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L’aménagement d’une partie en pente est toujours problématique car on ne sait jamais quoi y planter. Les idées sont pourtant nombreuses et s’adaptent à la taille du jardin et aux besoins du jardinier. Nous allons voir les façons les plus courantes de procéder tout en ayant un rendu esthétique et pratique.
1. LE TALUS
Que ce soit avec un terrain en pente ou bien un talus, la problématique reste toujours la même. Ce sont des endroits où l’érosion est importante et où l’humidité du sol peut varier du simple au double entre le haut et le bas de la pente.
Sur un talus classique, on observe une butte linéaire plus ou moins longue qui peut avoir plusieurs utilités :
– couper du vent,
– réguler les eaux de ruissèlement,
– former un corridor écologique,
– varier les aménagements du jardin en utilisant le talus comme une rocaille,
– etc.
Malgré la difficulté apparente, vous ne devrez pas voir vos talus comme une contrainte mais bien comme un réel atout à votre jardin qui pourra accueillir des plantes qui n’auraient pu être plantées sur terrain plat.
2. LES AMÉNAGEMENTS POSSIBLES ET LEURS PLANTES
La première chose à prendre en compte lorsque vous vous trouvez devant un talus ou une butte à aménager est la taille de votre jardin. En effet, vous ne pourrez pas par exemple concevoir un clos masure si vous résidez en lotissement avec un terrain de quelques centaines de m².
Ensuite, renseignez-vous sur l’aspect que vous aimeriez lui donner avec notamment les plantes qui pourraient vous plaire. N’oubliez pas non plus de définir l’entretien souhaité mais aussi votre budget qui pourra varier énormément en fonction de la conception !
Pour vous y aider, voici les différentes façons d’envisager un talus.
2.1. La plantation sur la partie haute
2.1.1. Le clos masure normand
Typiquement normand, le clos masure servait dans le temps à entourer les corps de ferme. Les plantations étaient toujours sur talus et servaient de brise vent en raison d’une topographie relativement plate favorisant les vents dominants d’ouest. L’autre but était de produire du bois pour les générations à venir qui remplaceraient à leur tour le clos masure après l’avoir abattu et récupéré le bois.
Les essences plantées étaient le hêtre, le charme ou le chêne pour les trois plus courantes. Malheureusement beaucoup ont été coupées et non remplacées en raison de la diminution des corps de ferme mais aussi des terrains à bâtir de plus en plus petits.
Ce type de plantation n’est accessible qu’en grand jardin et ce sont les arbres qui auront l’exclusivité sur le talus car ils seront laissés en haut jet.
2.1.2. La haie arborée
Le principe reste le même que pour le clos masure. La seule différence est qu’ici, l’aménagement est possible aux pourtours de jardins beaucoup plus petits. Les arbres de haut jet sont remplacés par des espèces plus petites comme les aubépines, pommiers, cerisiers fleurs ou encore cytises. Ces arbres sont espacés d’au moins 5 mètres de manière à donner une hauteur sans obtenir une haie compacte.
La véritable haie brise vue et brise vent reste taillée au carré sous les arbres plantés de préférence en demi ou haute tige. Pour rester dans les espèces locales et un rendu contrôlable où les espèces ne se font pas trop de concurrence, vous planterez hêtre et charme. Dans ce cas, leurs proportions se limiteront à la taille procurée puisque ces genres ont beau être de grands arbres, ils s’adaptent tout à fait à une taille en haies même d’un mètre de hauteur.
Les côtés pentus du talus pourront quant à eux être plantés de plantes couvre-sol vivaces ou arbustives. Vous pourrez aussi les laisser enherbés.
2.1.3. La haie linéaire ou biodiverse
Elle suit exactement la même logique que la haie arborée mais sans la présence d’arbre donnant des verticales. La plantation pourra être monospécifique ou bien biodiverse avec l’utilisation de plusieurs essences en reprenant le principe de la haie fleurie.
Dans le premier cas, elle sera la plupart du temps coupée au droit alors que dans le second, les arbustes seront laissés sous leur forme naturelle ou bien légèrement taillés. Vous devrez alors choisir des espèces dont la taille adulte correspond à votre demande. La liste étant extrêmement longue, nous ne pourrions faire une étude pour chacun des cas, il suffit de la composer à votre goût.
2.2. La plantation de la ou des parties pentes
Que ce soit un talus à deux pentes ou bien une pente d’un seul tenant, les techniques de plantation restent les mêmes. À vous de l’adapter ensuite à votre surface.
2.2.1. L’engazonnement
C’est sans doute l’aménagement nécessitant le plus d’entretien surtout si vous souhaitez avoir une surface régulièrement tondue. On peut facilement le réaliser pour des faibles pentes mais cela peut rapidement devenir un véritable calvaire sur talus pentu.
Cette première solution est donc assez peu conseillée mis à part si vous ne tondez pas et que vous souhaitez garder votre talus dans un aspect sauvage et campagnard.
2.2.2. La plantation monospécifique
Peu importe la taille des pentes à recouvrir, vous pourrez le faire d’une seule et même espèce en veillant toutefois à choisir des plantes couvre-sol. L’aspect de cet aménagement peut sembler « propre » mais est assez peu recommandé au point de vue biodiversité. De plus, en cas de maladie spécifique à l’espèce plantée, les ravages se feront ressentir sur l’ensemble de votre talus.
Au niveau de sa mise en œuvre, vous pourrez recouvrir les surfaces pentues d’une toile de paillage avant la plantation de façon à éviter la pousse des adventices durant l’enracinement de vos végétaux. Ces toiles sont tissées en matière plastique avec une bonne durée de vie mais très peu écologique ou en matière textile biodégradable, évitant ainsi la repousse d’adventices le temps de la colonisation du talus par vos plantations.
En ce qui concerne le choix des végétaux, il se fera en fonction de l’entretien et du rendu souhaité :
– les arbustes couvre-sol :
Ce sont des plantes ligneuses caduques ou persistantes ayant un port très horizontal et trapu, permettant ainsi de recouvrir le sol, d’où leur nom. Les plus gros avantages sont la pérennité et la rapidité de recouvrement. Néanmoins, leur entretien sera important pour les maintenir au sol. Une à plusieurs tailles annuelles seront conseillées non seulement pour les densifier mais aussi pour éviter leur chevauchement naturel peu esthétique.
Vous pourrez ainsi planter cotoneaster, lonicera, symphorine, rubus ou encore fusains couvre sol.
– les plantes vivaces :
Elles sont quant à elles herbacées et beaucoup plus jolies au point de vue des feuillages et des floraisons. Le point fort est qu’elles ne nécessitent aucune taille puisque la plupart des variétés utilisables ne dépasse guère les 10 cm de hauteur à taille adulte.
Les plus connues : renouée couvre sol, géranium à gros rhizomes, millepertuis rampant, bergénia, tiarelle ou autres pachysandres.
Pour plus d’infos sur les meilleures plantes couvre-sol, vous pourrez vous référer à notre fiche conseil « Les plantes couvre sol ».
2.2.3. La plantation multispécifique
C’est sans l’ombre d’un doute la façon la plus originale, jolie et biodiverse de planter des parties pentues. Toutefois, vous devrez, rappelons-le, toujours vous adapter à la surface dont vous disposez. À ce titre, on différenciera deux façons de faire :
– sur pente courte :
On considère une pente courte dès lors qu’elle fait moins de 3 mètres. Lorsque c’est le cas, choisissez des plantes basses d’autant plus si une haie émerge du haut de chaque pente. Pour éviter que les plantes ne se fassent trop de concurrence et pour ne pas retomber dans une plantation monochrome, plantez vos pentes en choisissant différentes espèces que vous installerez par bandes d’au moins 2 mètres. De cette façon, la diversité des formes et des couleurs sera plus grande et le rendu beaucoup plus intéressant.
– sur pente longue :
Vous l’aurez donc compris, une pente longue n’a pas la longueur maximum mais doit être supérieure à 3 mètres. Ici, vous pourrez envisager de la planter comme une courte mais le rendu sera vraiment très plat. Pour donner du volume, choisissez des plantes vivaces couvre-sol puis installez çà et là des arbustes espacés aléatoirement les uns des autres pour ne pas retomber dans une optique de haie. Avec cette association de plantes basses et de verticales, la pente donnera l’impression d’être moins dure. En cas de très grande longueur, vous pourrez aussi y installer des arbres. La liste des espèces à implanter est impossible puisque vous devrez aménager votre pente en fonction de bien trop de critères (qualité du sol, exposition, température hivernale et estivale, etc).
Dans une ambiance moins couvre-sol, vous pourrez aussi concevoir une rocaille si les conditions le permettent. Le travail de conception sera en revanche beaucoup plus important si vous souhaitez que cela soit fait dans les règles de l’art. Terrassement, empierrage, maçonnerie ne seront qu’une courte liste des tâches qui vous attendent mais le résultat engendré pourra être époustouflant si vous vous investissez réellement.
3. À NE SURTOUT PAS FAIRE !
Certaines personnes commettent des erreurs bien regrettables lorsqu’elles disposent d’un talus. Parmi les plus courantes, on note :
3.1. Le démolir
C’est souvent le cas lorsque des terrains sont vendus dans des anciens corps de ferme. Étant mal informés, les nouveaux propriétaires décident de faire tomber le talus pour se dégager la vue ou bien se faciliter la tâche. Notez que s’ils ont été érigés à cet endroit par nos aïeux, il y avait bien une raison. En le faisant tomber, les risques d’inondation sont bien plus importants, le vent n’est plus coupé et le paysage s’en trouve d’autant plus gâché !
3.2. Le laisser à nu
Il s’agit sans doute de l’erreur la plus grande après la décision de démolir un talus. Les traitements répétés à l’aide de désherbants chimiques ont un effet catastrophique sur le sol en lui-même. Garder la terre dénudée de toute couverture végétale la fait mourir lentement de toute vie microbiologique. De plus, le résultat est tout simplement affreux, le talus à nu est donc fortement déconseillé !
N’oubliez pas que pour tenir, un talus doit être planté car le sol sera maintenu par le système racinaire des plantes.
3.3. Le recouvrir d’une toile tirée sans le planter ou pire d’une bâche plastique noir imperméable
Dans ce cas, la toile de sol fait office de paillage, évitant ainsi les problèmes d’érosion mais ne pouvant alors plus respirer dans le cas d’une bâche imperméable. Rappelons-le, le sol doit toujours être garni de plantes pour garder ses qualités physicochimiques actives. De même avec une toile seule, même perméable, l’eau ruisselle très facilement et s’accumule d’autant plus en bas de pente. L’autre problème se posant est au niveau de la durée de vie même de la toile tissée qui après quelques années exposées aux éléments et au vent finit par s’effilocher. Vous devrez alors reprendre votre travail à zéro, ce qui ne représente ni une économie pour votre temps ni pour votre portefeuille.