle est plus variée que la première avec la combinaison de plantes fleuries ou bien elle reconstitue les réserves d’azote du sol avec l’engrais vert. Ce sont des plantes, de la famille des Fabacées, qui sont utilisées pour leur capacité de fixation de l’azote de l’air dans le sol. Cette molécule sera ensuite utilisable par la prochaine culture une fois la jachère terminée.
La jachère naturelle ou fleurie ne sont pratiquement plus utilisées en agriculture, seul l’engrais vert demeure la norme en interculture. En revanche, au jardin, la jachère fleurie est une excellente façon d’envisager la jachère, d’autant qu’elle s’adapte très bien aux petites surfaces.
2. LES FLEURS DE LA JACHÈRE
Pour qu’une jachère fleurie soit réussie autant esthétiquement qu’efficacement, un judicieux mélange de plantes doit être fait. Il existe des associations déjà toutes prêtes que le jardinier n’a plus qu’à semer mais faire son mélange soit-même est tout aussi envisageable. Un travail de recherche des bonnes variétés devra être fait en amont pour ne pas choisir les mauvaises variétés.
Avec votre propre mélange, vous pourriez choisir un thème de couleur ou des formes de fleurs particulières, tout est envisageable. Le principal est de toujours intégrer quelques plantes « engrais vert » dans le lot afin d’avoir une vision d’enrichissement du sol et non pas exclusivement esthétique.
En ce qui concerne le choix des plantes, elles devront répondre à plusieurs critères :
– Un cycle de vie annuel, pas de plantes vivaces car les plantes seront remplacées par la culture potagère l’année suivante.
– Une floraison rapide après le semis pour en profiter le plus rapidement possible.
– Un développement pas trop haut afin de retrouver une homogénéité dans le mélange.
– Un aspect mellifère qui attirera les insectes pollinisateurs et autres auxiliaires du jardin.
Pour en citer quelques-unes parmi les plus utilisées, vous pourriez orienter votre regard vers le Bleuet, le Cosmos, le Coquelicot, le Lin, la Luzerne, la Mauve annuelle, la Moutarde blanche, la Phacélie, le Pois de senteur, le Souci, le Trèfle incarnat ou encore le Zinnia.
3. LA MISE EN PLACE DE LA JACHÈRE
Mettre en place une jachère fleurie ne se fait pas n’importe quand et n’importe comment. Un savoir-faire est requis si vous voulez que le résultat soit couronné de succès.
3.1. Quand ?
Les plantes sélectionnées étant pour la plus grande majorité annuelles, un semis printanier est obligatoire. Attelez-vous à la tâche idéalement entre mars et mai pour obtenir une floraison généreuse dès le début de l’été.
3.2. La préparation du sol
Comme pour la mise en place d’une culture standard, une préparation du sol en vue du semis est nécessaire. Cela commence par un nettoyage complet de la zone de tous les éventuels débris végétaux qui seraient restés sur place après la précédente récolte. Si le sol a été paillé pour l’hiver, il faut alors enlever ce paillage.
Éliminez également les adventices qui auraient germé sur la zone à semer.
Ensuite, un travail léger du sol est recommandé afin d’égaliser la terre et de casser les mottes. Utilisez pour cela une grelinette, un croc, puis un râteau avec lequel vous obtiendrez une surface la plus plane et lisse possible.
3.3. Le semis
Avant de procéder au semis, il vous faut déterminer la quantité de graines nécessaire à votre surface. Pour ce faire, il faut simplement calculer la densité de semis nécessaire. Celle-ci est de l’ordre de 1 à 2 g de semences par m². La densité obtenue est moins dense que pour une pelouse car l’objectif est que chaque plante puisse s’épanouir sans qu’elles ne s’étouffent mutuellement.
Ceci est valable pour n’importe quel mélange que vous feriez vous-même. Si à l’inverse vous optez pour les mélanges tous prêts, respectez les consignes de l’emballage qui pourront alors être différentes.
Une fois la bonne quantité déterminée, place au semis. Celui-ci se fait de préférence à la volée mais peut aussi se faire au semoir si vous vous sentez un peu moins à l’aise. A la volée, il est recommandé de mélanger vos graines à du sable afin d’éviter de n’avoir la main trop lourde lors du semis.
Au semoir, réglez cette densité si celui-ci le permet. Dans les deux cas, effectuez votre semis en deux passages croisés dans une logique de régularité et de recouvrement optimal de toute la zone.
Une fois le travail de semis achevé, passez un léger coup de râteau pour recouvrir les graines et tapotez avec le dessus de ce dernier pour bien mettre les graines en contact avec la terre. Finalisez par un arrosage en pluie fine qui tassera un peu plus la terre de surface et encouragera une germination rapide de vos graines.
Astuce : Pour ne pas vous faire picorer vos graines par les oiseaux du jardin et si la surface n’est pas trop grande, vous pouvez étendre un filet anti oiseaux à quelques centimètres au-dessus de la terre, maintenu à l’aide de piquets.
4. L’ENTRETIEN
Lorsque la jachère est bien semée, l’entretien est pour ainsi dire inexistant. Les plus tatillons voudront retirer les adventices qui y pousseraient mais le problème est qu’il peut être difficile de les repérer parmi toutes les variétés semées et vous risqueriez d’écraser les fleurs semées lors de votre passage. Mieux vaut donc s’abstenir et laisser votre parcelle réellement se reposer pour toute l’année.
Une fois les premières gelées apparues, les plantes vont mourir et se décomposer naturellement, faisant ainsi un paillage naturel sur le sol durant tout l’hiver. En se décomposant, elles vont aussi l’enrichir et c’est à ce moment que les engrais verts vont avoir toute leur utilité.
En sortie d’hiver, il ne vous restera plus qu’à faucher les éventuelles tiges qui ne seraient pas décomposées puis à les broyer sur place.
Le cycle de jachère est à présent terminé, vous pourrez reprendre vos cultures potagères avec un sol reposé et naturellement enrichi.