Les cerisiers fleurs représentent une très grande famille d’arbres et d’arbustes à floraison bien souvent printanière et surtout époustouflante. Aussi éphémère soit elle, elle leur offre un atout de choc parmi beaucoup d’autres plantes de même gabarit, ils marquent incontestablement l’arrivée des beaux jours et nul ne se lassera de les admirer.
Originaires de nombreuses régions de l’hémisphère nord les cerisiers fleurs et autres Prunus se rencontrent plus particulièrement en Chine ou au Japon où ils sont particulièrement réputés et appréciés. Ils appartiennent à la famille des Rosacées tout comme les pommiers ou les cognassiers du Japon pour un genre ornemental.
1. LES CARACTERISTIQUES
Ce que l’on retient en premier quand on parle d’un cerisier fleur, c’est sa floraison. Plus ou moins abondantes, les fleurs apparaissent dans la plupart des cas avant les feuilles. Elles peuvent être simples, doubles, parfumées et prendre des teintes allant du blanc à tout un camaïeu de rose. Leur feuilles sont bien souvent ovales, dentelées et vertes. Certaines espèces changent même de couleur au fil des saisons : rouge cuivré au début du printemps, pourpre ou vert ensuite et enfin jaune ou rouge orangé à l’automne. Avec cette caractéristique, vous ne choisirez plus forcément un Prunus pour sa floraison car le spectacle peut se prolonger plus longtemps qu’on ne le pense. A la suite des fleurs, suivent bien souvent des fructifications toutes plus variées les unes que les autres, d’une espèce à l’autre, parmi lesquelles : les simples baies noires, les pêches, les amandes, ou encore les bigarreaux. Toutes ne sont pas pour autant d’une qualité gustative excellente mais les saveurs y sont d’autant plus variées.
En ce qui concerne leur port et leurs dimensions, il est impossible de donner une généralité du fait que chaque espèce dispose de ses propres caractéristiques.
1.1. Les différentes variétés
Pour une compréhension plus facile, nous allons diviser l’ensemble des Prunus décrit en plusieurs grandes catégories.
– Les Prunus à écorce décorative :
Cette première catégorie regroupe des cerisiers fleurs dont le principal intérêt est l’écorce aux couleurs inhabituelles. Tous s’exfolient pour laisser apparaître cette écorce lisse et brillante. Ils peuvent être plantés avec une tige distincte pour un arbre ne disposant que d’un seul tronc à l’âge adulte ou bien en touffe ou cépées. C’est sous cette forme qu’ils seront les plus conseillés car vous pourrez les maintenir sous une forme plus trapues et surtout avec un plus grand nombre de troncs renforçant l’aspect visuel de l’écorce surtout durant l’hiver.
– Les Prunus à fleurs en grappes :
C’est le Prunus padus et ses cultivars qui seront présents dans cette catégorie. Aussi appelé Bois puant ou Cerisier des oiseaux, c’est deux descriptifs font référence à son bois malodorant et sa production de nombreuse petites baies très appréciées des oiseaux. Il apprécie tout particulièrement les sols riches où leur croissance est d’autant plus rapide. S’il n’est pas greffé sur tige, il pousse naturellement en touffe qui a tendance à drageonner au sol.
– Les Prunus à port pleureur ou fastigié :
Bien différents de la plupart des arbres, les espèces aux ports particuliers sont tout aussi remarquables et beaucoup moins courants. Dans le genre des Prunus, vous trouverez facilement des sujets au port fastigié (haut et très peu large) ou pleureur (aux branches retombantes vers le sol). Différentes tailles existent et vous pourrez très bien les essayer dans des jardins de petite ou de grande taille.
– Les Prunus à fleurs isolées ou en bouquets :
Tous ces Prunus à port érigé se parent de fleurs plus ou moins colorées et vous y trouverez des sujets aussi bien nains que de grande taille. Des plus connus à quelques originalités, vous trouverez obligatoirement « chaussure à votre pied » parmi toutes les espèces de cette catégorie. Contrairement à ce que vous pourrez penser, les Prunus à fleurs isolées n’en sont pas moins florifères, c’est juste qu’elles ne sont pas regroupées par deux à cinq comme chez les Prunus à la floraison en bouquets.
– Les Prunus coups de cœurs :
Les amateurs de plantes de collection ou tout simplement inédites apprécieront tout particulièrement les Prunus suivants. Tous remarquables par leur floraison inattendue et exceptionnelle, vous pourrez les acquérir en magasin pour donner, chez vous, une touche de nouveauté bien souvent absente dans le jardin de « Monsieur tout le monde ».
– Les Prunus à fruits :
Au-delà de leur apparence esthétique ou de leur floraison, les Prunus de cette catégorie sont plutôt utilisés à des fins productives. Plus connus sous leur nom vernaculaire : cerisier, amandier, prunier, abricotier ou encore pêcher, on ne compte plus la quantité fabuleuse de variété de chacun d’entres eux.
En plantant ces derniers, vous allierez l’utile à l’agréable !
1.2. Le choix en rayon
C’est bien sûr à partir du moment où ils sont en fleurs que la collection est la plus importante. Vous les trouverez donc de février à mai pour la plupart des espèces décrites précédemment et leur taille sera variable en fonction de leur âge. Les espèces fruitières seront quant à elles proposées en racines nues ou paramottes de novembre à février. Sachant qu’il vous est tout à fait possible, pour les espèces ornementales les plus courantes, de les obtenir en racines nues à l’automne pour des sujets greffés sur tige.
2. LA PLANTATION
Après certainement beaucoup d’hésitation sur la variété choisie, il y temps de s’occuper de leur plantation. Pour cela, vous devrez savoir qu’ils ont certaines exigences et sont à peu près tous sur un pied d’égalité à ce niveau.
– Le sol
C’est sans doute l’élément le plus important dans la vie de votre Prunus car c’est à partir de ce milieu qu’il devra se développer toute sa vie, sa composition physique ou chimique est donc un élément clé. Dans les conditions idéales, offrez-leur une terre riche, profonde (pas compacte au moins sur les 50 premiers centimètres), légère mais surtout bien drainée. Le principal ennemi du Prunus provenant du sol est l’eau stagnante. En effet, ils apprécient l’humidité pour bien se développer mais elle ne doit faire que passer. En termes de pH, offrez leur un sol neutre même s’ils tolèrent une légère acidité ou alcalinité. En pot, utilisez un contenant d’au moins 50 cm de diamètre avec un drainage au fond du pot et un mélange de substrat à raison de 50% de terre de jardin et 50% de terreau de plantation. Ajoutez également quelques poignées de fertilisant organique en granulés que la plantation soit en pot ou en pleine terre.
– L’exposition
Là encore, ne plantez pas votre Prunus à l’aveugle, l’exposition est elle aussi très importante et sera directement liée à la durée de la floraison et même à la présence ou non de fruits. Dans cette matière, c’est le vent et donc les courants d’air, qui sont les plus préoccupants. L’espace doit être aéré mais non venté et plutôt protégé des courants d’air froids de manière à diminuer les conséquences des gelées tardive sur les floraisons en cours. Une exposition sud-ouest est donc idéale.
– La période
Les deux meilleures périodes pour planter ce type d’arbre ou arbuste sont l’automne voire le tout début du printemps jusqu’au mois d’avril. Ainsi, le système racinaire peu actif offre de meilleurs résultats de reprise et le feuillage n’étant pas ou faiblement sorti ne sera pas endommagé par la transition climatique entre la serre et votre jardin.
ATTENTION : Un système de tuteurage est bien sûr indispensable lorsque vous plantez un sujet sur demi-tige ou haute-tige !
3. L’ENTRETIEN
Quelques notions de bases sont à connaitre lorsque vous choisissez de cultiver un cerisier à fleurs.
– L’arrosage
Assurez toujours un arrosage les premières semaines qui suivent la plantation à raison de un à deux apports par semaine, en plus ou moins grande quantité en fonction des besoins de la plante. A l’inverse, n’arrosez pas les yeux bandés, si la terre est encore fraîche, reportez l’arrosage. Le paillage est quant à lui complémentaire à l’arrosage car il permettra de conserver l’humidité du sol plus longtemps tout en évitant la croissance d’adventices (mauvaises herbes) au pied de l’arbre.
– La fertilisation
Là encore, il s’agit d’une opération fortement recommandée et qui assurera une bonne santé de l’arbre tout en enrichissant votre sol. Pour cela, utilisez-le même fertilisant organique en granulés que pour la plantation à raison d’un apport annuel en sortie d’hiver. Pour les espèces fruitières, utilisez en complément et au même moment, de la potasse en poudre pour booster la floraison et donc les récoltes.
– La taille
Mis à part pour les espèces naines ou buissonnantes, tous les Prunus conduits en arbre devraient subir une taille de formation les trois premières années qui suivent la plantation. Pour plus d’informations, référez-vous à notre fiche conseil sur la taille d’habillage et de formation des arbres fruitiers car cela est aussi valable sur les essences ornementales.
Par la suite et plus spécialement sur les sujets d’un certain âge, vous devriez savoir que les cerisiers à fleurs ne supportent pas les tailles répétées et surtout trop sévères. Contentez-vous, durant l’automne, de supprimer le bois mort et en cas de taille obligatoire, utilisez toujours un baume cicatrisant pour éviter les écoulements de gomme (liquide sécrété par l’arbre pour recouvrir ses plaies) qui ont tendance à épuiser l’arbre inutilement. Si on utilisait un vocabulaire technique, on parlerait de Gommose comme sur cette plaie.
A savoir : Bon nombre d’infections par les insectes ou maladies viennent lors d’une taille inadaptée ou tout simplement mal soignée !
Dans le cas présent, une grosse plaie non soignée sur Prunus ceracifera ‘nigra’ où le bois commencer à pourrir, ce qui portera tôt ou tard préjudice à l’arbre entier.
Néanmoins, certaines espèces doivent subir une taille quasi obligatoire pour assurer une production suffisante et ralentir le vieillissement de l’arbre. C’est notamment le cas du pêcher qui, en ne produisant des fruits que sur les branches âgées d’un an devra subir une taille en crochet de manière à anticiper les récoltes ultérieures. Pour en savoir plus, référez-vous à nouveau à notre fiche sur les tailles de fructification et les tailles spécifiques des arbres fruitiers.
3. LES MALADIES ET RAVAGEURS
Les pucerons :
Pour commencer par les plus courants, il s’agit bel et bien des pucerons qui se développeront très facilement et rapidement sur le feuillage printanier encore tendre. Ce sont de petits insectes piqueurs suceurs, qui, en ce gorgeant de sève, provoquent une réaction naturelle de l’arbre en enroulant les feuilles atteintes. C’est d’abord grâce à ces symptômes que l’attaque peut être visualisée. Elles peuvent également se dessécher et se nécroser par la suite, si ces parasites ne sont pas éliminés.
La solution :
Pour en venir à bout dans le cas d’une faible attaque et sur un petit sujet, utilisez des traitements à base de savon noir ou de Pyrèthre végétal. Des lâchés de larves de coccinelles peuvent aussi être envisagés.
En cas d’attaque plus sévère et surtout si ne pouvez pas atteindre la totalité du feuillage avec votre pulvérisateur, utilisez des produits plus forts et surtout véhiculés dans la sève que l’on appelle systémiques. Avec cette action, l’ensemble des parasites, n’importe où est ce qu’ils se trouvent sur la plante, seront tués rien qu’en suçant la sève.
La cloque :
Qui n’a jamais entendu parler de la trop célèbre Cloque du Pêcher ? Très facilement reconnaissable, le principal symptôme est l’apparition de boursouflures rouges et jaunâtres sur une partie ou l’ensemble des feuilles. Possible aussi chez l’abricotier ou l’amandier, elle n’atteint normalement pas les autres espèces. Le champignon se développe par temps humide et chaud, il est très courant au nord de la Loire.
La solution :
Comme pour beaucoup de maladies, la meilleure défense est l’attaque, c’est pourquoi seuls les traitements préventifs à base de Cuivre d’oxyde cuivré ou plus communément bouillie bordelaise seront efficaces. Pour cela, trois traitements sont nécessaires et bien sûr, sur l’ensemble de l’arbre :
– Le premier dès la chute des feuilles en automne,
– Le second durant l’hiver mais lorsque la température est supérieure à 10°,
– Le troisième dès le bourgeonnement printanier.
L’anthracnose :
Cette maladie cryptogamique est le résultat d’une infection par différents champignons. Plus visible et surtout fréquente sur les espèces fruitières de Prunus, les symptômes apparaissent majoritairement sur les fruits par des taches brunes au centre plus clair et rond. Ensuite, les feuilles contaminées tombent et les fruits deviennent impropres à la consommation. Au final, la plante s’en trouve affaiblie même si cette maladie ne lui est pas fatale.
La solution :
Pour en réduire les risques, traitez de manière préventive les jeunes sujets avec des solutions de décoction de prêle ou d’Ail mais aussi à l’aide de purin d’ortie toute les deux semaines. En cas d’attaque, ramassez et brûlez toutes les feuilles contaminées pour réduire le risque de contamination l’année suivante.
La moniliose :
Cette maladie, elle aussi cryptogamique, se déclare bien souvent lorsque les conditions sont humides et que des insectes comme les Pucerons ont précédemment attaqués la plante. Tout comme l’Anthracnose, ce sont les fruits qui sont principalement attaqués. En l’occurrence, ils se recouvrent de tâches circulaires, marron entourées de blanc, pourrissent puis tombent. Plus tôt dans la saison, les bouquets floraux eux même peuvent se dessécher subitement.
La solution :
Une nouvelle fois, le meilleur moyen de combattre cette maladie est la prévention. Pour ce faire, deux traitements à la bouillie bordelaise sont nécessaires. Le premier sur la deuxième partie de l’automne et le second juste avant le débourrement des bourgeons au printemps.
Une autre méthode consiste à utiliser du blanc arboricole qui est une solution liquide à base de chaux et qui s’avère un très bon antiseptique. Recouvrez l’ensemble du tronc jusqu’aux premières branches de l’arbre mais évitez de le faire aux Prunus à écorce décorative qui perdraient ainsi tout leur charme. Répétez cette opération tous les 2 ans, juste avant l’hiver.
La criblure :
Contrairement à l’anthracnose, la Criblure est beaucoup plus visible sur le feuillage de la plante. De nombreux petits points noirs apparaissent à certaines zones du feuillage comme si elles avaient été criblées. Ces tâches deviennent ensuite brune et perforent les feuilles. Elle aussi est plutôt inesthétique et ne fait qu’affaiblir le Prunus.
La solution :
Préférez les traitements préventifs qui sont plus efficaces. Utilisez chaque année surtout à la suite d’une précédente attaque, de la bouillie bordelaise avant l’apparition du feuillage. Ensuite, choisissez du souffre micronisé en 3 applications à une dizaine de jours d’intervalle.
En cas d’attaque soudaine, coupez les rameux malades et brulez-les avant que les feuilles ne tombent au sol.
Le chancre :
Cette maladie, assez courante chez les arbres à fruits, mais aussi sur le genre des prunus peut être bactérienne ou fongique (champignon). Elle s’installe facilement par le biais d’une zone faible comme une plaie non soignée ou toute autre cicatrice. Le symptôme le plus courant est l’apparition de boursouflures et de crevasses sur certaines parties de l’écorce. De la gomme peut également couler à ces endroits. Avec le chancre, l’arbre est considérablement affaibli, la branche concernée finit bien souvent par mourir et l’arbre entier peut lui aussi suivre ce chemin si le processus n’est pas enrayé.
La solution :
Malheureusement, il n’existe pas de solutions miracles pour combattre cette maladie. La manière la plus efficace est sans aucun doute la prévention. Elle s’effectue par des traitements avant la chute des feuilles en automne avec de la bouillie bordelaise.
En cas de faible infection, vous pourrez cureter le chancre en éliminant toute la partie malade jusqu’à retrouver le bois sain. Faites cela à l’aide d’une lame solide. C’est ce qui a été fait sur l’exemple en photo avant et après le curetage.
Pour une infection moyenne, coupez la branche contaminée puis traiter l’ensemble de l’arbre à la bouillie bordelaise.
Enfin, avec une grande infection çà et là sur l’arbre, il est préférable de le couper pour ne pas contaminer les arbres avoisinants.
Les clés de la réussite en quelques phrases :
Vous l’aurez sans doute compris, les Prunus et autre Cerisiers du Japon ne sont pas des arbres très difficiles à vivre. Quelques maladies peuvent être problématiques mais il suffit d’appliquer les bons gestes au bon moment pour enrayer leur développement. Placez-les au soleil, dans des conditions aérées mais pas trop ventées, en sol riche, frais et le tour est joué !
4. LA MISE EN SCENE
Il existe différents moyens de mettre en scène les cerisiers fleurs et c’est d’abord une question de port, dans ce cas, tous ne pourront pas être mis en valeur de la même façon.
L’isolé
Cette plantation est possible et intéressante pour les sujets relativement grands et disposant d’un ou plusieurs troncs bien distincts. Seuls, ils donneront le meilleur d’eux-mêmes chaque année car ils auront la possibilité de se développer à leur guise.
L’alignement
Si vous disposez d’un jardin le permettant, vous pourrez aussi créer une sorte de petite forêt ou bien les planter par plusieurs en alignement. C’est un peu le principe du verger si l’on s’intéresse aux espèces fruitières.
Le massif
Ce sont les Prunus de moyen ou petit développement que vous pourrez utiliser dans ce cas. Quelques exceptions son possibles comme par exemple pour former un point focal. C’est le cas dans cette scène où un Prunus serrulata ‘amanogawa’ donne une hauteur et un fond.
La haie champêtre
Sous forme libre, certains Prunus prennent place avec brio au sein de haies biodiverses et composées d’essences locales ou champêtres. Au nord de la Loire, c’est bien entendu le Prunus spinosa qui pourra s’associer avec des Aubépines, Cornus, Fusains et autres Viornes.
Pour un second exemple, quelques espèces comme le Prunus padus peuvent être plantées aux côtés de Saules dans des zones humides ou en bord de rivière.
Les associations entre espèces
Même si cette mise en scène peut sembler farfelue, c’est un très bon moyen de mettre en valeur plusieurs espèces. Non seulement le choix s’avère moins compliqué mais vous profiterez de tous les avantages dont disposent ces dernières dans un même lieu. Privilégiez tout de même des espèces qui peuvent se compléter au point de vue du développement. Ici, la composition est faite avec un Prunus serrulata ‘amanogawa’, un Prunus padus ‘colorata’ et un Prunus ceracifera ‘nigra’.
Bonjour, je trouve cet article super et me suis permise de le partagée. Bon courage et merci