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À l’échelle mondiale et ce depuis des millions d’années, les vers de terre sont sans aucun doute les animaux les plus utiles. Ils permettent d’aérer le sol et de digérer la matière organique pour la rendre disponibles aux plantes, ce qui est aussi possible par d’autres animaux mais pas avec autant d’efficacité.
1. LES RECONNAÎTRE
Lorsqu’on y regarde de plus près, les vers de terre ou lombrics sont des animaux d’une composition vraiment très simple. Voici leurs caractéristiques :
– leur longueur est plus ou moins importante en fonction des espèces (environ 3000 dans le monde)
– composés d’un corps rond et annelé leur permettant de s’étendre et ainsi d’avancer à l’aide de leurs muscles, on peut y voir une zone différente sur leur corps appelé clitellum, signe distinctif des adultes que l’on pourrait aussi appeler bague.
– ils sont dotés d’un grand tube digestif ainsi qu’une bouche qui absorbe puis digère la matière organique pour la rejeter presque prête à être assimilée par les plantes après le travail des micro-organismes. Leurs déjections sont aussi appelées turricules et se rencontrent à la surface du sol sous forme de petits amas terreux en serpentins.
Leur système respiratoire, que l’on considère plus comme un simple échange gazeux, se fait au niveau des téguments (enveloppe externe), c’est pour cela que les lombrics sont constamment humides.
Le saviez-vous ?
Les vers de terre est doté de 5 à 7 paires de cœur qui brassent le sang dans tout son corps, d’avant en arrière.
À l’échelle mondiale, le poids que représentent tous les lombrics est plus important que le poids de toutes les autres espèces d’animaux vivant sur terre, l’homme y compris !
Les vers de terre sont capables de brasser jusqu’à 30 tonnes de terre dans un hectare de prairie, ils sont donc tout à fait capable de remplacer le labour sans aucune intervention humaine !
Dans un sol fertile (donc idéal), il devrait y avoir une centaine de vers de terre par m².
Pour terminer, ne croyez pas à la légende qui veut qu’en coupant un vers de terre en 2 ou 3 partie, cela en donnera autant que de morceaux. Comme l’Homme, ces animaux disposent d’organes qui, s’ils sont coupés, le feront bien entendu mourir. Une exception vient si la coupure se fait sur le premier tiers inférieur du ver qui correspond à sa queue. C’est donc uniquement dans ce cas qu’il pourrait survivre mais la partie de la queue ne donnerait à nouveau pas un nouvel individu.
Afin de mieux comprendre les différents types de vers de terre qui cohabitent dans votre jardin, voici les trois plus grandes catégories : on les différencie surtout grâce à leur mode de vie qui varie en fonction des espèces.
1.1. Les vers épigés
Parfois appelés vers de compost, on les reconnaît facilement à leurs anneaux très distincts et leur couleur rougeâtre. Ils sont fins et petits, vivent en surfaces dans les premiers centimètres du sol mais surtout en forêt, dans la litière, dans les excréments d’herbivores ou bien dans les tas de déchets organiques. Comme ils ne sont pas en profondeur, ils sont victimes d’une forte prédation par les mammifères ou les oiseaux, c’est pour cette raison que leur taux de reproduction est très élevé (jusqu’à une centaine de cocons par adulte et par an).
Ils ne creusent pas forcément de galeries mais se nourrissent abondamment des matières organiques grossières afin de les fractionner en plus d’une légère consommation de matières minérales.
À savoir : pour les personnes adeptes du lombricompostage, ce sont les vers épigés que vous devrez utiliser.
1.2. Les vers endogés
On les reconnaît facilement à leur faible pigmentation, rose très pâle à gris clair. Ces vers vivent en permanence dans le sol et il est bien souvent impossible de les rencontrer à la surface. Ils se nourrissent de la matière organique déjà incorporée au sol et construisent de nombreuses galeries horizontales. Celles-ci permettent à l’eau de bien s’infiltrer dans le sol mais aussi de donner une bonne structure grumeleuse à ce dernier.
1.3. Les vers anéciques
Ce sont les vers les plus connus car on les trouve régulièrement lorsque l’on travaille la terre. Plus leur nombre est élevé meilleure est la qualité de votre sol.
Leur couleur est rose à brun clair et ils creusent, quant à eux, des galeries verticales qui relient la surface du sol à la terre de profondeur. Ils se nourrissent de matières organiques qu’ils collectent à la surface durant la nuit puis redescendent dans leur terrier le jour en entraînant avec eux des matières qui enrichiront le sol. Ils déposent également durant la nuit leurs excréments appelés turricules.
Un nombre important des turricules sera le signe d’un sol riche en lombrics anéciques.
En Europe, ils représentent 80% des Lombrics mais se reproduisent beaucoup plus lentement que le premier. Au mieux, chaque individu fera une dizaine de cocons par an.
2. LE CYCLE DE VIE ET DE REPRODUCTION DES VERS DE TERRE
La durée de vie des vers de terre varie bien évidemment en fonction de leur espèce. À titre indicatif, les vers épigés vivent tout au plus 2 ans alors que les anéciques peuvent demeurer en terre durant 8 ans.
La reproduction des vers de terre ne peut se faire que lorsqu’ils ont atteint leur maturité sexuelle et comme nous l’avons dit précédemment, cela se remarque facilement par l’apparition du clitellum. Chaque vers à la capacité d’être à la fois mâle et à la fois femelle mais deux partenaires sont néanmoins obligatoires pour qu’il y ait fécondation. L’accouplement se déroule en plusieurs étapes ;
– les deux partenaires commencent par se positionner tête bèche et sécrètent une substance blanche collante au niveau de leur clitellum, ce qui leur permet de rester attachés,
– ensuite la femelle expulse les œufs hors de son pore génital qui sera entouré du mucus sécrété par le clitellum pour former un cocon,
– ce même cocon passera ensuite devant le port génital mâle qui le fécondera en fécondation externe par l’expulsion à son tour des spermatozoïdes.
Après environ 3 semaines, chaque cocon libère de 1 à 4 petits vers qui atteindront bien souvent leur maturité sexuelle à 3 mois. Cette durée peut s’allonger si les températures ne sont pas assez élevées.
– une fois adultes, ils seront à leur tour capable de se reproduire et ainsi de suite.
À savoir : lors des phases de sécheresse, les vers de terre sont capables de s’enrouler sur eux même pour tomber en léthargie et ainsi réduire au maximum leur activité biologique en attendant que la terre s’humidifie.
3. LES ACTIONS ET BIENFAITS DES VERS POUR LE JARDINIER
Vous l’aurez sans doute déjà compris, les lombrics apportent beaucoup aux sols. Ci-dessous, un résumé de leurs actions :
– aèrent le sol grâce aux nombreuses galeries qu’ils creusent (verticales ou horizontales).
– améliorent la structure du sol en l’ameublissant et en favorisant la création d’agrégats.
– favorisent l’infiltration de l’eau tout en évitant les phénomènes de ruissellement et donc l’érosion sachant que dans un m² de terre non labourée, on peut compter jusqu’à 900 mètres de galeries !
– décomposent la matière organique, les débris de plantes ainsi que les excréments en le digérant puis les faisant pénétrer par les galeries qu’ils creusent. Encore une fois, les lombrics peuvent incorporer dans le sol environ 600 grammes de matières organiques pas m² et par an, ce qui est déjà énorme pour un animal de cette taille.
– produisent un fertilisant 5 fois plus riche en azote, 7 fois plus riche en phosphore et 11 fois plus riche en potasse que la terre seule. C’est grâce à leurs déjections, qui sont un humus de très bonne qualité, que les plantes peuvent directement disposer de ce fertilisant.
– développent le système racinaire des plantes par effet boule de neige avec l’aération du sol et la fertilisation produite par les déjections. Les racines peuvent donc pénétrer facilement dans les couches souterraines du sol tout en disposant facilement des éléments minéraux.
– brassent et minéralisent la surface du sol grâce aux minéraux qu’ils ingèrent en profondeur et qu’ils remontent grâce à leur va et vient entre la surface et la profondeur. Cette reminéralisation permet aussi de rajeunir le sol.
– réduisent les populations d’organismes ou champignons nuisibles dans le sol. C’est notamment le cas pour les maladies cryptogamiques comme la tavelure ou la cloque qui peuvent atteindre le sol une fois les feuilles contaminées tombées au sol. Leur destruction est possible car les lombrics aident à l’implantation des microorganismes, champignons du sol (utiles) et bactéries lesquels minéralisent les dernières matières organiques complexes et par la même occasion décomposent les maladies qui y aurait trouvé temporairement le gîte.
– concentrent en eux la pollution contenue dans les sols du fait de l’ingestion et de la digestion d’une grande quantité de terre et d’humus.
4. COMMENT AUGMENTER LE NOMBRE DE VERS DE TERRE
Malheureusement, les vers de terre sont exposés à de nombreux danger. En effet, l’agriculture ne les épargne pas avec l’utilisation d’engins agricoles qui déciment les vers de terre. À titre d’exemple, le labour ou le hersage détruisent 70 % des lombrics en un seul passage.
À notre échelle de jardinier, le travail n’est pas aussi brutal mais détruit également les vers de terre. Quelques techniques permettent néanmoins de les sauvegarder et même de les augmenter. Au final, vous serez de toute façon toujours gagnant sur la qualité de votre sol.
Pour encourager leur développement, les techniques les plus efficaces sont :
– évitez de travailler votre sol avec un louchet, une bêche ou même de retourner les couches naturelles de celui-ci qui désorienterait complètement les vers et en tuerait une partie.
– utilisez une grelinette qui aérera facilement votre sol sans perturber les vers et micro-organismes du sol.
– travaillez votre sol surtout lorsqu’il est sec car les lombrics migrent vers les couches inférieures, vous les atteindrez donc beaucoup moins.
– évitez de tasser votre sol avec des engins lourds ou par un piétinement excessif. Le tassement asphyxie le sol et réduit la présence d’organismes vivants.
– dans le cas d’un potager, diversifiez vos cultures et vos apports de matières organiques. Pratiquez la rotation des cultures et implantez des fabacées (aux légumineuses) qui apportent de l’azote dans le sol. Plus ils auront une nourriture variée et riche et plus ils pourront se développer.
– arrêtez d’enfouir vos apports de fertilisants, mettez-les en surface pour qu’ils soient d’abord travaillés par les lombrics de surface puis acheminés dans les couches inférieures.
– couvrez en permanence votre sol de matières organiques comme des paillis ou bien des plantes. Cela est surtout valable en hiver afin de l’isoler du froid et que les pertes de populations soient moindre.
– limitez les massifs de terre de bruyère si votre sol n’est pas naturellement acide car en pH inférieur à 5.5, la quantité de vers est fortement réduite.
5. LES PLATHELMINTHES : LA PLAIE DES VERS DE TERRE
Depuis peu, les plathelminthes ou vers plats (qu’il ne faut pas confondre avec les limaces) sont venus allonger la liste déjà longue des espèces invasives en France, intégrées volontairement ou non par l’Homme. Le plus connus se nomme platydemus manokwari mais ce n’est qu’une seule espèce parmi les 7 recensées dans notre pays.
Leur côté nuisible vient du fait qu’ils sont des prédateurs voraces de nos lombrics comme des escargots. De plus, étant donné qu’ils viennent de Nouvelle-Guinée, ils n’ont en France aucun prédateur et de toute façon, leur toxicité fait que notre faune prédatrice les délaisse.
Les régions les plus touchées sont l’ouest et le sud et les premiers ont déjà été repérés en Seine-Maritime. Malheureusement, aucun moyen de lutte n’existe, c’est pourquoi vous ne devrez pas hésiter à les écraser lorsque vous en verrez.