Petit mammifère considéré comme nuisible par la plupart des jardiniers, la Taupe est méconnue et tout simplement relayée à sa réputation d’animal qui creuse et endommage le gazon. La vérité est toute autre et elle est bien plus utile qu’on ne peut l’imaginer.
1. DESCRIPTION
Les espèces de Taupes sont nombreuses à travers le monde mais seule l’espèce d’Europe se trouve dans nos régions. C’est un animale de la famille des mammifères d’une petite taille comprise entre 15 et 20 cm pour un poids de 100 à 150 grammes. Sa forme est reconnaissable parmi tous les mammifères avec une forme trapue, deux grosses pattes plates avant garnies de griffes, destinées à creuser facilement le sol. Elles sont aussi recouvertes de corne et possèdent 5 doigts. Les pattes arrières sont plus petites et lui servent à se déplacer uniquement. Tout son corps est recouvert d’une épaisse et dense fourrure brune presque noire.
En ce qui concerne ses sens, ils sont plus ou moins développés de l’un à l’autre :
– La vue. Si l’expression « myope comme une Taupe » existe, ce n’est pas pour rien. La Taupe dispose d’une très mauvaise vue, ce sens ne lui est de toute façon d’aucune utilité car la lumière est absente sous terre et elle ne sort que très rarement, lorsqu’elle expulse la terre de sa galerie.
Toutefois, même presque aveugle, elle n’en est pas muette pour autant. Elle est capable d’émettre une multitude de sons différents du simple gazouillement aux cris perçants et même jusqu’aux ultrasons.
– L’ouïe. Ne vous fiez pas à ses oreilles non visibles, la Taupe entend parfaitement bien même si les sons sous terre sont étouffés et peu audibles.
– L’odorat. Avec son nez pointu démesurément grand vis à vis de la taille de sa tête, c’est l’un de ses sens les plus marqué. Elle trouve sa nourriture grâce à son odorat et peut aussi se repérer en suivant différentes traces olfactives.
– Le toucher. Tout comme l’odorat, le toucher est l’autre sens le plus développé chez la Taupe. Au même titre que les chats, ses grandes vibrisses lui permettent de s’orienter et de saisir ses proies avec plus de précision.
– Le goût. Ce sens n’a que peu d’importance dans sa description d’autant qu’elle ne consomme que des vers ou des insectes, assez peu ragoûtant pour nous jardiniers.
2. MODE DE VIE
La Taupe est un animal actif qui alterne des phases d’éveil et des phases de sommeil plusieurs fois par jours. Elle ne se régule pas comme nous à l’échelle d’une journée mais en respectant environ 4 heures d’éveil puis 3 heures de sommeil et ainsi de suite.
Lorsqu’elle dort, c’est d’un sommeil profond, en sécurité dans sa galerie, debout et la tête entre ses pattes avant.
2.1. L’habitat
La Taupe d’Europe est un animal qui vit en zones tempérées. Il existe des espèces qui vivent en Asie et en Amérique du nord mais elles ne se retrouvent pas dans les zones tropicales ou sèches. Son habitat de prédilection est dans les prairies, champs et jardins. Elle aime les sols meubles et humides sans trop de racines robustes, c’est pour cette raison qu’une pelouse est tout à fait idéale.
Ses galeries parcourent le sol et sont plus ou moins profondes en fonction de leur utilité. Les galeries de surface lui servent à chasser et évacuer les excédents de terre alors que les plus profondes lui servent à se reposer ou confectionner son nid.
2.2. L’alimentation
Le régime alimentaire de la Taupe est assez ciblé puisqu’elle est insectivore. L’ensemble de ses proies sont présentes ou vivent dans le sol. Cela peut donc être des larves de toutes sortes, des insectes, des limaces mais surtout des vers de terre, son met de prédilection.
L’une de ses particularités est que son métabolisme nécessite beaucoup d’énergie surtout en raison de l’énergie que demande la création de galeries. C’est pour cette raison que la taupe doit se nourrir beaucoup et de façon très régulière, d’où ses périodes de repos et d’activité répétitives.
Afin de ne jamais manquer de proies, elle se crée des véritable garde-manger en amassant des vers de terre dans des endroits de sa galerie. Pour ne pas qu’ils s’échappent, elle les paralyse en leur la tête qui les maintient vivants mais sans la capacité de bouger.
Avec cette stratégie, elle prévoit d’éventuelles chasses infructueuses et évite de se retrouver sans nourriture au risque de mourir de faim.
2.3. La reproduction
La Taupe n’est pas un animal qui aime la vie de famille, elle est plutôt de nature solitaire. Sa reproduction est nécessaire à la survie de l’espèce mais elle est pour le moins expéditive.
C’est au printemps entre février et avril que la femelle entre en période de disponibilité sexuelle pour les mâles. Lorsque le partenaire lui convient et que l’accouplement a lieu, il est aussitôt après repoussé par la femelle.
Elle réalise un nid en profondeur qu’elle garnit de feuilles mortes et d’herbe qu’elle peut trouver lors de ses rares sorties en surface.
La gestation dure ensuite 4 mois à la fin de laquelle la Taupe met au monde de 4 à 6 petits. Tout comme les Lapins, ils naissent aveugles et dépourvus de poils pour un poids de seulement quelques grammes.
Après 15 jours, la fourrure commence à apparaître et une semaine après leurs petits yeux s’ouvrent. Comme pour tout mammifère, la Taupe allaite ses petits et ceci durant plus ou moins 6 semaines. Ils commencent ensuite à chasser d’eux-mêmes et quittent le nid après seulement 2 mois pour entamer leur propre vie solitaire.
2.4. L’espérance de vie
La Taupe ne vit pas très vieille et cela pour deux raisons très simples. Toutes deux sont liées à son alimentation. La première vient du fait que comme nous l’avons énoncé, elle doit manger beaucoup et tout le temps. Il n’est pas rare qu’elle meure de faim.
La seconde vient du fait que sa nourriture principale, le vers de terre est un animal qui contient du sable en fins grains sur sa peau et dans ses intestins. Ce sable use prématurément les dents de la Taupe qui ne peut plus se nourrir au bout d’un moment.
Plus rarement, elle succombe à la chasse du jardinier autant dans les pièges que dans la destruction de ses galeries.
3. L’ACTIVITÉ AU JARDIN
Considérée à tort comme un nuisible pour les taupinières qu’elle crée, il n’en est rien. La Taupe est même un petit animal très utile au jardin et pour le sol.
Elle se nourrit d’insectes et de larves pouvant elles être nuisibles aux cultures. Elle permet alors la régulation naturelle de leur population.
De plus, ses galeries aèrent le sol et permet à l’eau de s’infiltrer plus facilement, limitant les ruissellements de surface.
Il faut savoir qu’elle creuse ses galeries puis une fois qu’elles sont achevées, n’occasionne plus de désagrément. En revanche, si elles sont détruites, elle les reconstruira un peu plus loin, multipliant à coup sûr le nombre de taupinières.
Si vous cherchez absolument à la chasser ou la tuer, il est aussi important de savoir que ses galeries inhabitées risquent alors de devenir un habitat de prédilection pour d’autres mammifères du sol qui eux s’avéreraient être nettement plus problématiques. Ce serait le cas des rats, campagnols ou autres rongeurs qui profitent des activités humaines pour se nourrir et se reproduire.
4. FAUT-IL LES CHASSER ?
La réponse est simple : non
Même si les taupinières sont dérangeantes, la Taupe reste néanmoins un mammifère utile au jardin. Une fois qu’elle est présente, il vous suffit simplement d’étaler la terre qu’elle peut ressortir, ceci n’est pas un travail insurmontables puisqu’une Taupe ne vas pas créer des centaines de taupinières. Récupérez cette terre, souvent de bonne qualité pour combler votre potager ou l’associer à du terreau dans vos pots ou jardinières. Vous n’aurez pas besoin de retourner un coin de jardin et vous briser le dos pour détasser le sol et émietter la terre. Prenez la Taupe encore une fois comme une alliée et pas une ennemie.
Si vous n’en avez pas dans votre jardin, quelques plantes les font fuir si elle venait à envisager de s’installer. C’est le cas de l’Euphorbia lathyris et de l’Incarvillea delavayi. Toutes deux vivaces, émettent des substances dans leurs racines qui déplaisent aux Taupes. Attention, l’action est limitée à quelques m² tout au plus !
Pour toutes les techniques cruelles qui existent pour les éliminer, elles ne seront qu’évoquées à titre informatif mais peu recommandées. Le piégeage manuel, les fumigènes ou détaupeurs provoquant une forte détonation dans les galeries sont les méthodes de lutte qui sont les plus connues.