Nom latin : Daucus carota
Famille : apiacées
Légume que l’on ne présente plus tant il est connu. Selon la légende, la Carotte rendrait aimable celui qui en mange. Au-delà de cette réputation fantaisiste qui lui colle à la peau, c’est un légume apprécié des petits et des grands, facile à cultiver et qui se consomme à toutes les sauces.
1. SES CARACTÉRISTIQUES
La Carotte est un légume racine, c’est à dire que la partie comestible est souterraine. Cet organe se développe plus chez cette plante que sur la plupart des autres légumes en agissant comme une réserve. Comme il s’agit d’une bisannuelle, son cycle de croissance se déroule en deux phases, la première étant la phase de croissance racinaire. Pour la seconde année, la réserve accumulée dans la racine lui sert à tenir durant le froid de l’hiver lui permet d’émettre la fleur et enfin les graines. Elles pourront se ressemer et le cycle recommence.
En culture, la Carotte est donc cueillie de manière anticipée car le jardinier cherche justement à consommer sa racine, encore tendre et gorgée de réserves à l’issue de la première année.
Au même titre que la Betterave, la Carotte est surtout un légume de fin d’été, d’automne et d’hiver. Elle résiste bien au froid et aux gelées.
À l’origine, la Carotte est très proche du Panais, elle n’a pas toujours été orange. Les sélections au fil des siècles ont permis à ce légume de devenir plus gros avec des couleurs presque extravagantes aujourd’hui. Orange, blanche, rouge ou même jaune, le choix est vaste pour apporter de la gourmandise dans les assiettes. Elle se consomme de bien des façons, crue, cuite, en soupe, en jus, il y en a pour tous les goûts !
Ce légume est très riche en carotène, lui donnant cette teinte orange si caractéristique. Ce pigment est reconnu pour ses bienfaits sur la peau face au soleil. Certains font même des cures de jus de Carotte avant l’été.
2. LES DIFFÉRENTES VARIÉTÉS
Comme tout légume, les hybridations en vue de produire des légumes toujours plus savoureux et productifs ont permis d’offrir sur le marché une quantité impressionnante de variétés.
– Carotte Nantaise : L’une des variétés les plus utilisées, passe-partout et aux multiples qualités. Elle peut être à la fois précoce mais aussi se semer en échelonné pour profiter des récoltes jusqu’en début d’hiver. Sa conservation est bonne, tout comme sa résistance aux maladies et son calibre est généreux. Le tout avec une belle couleur vive et une chair finement sucrée.
– Carotte de Colmar à cœur rouge : Variété très productive à grosse racine se terminant en pointe. Sa chair est ferme et foncée. C’est une Carotte d’automne qui se conserve très bien durant l’hiver.
– Carotte touchon : La variété la plus précoce de cette liste avec un semis possible dès le mois de février et une récolte à partir de juin. Sa racine est demi-longue et cylindrique.
– Carotte blanche à collet vert : Cette Carotte très productive donne une racine grosse, longue et charnue. Sa couleur est blanche comme l’étaient les espèces sauvages. On la destine surtout à l’alimentation animale (lapins) d’autant qu’elle se conserve merveilleusement bien.
– Carotte ronde marché de Paris : Variété originale de par sa forme et sa taille inhabituelle. Avec ses 3 à 4 cm de large, la racine est presque ronde. On l’utilise surtout en apéritif ou pour décorer un plat en la consommant entière et crue.
– Carotte goldnugget : Carotte hybride de la Nantaise qui montre les mêmes caractéristiques de précocité et d’étalement de récolte. Elle est en revanche encore plus sucrée et juteuse. Une autre caractéristique et pas des moindre est sa couleur jaune intense qui apportera une touche d’originalité à vos plats.
– Carotte purple haze : Une seconde variété hybride F1 créee pour sa couleur tout à fait originale. Sa peau et plus ou moins 1 cm de sa chair sont violet intense et son cœur est orange. C’est une Carotte de mi-saison qui saura embellir vos salades froides ou vos plats cuisinés. Sa racine de près de 18 cm n’a rien à envier aux variétés les mieux notées.
3. CULTURE ET ENTRETIEN DE LA PLANTE
La culture de la Carotte n’est pas difficile mais avoir un sol qui lui correspond est tout de même gage de qualité dans la production. Cette plante aime les sols drainants et légers. Un terrain sableux et profond est tout à fait ce qu’elle recherche et c’est comme cela que vous obtiendrez les plus belles racines. Attention toutefois car sableux ne veut pas dire caillouteux. Il vaut mieux éviter cela au risque de produire des Carottes complètement difformes. De même, les sols lourds, argileux, durs ou gorgés d’eau ne conviennent pas à sa culture. Si tel est le cas, un drainage et un allègement du sol est indispensable. Dans les cas les plus complexes, cultivez la Carotte en carré potager surélevé, cette technique a déjà fait ses preuves car vous maîtrisez à 100 % votre substrat.
Avant toute culture de Carotte, il est préférable de fertiliser votre sol avec un engrais organique riche en Potasse et Phosphore.
3.1. Le semis
La Carotte est un légume qui ne craint pas le froid, c’est pourquoi c’est l’un des premiers que l’on peut semer au potager. Dès le mois de février pour les variétés les plus précoces et jusqu’en juin pour une récolte hivernale. Le meilleur mois pour une rapidité de semis, de développement puis de récolte est avril car la terre est déjà réchauffée et le froid ralentissant la croissance est moins présent.
La Carotte se sème toujours en place et en sillons espacés de 30 cm. Certains les sèment en rangées de 20 cm mais les travaux d’éclaircissage et de désherbage en deviennent alors nettement plus fastidieux. Pour faire au plus simple et efficace :
– Tendez un cordeau en ligne droite
– Bêchez votre sol sur au moins 20 cm de profondeur afin de l’ameublir. Ne retournez pas la terre car il ne faut jamais mélanger vos strates naturelles du sol. Utilisez une fourche à bécher ou bien une grelinette qui sera encore plus efficiente
– Lissez à l’aide d’un râteau puis délimitez un sillon de quelques millimètres de profondeur
À savoir : Les graines de Carottes sont très fines, rendant le semis parfois compliqué, associez les à du sable dans votre semoir, le semis sera alors mieux réparti et vous ne risquerez pas de semer trop dense.
– Semez ensuite dans le sillon, le but est d’avoir un plant tous les 7/8 cm, il faut donc doser correctement le semis pour ne pas avoir de trous ou à l’inverse trop de jeunes plants.
– Tassez légèrement avec le dessus du râteau l’ensemble de votre sillon sans trop recouvrir les graines
– Terminez en arrosant en pluie fine et en veillant à ce que l’eau s’infiltre correctement et complètement.
3.2. Le repiquage
La durée de levée varie en fonction de la température de l’air et du sol. Dans une logique de bonne production, nous avons vu qu’il fallait conserver un plant tous les 7 à 8 cm. Avec cet espacement, les Carottes peuvent se développer correctement sans se toucher et ainsi atteindre une taille la plus belle possible.
C’est au donc au stade 2 ou 3 feuilles que vous devrez procéder à un éclaircissage si nécessaire :
– Déterrez les plants les plus faibles au profit des plus forts
– Repiquez-les si vous le souhaitez que ce soit dans un nouveau rang ou bien entre les espaces qui seraient vides s’il y a eu un défaut de levée à certains endroits
– Arrosez toujours après le repiquage afin de réduire le stress au maximum et assurer une bonne reprise.
4. ENTRETIEN AU COURS DE LA SAISON
4.1. L’arrosage
La Carotte est un légume qui ne nécessite pas beaucoup d’eau pour pousser. Sa racine longue s’enterre dans le sol dans le but de trouver cette ressource. Il ne faut donc arroser que lors des deux conditions suivantes :
– Avant la levée et jusqu’à environ une quinzaine de jour après les repiquages. Il est nécessaire de maintenir le sol frais et d’arroser à l’eau de pluie pour aider à l’enracinement primaire.
– En période de sécheresse car sans un apport de soutien, vous récolterez des Carottes plus petites qu’à l’accoutumée et surtout plus fibreuses.
L’utilisation d’un paillage après le stade 3 feuilles est recommandé. Il évite l’évaporation de l’eau du sol, la pousse d’adventices et surtout de passer la binette entre les rangs au risque d’endommager les racines. Le paillage doit être neutre (paille, chanvre, miscanthus, brf) et étalé sur quelques centimètres d’épaisseur.
4.2. Les maladies
La Carotte est un légume peu malade si les conditions de culture lui conviennent. On note seulement deux maladies majeures et potentielles :
– L’Alternariose. Par temps doux et humide, les feuilles viennent à se tacher de noir et de jaune. La verdure perd de son éclat. Sans action, les feuilles se dessèchent et la racine stoppe alors son développement, mieux vaut les arracher pour récolter quand même quelque chose. Le plus simple est de traiter préventivement avec une décoction de prêle ou bien de la bouillie bordelaise dès les premiers symptômes.
– Le Rhizoctone violet. C’est une maladie qui se repère souvent trop tard puisqu’elle est visible sur la racine et donc au moment de l’arrachage. Les symptômes sur le feuillage sont les mêmes qu’un manque d’eau, il jaunit. Les traitements n’existent pas, une rotation de culture et une amélioration de la structure du sol sont des solutions. L’installation d’une graminée de type ray grass permet aussi de stopper le cycle après leur récolte. Il est toutefois rare de faire ce type d’inter-culture en potager.
4.3. Les parasites
Du côté des parasites, ce sont souvent les insectes du sol qui posent soucis :
– Les Taupins. Ce sont des petits vers qui se nourrissent de la racine en y creusant des galeries. Une nouvelle fois, on ne remarque les dégâts que lors de la récolte. Qui plus est, ils sont durs à déloger car les produits phytosanitaires contre les insectes du sol sont interdits pour les jardiniers amateurs. La rotation de culture permet de limiter leur apparition.
– La Mouche de la Carotte. C’est l’insecte le plus présent sur les cultures de Carottes. Une mouche vient pondre ses œufs sur les feuilles puis les jeunes asticots migrent dans la racine pour s’en nourrir. Ils creusent alors des galeries, ce qui endommage la racine et la nécrose. Les signes extérieurs d’attaque sont le jaunissement des feuilles, mais lorsque c’est le cas, il est déjà trop tard pour agir.
Le plus efficace est d’étendre au-dessus de vos rangs, dès le début de saison, un filet anti insectes à mailles fines. La mouche ne pourra pas pondre et l’attaque est alors impossible. Des traitements répulsifs à base de décoction de Lavande sont aussi d’une bonne efficacité.
– Les Pucerons. Les attaques de ces insectes sont rares sur les Carottes, ils préfèrent souvent d’autres cultures et se régulent naturellement par la présence des auxiliaires.
4.4. La récolte
On compte environ de 3 à 6 mois après le semis pour considérer que la récolte peut se faire, ceci varie selon les variétés.
Les précoces peuvent arriver en seulement trois mois si elles ont été protégées du froid à l’état juvénile.
Celles d’été arrivent aux alentours des 4 à 5 mois pour un bon stade de développement.
Les plus longues et tardives demanderont enfin 6 mois de maturité avant d’être arrachées.
Pour récolter la Carotte, vous devez vous munir d’une fourche à bêcher pour ne pas abîmer les racines ou casser le collet lors de l’arrachage. Enfoncez la fourche au pied puis saisissez les feuilles, faites un mouvement de levier avec la fourche et tirez sur les feuilles pour arracher la Carotte en une seule fois. Laissez-les sécher ensuite quelques heures pour en ôter facilement la terre.
Au niveau conservation, il existe deux techniques :
– Laisser la Carotte au potager et arracher au fur et à mesure des besoins. Vous conservez alors une fraîcheur optimale mais deux inconvénients sont à noter. Le premier est que l’arrachage dans un sol gorgé d’eau l’hiver peut rapidement devenir pénible. Le second est que les Carottes encore en terre deviendront un véritable garde-manger pour de nombreux insectes et rongeurs qui ne trouvent guerre de nourriture durant cette saison.
– Arracher l’ensemble de votre récolte lorsqu’elles sont arrivées à maturité. C’est le meilleur moyen d’optimiser vos rendements tout en maintenant ces légumes à disposition dès que nécessaire. Une fois arrachées, les fanes sont coupées puis vous positionnerez les Carottes les unes à côté des autres dans une auge remplie de sable sec. Elles ne se déshydrateront donc pas et conserveront leur fraîcheur d’après récolte durant de longues semaines.
Attention ! Ne conservez de cette manière que les Carottes saines, sans blessures et entières, dans le cas contraire elles pourraient pourrir et surtout faire pourrir les autres.