La chaleur estivale est de plus en plus présente ces dernières années et elle s’installe parfois par pics de chaleur intense de plusieurs jours consécutifs. Savoir comment réagir au jardin n’est pas toujours chose aisée car, que ce soit au potager, sur la terrasse ou au jardin d’ornement, les plantations ne sont pas habituées à de tels chocs thermiques.
Il existe même certaines idées reçues qui ne se vérifient pas, de mauvaises pratiques qui font plus de mal que de bien. Afin de démêler le faux du vrai, voilà comment appréhender au mieux ces pics et réduire au maximum les répercussions négatives sur votre jardin.
1. COMMENT ANTICIPER LES PROBLÈMES OCCASIONNÉS PAR UNE CANICULE ?
Lors d’une canicule, le problème numéro un est surtout l’intensité de la chaleur associée aux UV du soleil. La sécheresse accentue bien souvent ces effets négatifs mais ce n’est pas le problème principal d’une canicule.
Les choses à faire bien en amont sont surtout issues du bon sens. Planter à la bonne exposition et notamment les plantes d’ombre qui seront les premières à souffrir. Offrir de l’ombre au jardin de manière globale est toujours une bonne astuce pour aborder avec plus de sérénité les canicules des années suivantes.
Le travail du sol et son amendements se font également bien avant les plantations et jouent un rôle tout aussi important. En effet, un sol avec une meilleure rétention d’eau, plus riche et frais favorisera toujours une meilleure résistance des plantes durant l’été.
Attention, il vous faut toujours planter les espèces qui correspondent à votre sol de base. L’amendement ne sert qu’à l’améliorer, ce n’est pas une solution miracle !
Une plante en bonne santé, plantée dans les meilleures conditions et adaptée à la région sera toujours plus à même de passer les étés, même caniculaires, sans dégâts particuliers.
2. EN QUOI RECONNAÎT-ON UNE PLANTE CAPABLE DE RÉSISTER AUX FORTES CHALEURS ?
Les plantes grasses :
On les connaît également sous leur nom de plantes succulentes. Pour elles, l’adaptation s’est faite dans leurs feuilles qui se sont épaissies au fil des siècles afin de se gorger d’eau. Elles forment ainsi des réservoirs disponibles à chacun de leurs besoins même pendant les sécheresses les plus longues. Beaucoup sont des plantes cultivées comme plantes d’intérieur mais il existe cependant bon nombre de variétés de Sedum ou Sempervivum cultivables dans nos jardins français.
Les plantes à feuillages gris plus ou moins duveteux :
Toutes les plantes de cette catégorie ne sont pas forcément championnes de la résistance aux chaleurs prolongée mais plutôt résistantes aux rayons intenses du soleil et aux vents desséchants.
Les plantes à feuillage très fins :
Le fait d’avoir de petites feuilles limite ainsi l’évapotranspiration (évaporation de l’eau contenue dans les feuilles sous l’effet de la chaleur). Chez les arbres, l’exemple le plus récurrent se trouve chez certaines variétés d’Acacia capables de résister dans les déserts les plus secs. Il va de même pour les graminées, la majeure partie des variétés disposent d’un feuillage fin, rêche et long ayant le même effet face à l’évapotranspiration.
Il va de soi qu’une plante ne peut être totalement résistante à la chaleur qu’une fois enracinée. Les racines les plus profondes assurent une meilleure régulation de l’eau dans la plante. Une plante totalement enracinée sera donc mieux armée qu’une en motte venant d’être plantée.
3. FAUT-IL ARROSER PLUS ?
L’arrosage est considéré comme le nerf de la guerre lorsque l’on parle de chaleur et pourtant…
En situation de sécheresse, il est évident qu’une plante qui a soif doit être arrosée afin de réduire au maximum son stress hydrique. En situation de canicule, les causes des éventuels problèmes sont toutes autres.
On ne parle plus ici de stress hydrique mais de coup de chaud ou coup de soleil. Ces deux problèmes n’ont pas forcement de lien avec l’arrosage et vous pourriez confondre les symptômes. De plus, ils peuvent survenir même si la plante est correctement arrosée.
La seule règle à suivre est d’arroser en suivant vos habitudes normales mais avec une plus grande vigilance. C’est à dire :
– Arroser le soir ou le matin ‘’à la fraîche’’
– Seulement les plantes qui ont besoin ou sont en cours d’enracinement
– Apporter l’eau en bonne quantité mais de façon espacée et non pas tous les jours
Canicule ne veux pas dire arroser plus mais seulement être plus vigilant et apprendre à différencier le stress hydrique du coup de chaleur.
4. PEUT-ON TOUT DE MÊME PLANTER DURANT CES PÉRIODES ?
Même si cette question peut sembler ridicule, il est nécessaire de l’aborder. Les plantations estivales sont toujours plus risquées en raison des apports naturels d’eau moins conséquents et des températures moyennes plus hautes que le reste de l’année. En plus, durant l’été, les plantes sont soit en période de floraison soit en fin de croissance printanière.
Avec ces quelques informations, vous l’aurez compris, la plantation estivale n’est donc pas la plus adéquate en période de canicule, il est évident qu’il ne faut surtout pas planter.
Si vous aviez des plantes achetées récemment encore dans leur pot et en attente de plantation, gardez-les à l’ombre en les chouchoutant mais reportez la plantation à un moment où les chaleurs se seront atténuées.
5. DÉPLACER LES PLANTES EN POT EST-IL UNE BONNE CHOSE ?
Au même titre qu’une plante en pleine terre, une plante en pot doit être placée à l’exposition qu’elle demande. Certaines tolèrent le plein soleil même brûlant pour une large gamme de plantes méditerranéennes mais ce n’est pas le cas de toutes.
Le souci en pot ne vient pas forcement de la résistance de la plante mais bel et bien de l’exposition de ses racines à la chaleur. Le pot étant soumis aux températures extérieures, la chaleur se répercute au substrat et à tout le système racinaire. La plante peut alors souffrir beaucoup plus vite de cet excès. En période de canicule et si cela est possible, mieux vaut déplacer vos pots dans un endroit plus ombragé et aéré.
Le choix du matériau joue aussi un rôle sur l’inertie thermique. Préférez dans ce cas les pots en terre cuite car ceux en plastique ou résine chauffent beaucoup plus.
6. LE PAILLAGE A T-IL UN EFFET BÉNÉFIQUE CONTRE LA CHALEUR ?
Contre la chaleur, l’isolation est le meilleur remède. Depuis toujours, le paillage d’un sol est intimement lié à cela. Il est donc évident que pailler un sol a un rôle bénéfique pour les plantes en cas de canicule.
Une nouvelle fois, les paillis minéraux conserveront et accentueront la chaleur alors que les paillis organiques auront un pouvoir isolant nettement supérieur. Il vous faut adapter le paillage en fonction du choix des plantes. Certaines, appréciant les conditions chaudes, préfèrent le minéral alors que d’autres nécessitant de la fraîcheur demanderont de l’organique.
Ce dernier a aussi l’avantage de se décomposer et ainsi d’enrichir le sol progressivement. Au même titre que l’amendement évoqué au début, cette décomposition améliore la qualité du sol, diminue le stress des plantes qui prospèrent mieux et ainsi les rend plus résistantes en cas de chaleur. C’est un véritable effet boule de neige dans lequel tout est lié.
Évitez par contre les toiles de sol si elles ne sont pas recouvertes d’un paillis minéral. Elles tassent le sol, le protègent certes de l’érosion mais le réchauffent bien plus que s’il était à nu.
7. LA TAILLE EST-ELLE AUTORISÉE ?
La taille de manière générale est un vaste chapitre. Les techniques sont nombreuses et doivent être sans cesse adaptées aux circonstances et aux besoins. Cependant, au même titre que la plantation, toute taille est fortement déconseillée lors d’une période de canicule.
Une plante fraîchement taillée laisse à l’air libre une quantité de plaie plus ou moins conséquentes par lesquelles la sève peut s’écouler. Ce phénomène, si insignifiant soit-il participe activement à la déshydratation de la plante en question.
De plus, la première réaction biologique d’une plante qui vient d’être taillée est de reformer de nouvelles tiges pour augmenter son pouvoir photosynthétique. Hors, la meilleure chose à faire pour une plante en période de forte chaleur est comme pour nous jardiniers… de reposer et éviter de se mettre en activité trop intense.
La taille crée un stress à court et moyen terme, chose à éviter absolument en ces périodes.
8. QUE FAIRE POUR LE POTAGER ?
Le potager est bien souvent, après les pots en terrasse, le second endroit à souffrir d’une chaleur anormalement haute. Les légumes sont des cultures dont le système racinaire ne se déploie pas en profondeur. Au contraire, il reste superficiel puisqu’il bénéficie des arrosages réguliers du jardinier.
Ceci associé au fait que ce sont des feuillages tendres et jeunes rend les légumes plus sensibles au coup de chaud.
Parmi ceux qui résistent le mieux à ces conditions, on trouve évidemment tous les légumes du soleil (tomates, poivrons, aubergines, etc.)
Les plus sensibles sont les cucurbitacées, les légumes feuilles comme la salade ou ceux qui apprécient la fraîcheur comme les radis.
Tout l’enjeu est une fois encore dans l’anticipation. Le paillage du potager est tout aussi important voir plus qu’au jardin d’ornement, tout comme le fait d’apporter des zones d’ombre afin de protéger les plus sensibles. L’ombre peut être procurée par des plantes à fleur de grand développement ne craignant pas la chaleur comme les Tournesols, Amaranthes, Pois de senteur, etc.
Ou bien artificiellement à l’aide de toiles d’ombrage, de parasols ou même de pergolas.
Les autres conseils demeurent les mêmes, c’est à dire arroser à la fraîche sans toucher les feuilles, de manière raisonnée, pas nécessairement plus que d’habitude.
9. QUE FAIRE POUR LE GAZON ?
Le gazon suit le chemin des autres plantations, d’autant plus qu’il s’agit d’une surface lisse avec des graminées où l’enracinement n’est que de quelques centimètres de profondeur. La sécheresse fait généralement plus de dégâts qu’une forte chaleur. De ce fait, la pelouse se protège dès le début de l’été et réduit sa surface végétative afin de protéger son système racinaire. Il est en quelque sort en phase de repos afin de pouvoir repartir en fin d’été dès que les pluies reviennent.
Certes le tapis vert vire au brun chaque année mais pour autant, il n’est pas conseillé de l’arroser si cela fait plus d’un an qu’il est semé.
Dans un contexte où l’eau devient de plus en plus rare, arroser abondamment une surface non vivrière, exclusivement décorative n’a pas trop de sens.
En ce qui concerne les tontes, espacez-les et surtout couper moins court. Réduire le stress et permettre au gazon de s’auto-ombrager les racines lui donne plus de résistance et fait qu’il restera vert plus facilement et plus longtemps.
10. COMMENT GUÉRIR UNE PLANTE AYANT SUBI UNE BRÛLURE ?
Lorsque la brûlure est constatée, le feuillage se nécrose mais sans traces de pourritures. Il sèche et brunit de manière homogène, un peu à la façon d’un coup de soleil sur la peau.
Il n’existe pas de solution pour faire reverdir les feuilles atteintes une fois que les cellules sont mortes. Toutefois, pas d’inquiétude, un coup de soleil a peu de chance d’entraîner la mort car le système racinaire et les branches ne sont pas concernées.
La première chose à faire est simple… Rien !
Vous devrez tout simplement patienter la fin de l’été et le retour de la fraîcheur pour tailler les parties brûlées avec des coupes nettes et en atteignant une partie saine.
Chez les plantes aux feuilles caduques, elles vont de toute façon les renouveler le printemps prochain, rien ne sert donc de s’en occuper, elles tomberont d’elles-mêmes à l’automne.
Les fruits et légumes peuvent quant à eux cicatriser d’une brûlure, n’empêchant pas le mûrissement. Il y aura simplement une tâche sèche lors de la cueillette mais qui ne changera ni le goût ni les qualités nutritionnelles de ce dernier.
Vous avez à présent toutes les clés en mains pour affronter avec plus de sérénité la prochaine canicule au jardin. Le principal est de connaître les bonnes techniques sans vouloir en faire trop car ce peut avoir parfois un effet plus négatif que positif. La nature est bien faite et sait toujours s’en sortir, c’est simplement au jardinier de lui donner le petit coup de pouce lorsque c’est nécessaire.