Quoi de plus frustrant que de voir les fruits de son travail au potager réduits à néant par une maladie ou un ravageur ? Produire ses propres fruits et légumes se généralise de plus en plus, au jardin comme au balcon. Ce n’est toutefois pas toujours très simple car certaines cultures sensibles peuvent être la cible d’une multitude d’insectes ou maladies, souvent cryptogamiques. Leur venue est bien souvent liée à un stress de la plante, plus fragile qu’à la normale et qui sera plus à même de se faire attaquer. Quelques règles de base sont à connaître pour éviter d’avoir à traiter pour un oui pour un non. Découvrons ensemble les astuces pour passer entre les gouttes et assurer une récolte saine et abondante.
1. LA TERRE
La terre ou le substrat est l’élément le plus important pour toute culture potagère. Un support de culture de bonne qualité, travaillé, à la bonne texture et structure est absolument indispensable pour produire des plantes et des fruits de qualité. Inutile de bombarder votre terre d’engrais chimiques, ce n’est en aucun cas la clé de la réussite. Les quelques actions de base à connaître sont :
– Tester et analyser son sol chimiquement pour savoir sur quoi vous allez devoir travailler. Que ce soit au niveau de son pH, que de sa composition chimique, tout comme sa teneur en argiles, limons et sables.
– Amendez au moins une fois par an afin d’entretenir un bon taux de matières organiques, un autre facteur clé en culture potagère. Ces amendements peuvent être sous forme de composts ou de fumiers compostés, mais aussi de chaux ou de terreaux s’il y avait un besoin de réguler le pH vers la neutralité.
– Évitez de labourer votre sol tous les ans en retournant les différentes couches du sol. Cette technique, popularisée par l’agriculture n’est en aucun cas la meilleure solution pour entretenir la vie naturelle de votre sol. Cette vie assure l’équilibre du sol et même si elle peut être microscopique, mieux vaut ne pas la déranger. Que ce soit par des vers, des crustacés, tous autres insectes ou une large population bactérienne, tout cet écosystème assure la bonne santé de votre sol. Les vers aèrent naturellement le sol, vous pouvez toutefois travailler la surface de votre sol avec des outils qui ne mélangent pas les différentes couches. C’est le cas de la grelinette, du râteau ou de la binette.
– En culture hors sol, composez un substrat de qualité, équilibré et pas composé exclusivement de terreau. Le bon mélange serait composé de 50 % de terre végétale pour sa texture argilo-limoneuse, 30 % de terreau potager pour son humus et 20 % de sable pour sa légèreté.
2. L’EXPOSITION
Le second facteur clé dans la réussite d’une culture vivrière est l’exposition au soleil qu’auront les cultures sélectionnées. Ici, il n’y a pas une règle fixe, ceci dépend du besoin de chaque plante. Une tomate ne demandera pas du tout le même bain de soleil qu’une myrtille, par exemple. Adaptez les différents endroits de culture à ce que vous souhaitez produire.
3. L’ARROSAGE
Après le sol et l’exposition, vient l’arrosage, un entretien à maîtriser avec rigueur car le stress hydrique est l’un des plus rapides et visibles lorsqu’il se produit. Une plante ayant subi une carence ou un excès d’eau est une plante qui sera à coup sûr ciblée en priorité par une maladie ou un ravageur.
La bonne règle d’arrosage est de l’effectuer de préférence le matin, à la fraîche. La plante profitera donc de l’apport, mais l’eau ne stagnera pas en journée à son pied, comme ce pourrait être le cas dans le cas d’un arrosage le soir. C’est avec cette humidité que se développent plus facilement les maladies cryptogamiques comme le Mildiou ou l’Oïdium. De plus, évitez les arrosages sur le feuillage et notamment sur les légumes du soleil comme les tomates, cucurbitacées ou pommes de terre. Là encore, ces pulvérisations accentuent le risque de développement des maladies précédemment évoquées.
Utilisez un arrosoir, un jet d’eau ou un tuyau microporeux pour un apport encore plus ciblé. L’utilisation d’un arrosage automatique peut s’avérer être un gain de temps, mais aussi une économie d’eau et surtout, vous pourrez régler l’apport à chaque culture en fonction de leurs besoins.
4. LA FERTILISATION
La fertilisation vient en complément de l’amendement lors du travail de votre sol ou la confection de votre support de culture hors sol. Celle-ci peut rejoindre l’amendement pour une fertilisation de fond une fois par an. L’amendement permet de modifier la structure de votre sol, son pH ou sa teneur en humus, alors que la fertilisation a pour but d’apporter des minéraux, la nourriture de vos plantations.
Ne prenez pas le premier engrais qui vous tombe sous la main, choisissez de préférence un organique, composé de matières naturelles, souvent concentrées ou déshydratées. Il existe des fertilisants pour tous types de cultures avec des dosages en azote, phosphore et potasse différents selon les besoins. Ces trois minéraux sont les indispensables pour une plante, il en existe toute une panoplie d’autres, mais dont la concentration est plus négligeable dans un fertilisant.
Les apports peuvent venir en cours de culture, en cas de carence ou tout simplement pour renforcer les floraisons et donc les fructifications. Liquides ou solides, ils s’adaptent à la façon dont vous souhaitez les utiliser. Les liquides auront une action plus rapide puisque plus rapidement assimilables par la plante.
5. LE BON TIMING
Respecter les saisons de plantation et de semis semble plus que basique, mais ce n’est pas nécessairement une évidence à l’heure où il est possible de trouver toutes sortes de fruits et légumes sur les étals, peu importe le mois de l’année. Au jardin, vous devrez vous caler aux cycles de cultures de chacun des fruits et légumes sélectionnés. Leur besoin en chaleur et en ensoleillement suivent une saisonnalité qu’il n’est pas possible de contrôler entièrement. Vous pourrez tout de même, avancer quelques cultures en cultivant sous serre.
Pour les plus avertis, le jardinage avec la lune, en suivant également ses cycles, a lui aussi fait ses preuves. Vous pourrez suivre le calendrier lunaire selon la nature de la récolte souhaitée.
6. LES BONNES VARIÉTÉS
Il peut être parfois compliqué de s’y retrouver dans les variétés tant le nombre proposé peut-être important pour un seul et même fruit ou légume. Le plus simple est de s’orienter vers des variétés anciennes ayant fait leur preuve et résistées naturellement aux maladies et ravageurs avec le temps.
La seconde option est de s’orienter vers les nouvelles sélections humaines issues d’hybridations en plusieurs variétés. Le but de ces sélections est de ne garder que les variétés les plus résistantes, les croiser, pour obtenir de nouvelles variétés encore plus résistantes à certaines maladies. Elles sont bien souvent stériles et leurs semences récoltées ne peuvent être réutilisées l’année suivante. On reconnaît ces variétés au symbole F1 qui suit leur nom.
7. LES RÈGLES DE CULTURE
Lorsque toutes les règles précédentes sont assimilées et respectées, on peut dire que vous avez déjà 90 % des cartes en main pour réussir vos cultures potagères en produisant des fruits et légumes forts et résistants qui n’intéresseront pas insectes, ravageurs et autres maladies. De nombreuses autres astuces du jardinier permettent de compléter ces règles et d’affiner encore un peu plus la réussite au potager.
Les distances de semis et plantation
Ne pas trop serrer est une règle à prendre en compte pour maintenir une bonne ventilation des plants entre eux. De l’air qui passe entre les cultures permet d’éviter la formation d’une ambiance confinée, idéale pour le développement des champignons. Chaque culture prend une taille adulte différente, il est donc indispensable de la connaître dès le semis ou la plantation.
La rotation de cultures
Cette technique vise à ne pas cultiver le même fruit ou légume chaque année au même endroit. Chaque plante a des besoins différents, c’est pourquoi il est important de les faire tourner d’une année sur l’autre pour ne pas épuiser le sol par des cultures gourmandes. Le but est aussi d’éviter la contraction d’une éventuelle maladie apparue précédemment et en dormance dans le sol. Privilégiez des fruits et légumes aux caractéristiques différentes d’une année à l’autre.
Une façon simple de mettre la rotation de culture en place est de planter les légumes suivant le cycle légumes fruits, légumes racines, légumes feuilles et légumes graines.
Le compagnonnage
Cette technique assez peu utilisée a vu le jour avec les observations du jardinier qui, au fil des ans, s’est rendu compte que certaines plantes pouvaient s’entraider ou bien d’autres se faire une concurrence inutile et en devenir néfastes l’une pour l’autre. Quand une plante peut faire fuir les ravageurs qui en attaqueraient une autre, d’autres peuvent aussi enrichir le sol en azote pour sa voisine qui est très gourmande. Les variantes du compagnonnage sont tellement nombreuses que le sujet peut être intéressant à mettre en place pour sortir de l’idée du potager en ligne, très rigoureux et d’aspect « propre ».
Les engrais verts
Selon le même principe que la rotation de cultures, l’engrais vert est une plante ayant la faculté de stocker des réserves d’Azote dans son système racinaire, directement puisé dans l’air. Ces cultures ne sont pas récoltées, mais broyées au potager pour enrichir le sol avec l’azote qu’elles auront fixé dans leurs racines. La technique de l’engrais vert est surtout réservée pour les potagers de grande taille où des surfaces peuvent rester inexploitées durant la culture de l’engrais vert.
Le paillage
On ne recommande plus les bienfaits du paillage au jardin. Bien qu’ils deviennent monnaie courante dans les massifs, il n’est encore que marginal au potager. Dans une optique de gestion de l’eau mais aussi de préservation des insectes auxiliaires, pailler votre potager améliore significativement la santé et la résistance des cultures. Étant donné que l’accès à la terre est plus souvent nécessaire qu’au jardin d’ornement, utilisez plutôt des paillis grossiers comme des broyats ou de la paille de blé. Évitez les tontes de pelouse même séchées car elles pourraient contenir des graines d’adventices ou des maladies.