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Parler d’agronomie peut parfois être complexe mais il s’agit simplement de savoir comprendre son sol et la façon dont les plantes peuvent y pousser grâce à certains éléments indispensables. Le sol est rempli de microéléments et de minéraux, c’est bien sûr grâce à ces derniers que la croissance végétale est possible. Les engrais et amendements permettent d’apporter ces éléments qui peuvent parfois être déstockés du sol qui s’appauvrit petit à petit par l’érosion ou les tailles éventuelles.
1. DÉFINITION
Avant tout, il est important de définir trois termes parfois difficiles à différencier et que vous aurez certainement déjà entendu si vous possédez un jardin :
– Les engrais : Agronomiquement parlant, les engrais sont des substances apportées dans le sol sous forme liquide ou solide et directement assimilable par la plante. Il s’agit toujours de substances issues de l’industrie chimique car les molécules n’ont pas besoin d’être dégradées par les processus biologiques naturels du sol lors d’une décomposition de matières organiques en matières minérales. Cette action peut s’apparenter à la digestion humaine. Nous devons manger des aliments organiques, puis les digérer pour qu’ils soient ensuite assimilables dans le corps.
Sous cette même comparaison, les engrais pourraient s’apparenter pour l’homme à une perfusion qui apporte directement les matières nutritives dans le sang sans digestion au préalable.
Or, cette définition peut parfois être controversée car on utilise de plus en plus le terme d’engrais organiques pour les substances non chimiques utilisables en agriculture biologique. Ces derniers sont eux aussi constitués de matières minérales mais qui devront être décomposées dans le sol plus ou moins rapidement avant d’être assimilable par la plante.
Le terme engrais est donc de nos jours largement utilisé pour ces matières fertilisantes chimiques ou organiques.
– Les amendements :
Ils ont un rôle assez différent des engrais même s’ils se rapprochent beaucoup de ceux composés de matières organiques. Les amendements ne visent pas dans un premiers temps à nourrir la plante mais à modifier ou améliorer la structure de votre sol (composition organique et chimique du sol). À ce titre, vous pourrez faire un amendement calcique si vous souhaitez baisser le pH de votre sol ou à l’inverse apporter de la terre de bruyère pour l’acidifier. L’enrichissement par un amendement pourra se faire par le biais d’un compost ou d’un fumier mais le processus de décomposition sera beaucoup plus long que dans le cas d’un engrais organique.
– La fertilisation : Elle évoque le fait d’apporter à un milieu de culture comme le sol, des éléments minéraux nécessaires à sa vie et au développement des plantes. De manière plus synthétique, la fertilisation regroupe à la fois l’apport d’un engrais ou d’un amendement.
2. LES COMPOSANTS INDISPENSABLES
Qu’ils soient organiques ou chimiques, les engrais sont composés des mêmes molécules mais avec des quantités différentes en fonction de leur utilisation sur telle ou telle plante.
Vous l’aurez ainsi remarqué s’il vous est déjà arrivé de regarder la composition d’un engrais que vous achetiez. On y retrouve inlassablement les 3 lettres suivantes N,P et K, voici leur signification :
– N est le symbole chimique de l’Azote. C’est l’élément de base pour n’importe quelle plante puisqu’il est responsable de leur croissance en verdure au niveau des tiges et des feuilles. Un sol riche en azote boostera vos plantations en produisant beaucoup de feuillage. Dans le sol, on le trouve naturellement sous forme de nitrates qui sont polluants s’ils sont présents en trop grande quantité puisque s’ils ne sont pas dégradés en acide nitrique assimilable par les plantes, ils finiront lessivés et s’accumuleront dans nos cours d’eau.
– P est le symbole chimique du Phosphore. Cet élément joue un rôle indispensable dans le développement racinaire, la résistance naturelle des plantes aux maladies ou à la sécheresse ainsi que dans la qualité de la fécondation par la floraison. Il est donc indispensable à la plantation puisqu’il favorise un enracinement qualitatif et rapide sans pour autant négliger la production de fleurs.
– K est le symbole chimique de la Potasse. Il assure un développement optimal des fleurs et des fruits. Un sol riche en potasse sera ainsi approprié pour obtenir des floraisons abondantes ou même des fruits en quantité. Il joue aussi un très grand rôle pour les plantes bulbeuses car il facilite l’accumulation de réserves dans leurs organes, nécessaire pour tenir durant leur période de repos.
En résumé, vous devriez toujours regarder la composition de votre engrais avant de l’acheter même s’ils sont bien sûr dosés pour les plantes indiquées sur l’emballage. Vous trouverez alors sur l’étiquette les 3 lettres N,P,K suivis de 3 nombres. Ces 3 nombres correspondent à la proportion de ces trois composants.
Par exemple, un engrais riche en N favorisera la croissance foliaire comme ce serait le cas pour un engrais coup de fouet alors qu’un autre avec une valeur élevée en K sera bénéfique pour les productions fruitières comme les engrais fraisiers ou tomates notamment.
Mais une plante ne pourrait pas vivre avec simplement 3 molécules, à celles-ci s’ajoutent les oligo-éléments. Leur liste est beaucoup plus longue, parmi les plus importantes vous pourrez trouver le Bore (croissance et renouvellement cellulaire), le Zinc (croissance et développement), le Cuivre (favorise l’assimilation de l’Azote et de la Potasse), le Magnésium (formation de chlorophylle pour la photosynthèse), le Souffre (fabrication de protéines et d’acides aminés) ainsi que le Calcium (conservation des fruits et constitution des parois cellulaires)
3. LES ENGRAIS LES PLUS COURANTS
3.1. Les chimiques
Les engrais chimiques proviennent d’une reconstitution industrielle des éléments minéraux évoqués auparavant. Leur principal atout vient du fait qu’ils sont directement accessibles pour les plantes dès lors qu’ils se diffusent dans le sol. Ils ont ainsi une action coup de fouet idéale en cas de carence qu’il faut combler rapidement. En revanche, ils sont bien souvent trop concentrés en raison de proportion N,P, K trop importantes pour que les plantes puissent tout assimiler.
L’exemple le plus probant vient de l’engrais communément appelé triple 15 (N,P, K ; 15, 15, 15). Il est tellement concentré que son action est extrêmement rapide mais les ¾ des matières sont lessivées et sont responsables de la pollution des eaux souterraines. Lorsqu’il est utilisé sur un gazon, ce dernier verdit en peu de temps et ce durant environ 15 jours à 3 semaines puis dès que l’engrais disparaît, le gazon a tendance à dépérir, sécher et se dégarnir transformant une prairie verte en un gazon vieillissant et malade. Inutile donc de vous dire que ce genre de fertilisant est fortement déconseillé !
Les engrais chimiques sont donc intéressants en pot car ils sont plus facilement contrôlables et le gaspillage minéral en est moindre. On distinguera deux grandes catégories d’engrais chimiques :
– Les engrais liquides : Ils sont formulés en solution liquide à diluer dans l’eau puis à utiliser en arrosage. Étant donné qu’ils sont relativement forts, vous devrez éviter d’utiliser ces engrais sur un substrat sec car il pourrait brûler les racines déshydratées des plantations. Arrosez, de préférence une journée avant, à l’eau de pluie pour réhydrater la terre et ainsi éviter ce phénomène de brûlure. De même, certaines plantes ne tolèrent absolument pas les engrais chimiques, renseignez-vous avant un quelconque apport !
– Les engrais de type osmocote : L’efficacité et la concentration reste la même que les engrais liquides. La différence majeure vient du fait que les minéraux sont enfermés dans une capsule en forme de petite bille prévue pour se dégrader lentement et ainsi libérer l’engrais au fur et à mesure. Ainsi, la plante peut absorber les minéraux et éviter les problèmes de lessivage minéral. Vous pourrez aussi trouver les engrais osmocote d’une durée d’action jusqu’à 6 mois. On peut enfin les trouver sous forme de bâtonnets à planter dans le substrat pour les plantes en pot d’intérieur comme d’extérieur.
3.2. Les organiques
Les engrais organiques sont quant à eux originaires de différentes sources naturelles et ont des rôles différents en fonction de leur composition. Pour être efficaces, ils devront dans un premier temps subir dans le sol une dégradation naturelle par les micros organismes qui en extrairont les minéraux et les rendront ensuite disponibles pour les plantes. Leur dégradation est plus ou moins rapide en fonction des engrais mais avec ces derniers, vous enrichirez votre sol sur le long terme et surtout sans le polluer.
Ils ont aussi un côté universel qui fait qu’ils peuvent être utilisés sur toutes les plantes en fonction de leur besoin.
Ces engrais peuvent sembler nouveaux mais sont promis à un très bel avenir. Vous trouverez donc :
– Le sang desséché :
Il s’agit d’un engrais majoritairement azoté, 100% d’origine animale qui est reconnu pour son action coup de fouet. Il agira donc principalement sur le feuillage avec une croissance plus rapide. Son origine naturelle évite aussi le phénomène expliqué dans les engrais chimiques de brûlures racinaires. Il se présente sous la forme d’une poudre fine et vous devrez l’utiliser principalement au printemps lorsque les plantes en ont le plus besoin. Il peut ainsi être épandu en toute quiétude en respectant bien sûr le dosage recommandé à savoir :
Arbres fruitiers et d’ornement : 125 g par m²
Fleurs annuelles, vivaces, légumes et arbustes : 75 g par m²
Gazon : 50 g par m² soit environ une poignée
– La corne broyée :
Elle aussi d’origine animale, la corne n’a pas d’action coup de fouet mais est au contraire un engrais de fond, azoté mais à libération lente. C’est en quelques sorte l’équivalent d’un engrais osmocote mais au naturel. Son effet est donc durable, sans aucun risque de brûlure racinaire et peut surtout s’épandre au printemps ou en automne, à la plantation de vos végétaux sans risque de lessivage des minéraux.
Au point de vue du dosage, il est de :
150 g par m² pour les arbres et arbustes
50 g par m² pour les plantes acidophiles ou rocailleuses
400 g par m² pour les arbres et arbustes fruitiers
– Le Guano :
Plus vulgairement, le guano est de la fiente d’oiseau séchée. Il est vrai que son odeur peut sembler un peu forte mais son efficacité est redoutable. Encore plus rapide que le sang, il s’utilise donc comme un engrais coup de fouet qui stimule rapidement la croissance des plantes tout en enrichissant votre sol. Il est aussi naturellement riche en azote, phosphore et plein d’oligoéléments.
Vous pourrez l’utiliser lors de vos plantations, semis ou repiquages pour optimiser au mieux la reprise végétale. Évitez de l’utiliser pour les plantations d’automne car les plantes n’auront pas le temps d’en profiter avant d’entrer en dormance pour l’hiver. Préférez plutôt une utilisation printanière avec un dosage de 50 g par m² quelles que soient les plantes.
– Les engrais organiques liquides spécialisés :
Parfois, certaines formes sont élaborées en solution liquide mais toujours à base de substances 100% naturelles. Elles correspondent à différentes plantes et différents besoins comme les engrais fraisiers, riches en potasse, ou les engrais bambous, riches en azote. Vous pourrez tout autant les utiliser que les précédents car une fois encore, leur origine naturelle fait que si vous respectez les dosages, il n’y aura aucun risque de pollution de votre sol ou des eaux souterraines.
– L’engrais complet :
Il s’agit d’un fertilisant, bien sûr organique, fabriqué à base d’un mélange de litière végétale et de fiente de volaille sous forme de granulés compressés de couleur brune. Vous pourrez l’utiliser en engrais de fond, sachant qu’il aura un rôle aussi bien rapide que sur le long terme, les 3/4 de l’azote contenu étant à diffusion lente. Il sera dégradé lentement dans votre sol et l’enrichira avec brio durant plusieurs mois. C’est donc une très bonne alternative si vous ne souhaitez pas collectionner les fertilisants et enrichir chaque année en sortie d’hiver vos parterres, quelles que soient les plantes installées. C’est vraiment l’engrais universel organique de référence !
Pour le dosage, comptez :
120 g par m² pour les cultures potagères, le gazon et les massifs d’arbustes, de plantes annuelles ou de vivaces
200 g par m² pour les fraisiers et autres arbustes à petits fruits
350 g par m² pour les arbres fruitiers
Deux apports par an seront recommandés, un en sortie d’hiver vers le mois de mars et un second, en juin ou en septembre, pour favoriser les floraisons ou récoltes d’automne.
Fertiliser ? OUI ! Mais sans excès.
Fertiliser son sol et nourrir ses plantes avec des engrais est une très bonne chose mais un excès peut devenir très néfaste. Vous devrez avant tout apprendre à doser la mesure car vous serez amené à respecter non seulement les doses recommandées mais aussi les périodes de l’année. En effet, un apport d’engrais chimique coup de fouet sur une plante caduque en fin d’automne est complètement ridicule car l’effet sera totalement nul. Rappelons-le, ces fertilisants ont pour but de nourrir la plante et non pas le sol, c’est pourquoi ils ne resteront pas dans le sol jusqu’au printemps mais seront lessivés dans les nappes phréatiques.
La période est donc un facteur clé tout comme le dosage. En effet, en temps normal, l’excédent de minéraux résultant de la dégradation des apports organiques que la plante ne peux ingérer sont fixés dans le sol au sein d’un complexe appelé complexe argilo humique. Il s’agit en fait d’une sorte de réserve de « nourriture » disponible dès que la plante en a besoin. La trop grande proportion de N,P, K créée lors d’une fertilisation trop abondante fait que le sol ne peut en stocker autant et la plante, elle, en utiliser de telles proportions rapidement. Le reste des minéraux seront ensuite lessivés dans le sol par les eaux d’infiltration puis rejoindront les nappes phréatiques. L’accumulation de ces matières minérales provoquera ensuite des pollutions sur le long terme.
Pour conclure, vous devrez respecter les 5 règles suivantes :
– Fertiliser avec un engrais adapté à chaque plante,
– Respecter les conditions d’emploi,
– Préférer les engrais organiques qui favoriseront d’abord la vie du sol avant d’être disponibles pour vos plantes,
– Variez les apports pour diversifier la richesse de votre sol,
– Pensez aussi aux amendement et paillages qui ont un rôle indispensable dans la vie de votre sol !
Ne l’oubliez jamais, des plantes en bonne santé sont le fruit d’un sol en bonne santé !