DIX ARBRES ET ARBUSTES POUR SOLS IMMERGÉS L’HIVER

Il n’est pas rare de trouver en France des régions bien arrosées où les sols peuvent vite se gorger d’eau l’hiver. Que ce soit en zones marécageuses ou plus simplement dans un point bas du jardin, il est important de s’orienter vers des espèces capables de résister à une potentielle asphyxie racinaire. Pour autant, cette sélection ne représente pas des arbres ou arbustes aquatiques, ils ne tolèrent donc que temporairement ces conditions, d’autant plus qu’ils sont, durant l’hiver, en période de repos végétatif.

N’ayez craintes, même si cette situation n’est pas toujours évidente à aménager, des solutions existent, autant avec des espèces très courantes que de petites pépites plus originales.

1. ALNUS GLUTINOSA ‘IMPERIALIS’

C’est un arbre habitué aux conditions marécageuses dans lesquelles il prospère naturellement. L’espèce type se naturalise d’elle-même, mais pour une touche de nouveauté plus atypique, vous pourrez vous tourner vers le cultivar ‘imperialis’. Avec son port élancé et étagé, il se remarque à son feuillage très fin et délicat. Sa floraison n’est pas intéressante en soi mais il en est tout autre pour ses fructifications similaire à de petites pommes de pin qui se forment en grappes. Avec une croissance lente et une taille modeste, il est préférable de le planter en isolé pour profiter au mieux de son port si graphique.

2. AMELANCHIER LAMARCKII

Voici un arbuste couramment utilisé en haies champêtres au nord de la Loire. Typique de l’hémisphère nord, il est rustique, facile à vivre et possède de nombreux atouts esthétiques. Il pousse vite et de façon ordonnée, ses branches sont bien réparties et il est agréable à regarder sans nécessiter de le tailler, bien qu’il le supporte. Sa floraison blanche en grappe s’épanouit au printemps avec une générosité sans pareille. Suivent à l’automne des baies violettes, juteuses et sucrées. Elles sont comestibles et les oiseaux en raffolent. Son feuillage est plutôt simple mais prend une couleur automnale rouge très lumineuse. Il supporte autant le sec que l’humidité et pourra tolérer une immersion temporaire une fois bien enraciné.

3. CEPHALANTHUS OCCIDENTALIS

Cephalanthus est un arbuste méconnu alors qu’il possède de nombreux atouts tant en rusticité que visuellement parlant. Il est vrai que lorsqu’il est en feuilles, il peut sembler tout à fait banal avec son port compact en boule et ses feuilles vertes passe-partout. Pourtant, vous changerez tout de suite de discours en voyant la floraison s’épanouir. C’est en juillet que l’on voit apparaître ses petites sphères compactes de 3 cm de diamètre, blanc crème et surtout parfumées. Les fleurs positionnées aux extrémités des rameaux sont d’autant plus visibles. Elles sèchent ensuite et demeurent sur les branches. A essayer absolument !

4. CORNUS ALBA ‘SIBIRICA’

S’il y a bien une essence qui résiste presque à tout, c’est le Cornus de Sibérie. Que ce soit la pollution, la sécheresse, les sols ingrats, l’ombre, le soleil brûlant et même l’humidité stagnante, il parviendra toujours a tirer son épingle du jeu. Cet arbuste est surtout populaire pour la couleur de ses branches en hiver. En effet, elles deviennent d’un rouge écarlate juste après la chute de feuilles et durant tout l’hiver. Il s’entretient d’un tour de main car il résiste bien à la taille, même de recépage. Ce sont d’ailleurs principalement les jeunes pousses qui sont le plus colorées. Il se marcotte de lui-même dès que ses tiges touchent le sol, pouvant alors former un buisson volumineux avec le temps.

5. FARGESIA ROBUSTA

Du côté des Bambous, l’humidité est pour eux un gage de bonne santé. Il en existe de toutes tailles et de toutes formes, plus ou moins envahissants. Le genre des Fargesia possède justement l’avantage de ne pas être drageonnant. C’est la raison pour laquelle il est de plus en plus planté dans nos jardins actuels. Fargesia robusta, comme son nom l’indique, est une espèce coriace qui une fois implantée peut tout à fait supporter une immersion temporaire. La seule problématique viendra du froid car les bambous peuvent voir leur feuillage brûler en cas de gel inférieur à -10 °C. Sa forme est dense, compacte et érigée, faisant de lui un bon brise-vue sans entretien particulier.

6. ITEA VIRGINICA

Méconnu et pourtant magnifique, l’Itea de Virginie est un arbuste haut en couleur, résistant et facile à vivre. Malgré sa préférence pour les sols légers, acides et plutôt drainants, il résiste parfaitement à un excès d’eau temporaire l’hiver. Ses tiges sont souples mais robustes avec une facilité de marcottage déconcertante. Il drageonne ainsi allègrement, ce qui forme au fil des ans un joli buisson compact. Sa floraison blanche en grappe se produit l’été puis suit une coloration du feuillage dans des teintes chaudes et multicolores en automne. Celles-ci demeurent sur les branches de longues semaines.

7. PLATANUS ACERIFOLIA

Le Platane est un arbre reconnu pour son impressionnante vigueur et sa longévité sans pareille. Il n’est pas rare qu’il vive plusieurs centaines d’années si la place et les conditions lui conviennent. Il tolère la pollution et même les sols les plus ingrats, avec un système racinaire qui s’ancre solidement et en profondeur. Une immersion peut être vécue sans problème pour lui du moment qu’elle n’est que temporaire. On le reconnaît à ses grosses feuilles en forme de feuilles d’Érables mais aussi son écorce qui se desquame par plaques. Ce sont d’ailleurs ces nuances de couleurs qui ont inspiré les motifs de type « camouflage ». Il doit être réservé surtout en grands jardins afin qu’il puisse envisager une vie complète au même emplacement.

8. POPULUS NIGRA ‘ITALICA’

Le Peuplier, est sans doute l’un des arbres les plus connus lorsque l’on parle de zone marécageuse. Il est planté en culture pour son bois et sa résistance à ces milieux considérés comme difficiles. Avec une forme fastigiée, cet arbre pousse vite et haut si le sol est suffisamment riche et humide. Les pieds dans l’eau tout l’hiver est une situation ne lui pose aucun souci, bien au contraire. Graphique et simple à vivre, il ne peut être planté qu’en grand jardin en raison de ses proportions. Ses feuilles larges s’animent avec le vent en produisant un son reconnaissable entre tous. Il est toutefois rarement planté autrement qu’en arbre d’alignement ou de culture forestière. Enfin, son système racinaire est traçant et très puissant, prenez garde à l’emplacement où vous le plantez.

9. SALIX ALBA ‘TRISTIS’

Le Saule pleureur est un arbre de gros développement bien connu pour son besoin important en eau. Les ambiances marécageuses, même en hiver, ne lui posent aucun problème bien au contraire. On le reconnaît à ses branches retombantes et fines à leur extrémité. Ses feuilles, longues et fines contrastent avec brio sur un arbre aussi massif. Il est à privilégier de ce fait dans les jardins de grande superficie. Comme tous les Saules, il supporte très bien la taille et n’est pas spécialement exigeant du moment que le sol est suffisamment humide et riche.

10. TAXODIUM DISTICHUM

Aussi connu sous le nom de Cyprès chauve, le Taxodium est un des rares conifères à apprécier les milieux humides à immergés. De plus, il dispose de l’incroyable particularité d’être caduc. Ses aiguilles sont toutes petites, souples et se colorent d’un brun intense avant de chuter. Son tronc est lui aussi de couleur brune, largement strié avec un port plus que graphique. Il vit naturellement en zones marécageuses ou à proximité d’étangs. Ses racines forment dans ce milieu des excroissances qui émergent du sol. On les appelle des pneumatophores. Un conifère pour le moins original et qu’il n’est pas très courant d’observer.