La maladie du corail est une maladie peu courante, mais pas non plus rare. Elle se manifeste sur les arbres et n’a aucun rapport direct avec les coraux. Ce champignon tire son nom de sa ressemblance à la couleur corail lorsqu’il se manifeste. Traiter et éliminer la maladie du corail dépend de plusieurs critères, mais ce n’est pas toujours chose aisée. Nous allons voir comment reconnaître cet indésirable afin d’agir avant que les choses ne soient irréversibles.
1. LA MALADIE
1.1. Description
La maladie du corail est une maladie qui est causée par un champignon qui répond sous le nom de Nectria cinnabarina. Contrairement à beaucoup d’autres champignons qui vivent et se développent sur des tissus végétal en décomposition, notre intéressé est un parasite. C’est-à-dire qu’il pénètre souvent par le biais d’une blessure sous l’écorce d’un arbre vivant. Il s’installe dans le bois qu’il nécrose petit à petit, empêchant la sève d’être véhiculé dans le rameau atteint.
On reconnaît cette maladie très facilement aux pustules rondes de moins d’un centimètre qui émergent de sous l’écorce. D’une couleur rose corail, on ne peut se tromper quand à cet indésirable. Petit à petit la couleur de ces pustules évolue dans des teintes brunes. Très vite, l’apparition de ces dernières amorce une propagation rapide du champignon. De nombreux spores (organites permettant la reproduction des champignons) sont libérées et se propagent à l’aide du vent ou des oiseaux, d’un individu à l’autre, ou même au sein du même arbre.
L’évolution de la situation devient vite préjudiciable à l’arbre contaminé sur ses parties atteintes. Les parties remplies de pustules se dessèchent, ce qui conduit à l’avortement des bourgeons puis, au dessèchement global de la partie contaminée. Plus le champignon se développe et plus les rameaux dépérissent. Selon la taille de l’hôte, la contamination est plus ou moins longue mais l’issue est malheureusement toujours la même. Si l’arbre ne meure pas, il est rongé à petit feu et peut alors se faire contaminer par d’autres champignons encore plus virulents.
1.2. Les facteurs de développement
L’humidité est l’allié numéro un des champignons de manière générale, et ceci est d’autant plus vrai pour les champignons responsables des maladies. Ensuite, il n’y a pas réellement de période de contamination en tant que telle. Le principal facteur aggravant la propagation de ce champignon est purement et simplement la négligence du jardinier. En effet, ce champignon se développe en priorité sur le bois mort ou les arbres affaiblis. C’est pourquoi un arbre avec des branches mortes laissées sur sa ramure ou des coupes arrachées et non cicatrisées est un hôte idéal pour la maladie du corail. Là est tout l’intérêt de tailles ordonnées et suivant les bonnes pratiques.
2. LES PLANTES SENSIBLES
La palette végétale touchée par la maladie du corail est assez large. En revanche, ce ne sont que des plantes ligneuses à grand développement : les arbres. Les plantes herbacées ne sont bien sûr pas concernées, car elles n’ont pas de structure secondaire.
On notera alors une grande partie des arbres fruitiers cultivables en France comme le Pommier, Poirier, Cerisier, Prunier, Châtaignier ou encore Noisetier. Une exception en termes de taille adulte pour le Groseillier, nettement plus petit que les autres, mais bien souvent atteint sur de vieux pieds.
Du côté du jardin d’ornement, la maladie n’est pas moins redoutable. Les Érables, Cercis, Marronniers, Aulnes, Tilleuls, Albizia ou autres Magnolia sont les premiers à devoir lutter.
3. LES MÉTHODES DE LUTTE
Depuis janvier 2019, la lutte chimique avec des produits phytosanitaires de synthèse est interdite pour le jardinier amateur. C’est pourquoi, il est important de connaître et de mettre en pratique des techniques préventives basées sur des moyens mécaniques, de bonnes pratiques, mais aussi des renforcements de défense immunitaire des plantes. Parmi tous ces moyens, la prévention est le seul moyen d’empêcher l’installation ou bien de limiter les dégâts.
3.1. La lutte préventive
La taille
Un sujet bien taillé et entretenu avec soin, et vous limitez fortement le risque d’installation du champignon. Les techniques de taille sont nombreuses et doivent s’adapter avec l’espèce concernée. Ceci est surtout valable pour les arbres fruitiers. Entre les tailles de formation, de fructification, de rajeunissement, en crochet, trigemme, il y a de quoi s’y perdre … Pas de panique, la manière d’effectuer une coupe est toujours la même.
La première chose à faire est d’éliminer les bois morts, de véritables nids pour parasites et champignons.
Ensuite, les coupes doivent être nettes, une lame tranchante et un sécateur de qualité est donc indispensable. La désinfection de la lame avant et après toutes tailles est obligatoire pour ne pas ouvrir une plaie malsaine. Coupez toujours au-dessus d’un bourgeon pour les petites coupes ou à l’aisselle d’une ramification. Le but est de conserver ce que l’on appelle un tire-sève, un bourgeon ou une tige terminale qui encouragera la sève à monter et par la même occasion à aider à la cicatrisation des plaies.
La fréquence doit être au minimum d’une taille ou au moins la surveillance des ramures une fois par an.
Ne négligez pas ensuite l’après taille. Une fois les plaies créées, la cicatrisation doit se faire et même si, tout a été fait dans les règles de l’art. Si la coupe est plus large que le diamètre d’un pouce, elle doit être recouverte d’un baume cicatrisant à base d’essence de térébenthine. Si la coupe est plus petite, la cicatrisation naturelle est plus efficace surtout si l’arbre est en période végétative.
La fertilisation
Loin du jardinier de penser que la fertilisation peut avoir un rôle de lutte contre une maladie, et pourtant. Un arbre en bonne santé, taillé et nettoyé comme il faut dans un sol comme il le demande et vous avez toutes les cartes en main pour ne jamais voir cette maladie du corail s’installer sur les branches.
À ce titre, faites un apport chaque printemps de compost maison ou de fumier décomposé. Inutile de l’enfouir, il s’épand directement au sol en paillage et se trouve lentement mais sûrement digéré par le sol. Les minéraux qu’ils contiennent deviennent alors au fur et à mesure accessibles à l’arbre qui sera nettement plus résistants aux attaques parasitaires et fongiques.
3.2. La lutte curative
Vous l’aurez sans doute compris, la lutte curative comme à l’accoutumée avec un produit phytosanitaire n’est pas possible. Les traitements fongicides étant interdit aux jardiniers particuliers, il n’est pas impossible d’agir mais vous devrez là encore le faire le plus tôt possible. Les techniques ne sont pas différentes, mais sont plutôt une succession de pratiques pour résoudre au mieux l’attaque.
La taille
Différente de la taille expliquée dans la méthode préventive, celle-ci se pratique sur une branche déjà atteinte. En effet, le même moyen de stopper l’avancée de la maladie, et surtout sa reproduction, est de couper. Couper oui, mais pas n’importe comment !
Coupez toujours bien en dessous de la zone atteinte en retrouvant les parties saines de la branche. Cette coupe permettra d’empêcher que le champignon ne reprenne vie un peu plus bas, ce qui anéantirait tout le travail effectué.
La désinfection et le mastic cicatrisant ont la encore toute leur importance.
Le nettoyage
Nettoyer le sol, que ce soit les feuilles ou les branches tombées d’un sujet contaminé est aussi une façon d’éviter que les spores éventuellement présents puissent à nouveau de propager. Que ce soit pour les déchets de tailles comme ceux au sol, ne les jetez jamais sur le tas de compost mais brûlez-les, la seule solution pour détruire le champignon.
Le traitement
Même s’il n’existe pas de solutions phytopharmaceutiques chimiques, la bouillie bordelaise ne se présente plus quand il s’agit d’empêcher une maladie cryptogamique de s’installer ou se développer. L’application sur les parties atteintes quelques jours après la taille des parties contaminées est nécessaire et augmente les chances de ne pas voir réapparaître ce champignon. Réitérez cette pulvérisation à 15 jours d’intervalle.
Évidemment pour de gros sujets, impossible de faire un traitement intégral, concentrez-vous sur les parties atteintes seulement.
L’Abattage
Malheureusement, l’abattage est la dernière solution possible lorsque le champignon est omniprésent sur un arbre et que les tailles çà et là deviennent inutiles. Éliminez alors l’arbre dans sa globalité en prévoyant si possible un dessouchage afin de supprimer le plus possible de tissus potentiellement contaminés et surtout contaminants. Le champignon peut en effet se sauvegarder avec ses spores ne demandant qu’à recontaminer un arbre affaibli.
Le dernier conseil est de ne pas replanter d’espèces sensibles auprès d’un sujet atteint ou à sa place, à cause de la maladie.
Vous avez à présent toutes les clés en main pour éviter de voir apparaître ce fléau et agir au mieux si toutefois vous voyez les petites boules corail s’installer sur une branche.