PLANTES, Plantes pour le jardin

CREATION ET REHABILITATION DES HAIES CHAMPETRES

Longtemps, les propriétés et les herbages, étaient entourés de haies composées d’essences végétales locales (= haies champêtres). Bien évidemment, selon les régions, les haies ne sont pas composées des mêmes plantes. Depuis plusieurs dizaines d’années, ces haies ont été remplacées par des haies de conifères (Thuyas, Cyprès, Faux-cyprès, car ils poussent vite, sont très opaques et sont persistants), par des haies d’autres persistants (Chalefs, Lauriers), par des « haies fleuries » composées de nombreuses essences horticoles. Elles ont aussi été supprimées dans les champs car les cultivateurs pensaient, à tort, gagner en superficie et en rendement.

1. POURQUOI REVENIR À CES HAIES ?

1.1. Intérêt écologique

Ces haies jouent un rôle de « corridor écologique » car elles permettent à de nombreux auxiliaires (petits mammifères, insectes et oiseaux alliés) de nicher, de se nourrir et de circuler d’un lieu à un autre à l’abri des prédateurs. Le fait d’avoir tous ces compagnons à proximité d’un lieu de culture permet, malgré une petite perte de place, d’avoir les prédateurs naturels des ennemis des cultures à portée de main, sans avoir à acheter des traitements qui neutralisent absolument toute la vie présente sur la parcelle et ses abords. De plus, elles luttent contre l’érosion et le ruissellement dans les champs.

1.2. Intérêt économique

Les plants de ces végétaux ne coûtent pas chers, et on peut se les procurer facilement. Ces haies ne demandent que peu d’entretien, une taille tous les ans pour ceux qui ne souhaitent pas un épanouissement trop imposant et tous les 5 à 10 ans pour ceux qui souhaitent les voir s’épanouir librement. La dernière méthode offre aussi la possibilité d’obtenir du fagot pour l’hiver en rajeunissant des arbustes vieillissants (noisetiers, cornouillers). Autre avantage, en fonction des essences choisies, en plus de nourrir les animaux, vous pourrez vous aussi en récolter les fruits :  noisettes, faînes (fruit du hêtre, comestible), baies, etc. Pour les élevages, avoir une haie en bord de pré offre une protection à tout le bétail face aux aléas climatiques, améliorant ainsi leurs conditions de vie tout en limitant le stress des animaux, ce qui permettra d’avoir un lait et une viande de meilleure qualité. Pour les cultures, avoir une haie en bord de champ ou de potager permet de lutter efficacement contre de nombreux ennemis des cultures (certains insectes, champignons et autres bactéries) sans utiliser des produits phytosanitaires. Ceci, malgré une perte de place due à la haie, permettra un gain en qualité qui rentabilisera la perte de quantité, tout en respectant l’environnement et en limitant des dépenses inutiles.

1.3. Intérêt esthétique

Certes, l’introduction de persistants reste très limitée, car dans la nature, en Normandie, seule une poignée de végétaux entre dans les critères d’une haie champêtre. Pour pallier à cela, il vous suffit de jouer sur la densité et la largeur de la haie.Elle, elle peut être esthétique en toute saison avec des floraisons étalées, des fructifications colorées, des feuillages automnaux orangés et des bois remarquables. Il suffit simplement de bien choisir les plantes. De plus, créer une haie champêtre permet de ne pas dénaturer le paysage, ainsi, vous vous intégrez parfaitement à l’identité de votre région.

L’esthétisme à proprement parlé n’est pas le but de ces haies. Leur  rôle est écologique en priorité.

2. COMMENT COMPOSER UNE HAIE CHAMPÊTRE ?

2.1. Prise en compte des conditions de vie des futures plantes (climat et sol).

En premier lieu, il faut que vous définissiez l’exposition (ensoleillement et vent), et la nature du sol (humidité, texture, pH, …). Ces différents paramètres devront vous permettre de choisir les plantes les mieux adaptées pour votre haie.

2.2. Etablissement de vos souhaits (facultatif)

Une fois que vous avez trouvé les plantes adaptées, vous allez pouvoir réduire la liste en imposant vos choix. Pour cela, vous allez définir les dimensions des plantes que vous voulez, puis les choisir en fonction du rendu esthétique que vous souhaitez.

2.3. Quelles sont les principales plantes utilisées au Pays de Caux ?

La strate arborescente :  ensemble des plantes ligneuses (qui font du bois) mesurant 8 mètres de haut et plus (sans support). Ils ajoutent de la hauteur, et feront renaître les clos masures typiques du Pays de Caux si vous les plantez sur des talus qui bordent votre propriété. Plus ils sont hauts et plus ils abritent d’animaux.

La strate arbustive : ensemble des plantes ligneuses mesurant entre 0.60 et 8 mètres de haut. Ce sont les plantes qui composent la partie basse de la haie. En plus d’être un corridor écologique, elle servira de coupe-vent si vous l’exposez à l’Ouest ou au Nord-Ouest (vents dominants) de votre propriété. 

Il ne s’agit là que d’exemples de plantes qui sont très rependues chez nous à l’état sauvage, donc adaptées au sol et au climat, et qui résistent assez bien aux maladies. Le frêne étant victime en ce moment d’un champignon, est momentanément à proscrire, malheureusement, pour ne pas propager ce ravageur. 

Pour une résistance accrue aux maladies, et un rôle écologique optimal, il est conseillé de ne pas faire une haie « mono spécifique » (une seule espèce) car en cas de maladie, ou d’attaque, toute la haie serait contaminée, et la maladie aura alors un lieu de vie pour se propager. Il faut donc diversifier les variétés utilisées afin que les unes veillent sur les autres, et qu’un maximum d’auxiliaires trouvent un intérêt dans cette haie.

.Exemple de haie champêtre qui remplirait son rôle de façon optimale :

Fagus sylvatica : lieu de nidification pour les oiseaux, nourriture avec ses faînes (comestibles), décoratif avec son bois gris et son feuillage marcescent (qui garde ses feuilles mortes qui se dessèchent mais ne tombent qu’à la repousse de l’année suivante).

Betula pendula : floraison très mellifère en fin d’hiver, lieu de nidification pour les oiseaux, écureuils et insectes, décoratif avec son écorce blanche et son feuillage automnal.

Malus sylvestris : floraison attirant les insectes, nourriture avec ses petites pommes (comestibles), très bon bois de chauffe.

Corylus avellana : lieu de nidification pour les oiseaux, nourriture avec ses noisettes (comestibles), bois pour les fagots et petits ouvrages, floraison décorative en hiver.

Cornus mas : nourriture pour les oiseaux avec ses baies (comestibles), bois de bonne qualité pour manches d’outils et floraison jaune l’hiver.

Prunus spinosa : floraison mellifère, nourriture pour les oiseaux avec ses baies (comestibles) il leur procure aussi un refuge car il est épineux.

Euonymus europaeus : nourriture pour les oiseaux avec ses baies, décoratif avec son bois carré, sa coloration automnale ainsi que sa fructification persistant l’hiver.

Sambucus nigra : floraison esthétique et extrêmement mellifère (attirant près de 60 insectes différents sur une fleur !), nourriture pour les oiseaux avec ses baies (comestibles) et refuge d’hiver pour les insectes dans son bois moelleux.

Amelanchier ovalis : nourriture pour les oiseaux avec ses baies (comestibles), esthétique avec sa coloration automnale.

3. COMMENT ENTRETENIR UNE HAIE CHAMPÊTRE ?

La haie champêtre n’est pas contraignante au niveau de l’entretien. À la plantation, il faut veiller à ce que les plants soient tous dégagés, et que les plantes indigènes ne gênent pas leur croissance. Pour cela, il n’est pas nécessaire d’arracher l’herbe, ou les ronces, mais seulement les faucher au mois de juillet en les laissant sécher sur place, pour nourrir vos plants et garder de la fraîcheur au pied. Ceci est à faire pendant les quatre premières années après l’implantation des végétaux. Après, ne fauchez plus, mis à part si des ronces empêchent vos plantes de pousser. Laissez tout pousser, sauf d’autres arbustes, un écosystème se créera tout au long de votre haie, et elle tiendra, à ce moment-là, tout son rôle écologique.

Aucune taille n’est nécessaire, une plante se taille elle-même en faisant du bois mort, surtout que ce sont des plantes qui sont complètement naturelles. Comment font-elles dans la nature ? Vous pouvez éventuellement gérer la largeur pour qu’elle n’empiète pas chez le voisin. Et tous les cinq à dix ans, vous pouvez faire des tailles de rajeunissement pour réutiliser le bois en faisant des tuteurs, du fagot si vous en avez envie.