Plante utilisée dans le jardin de nos grand-mères depuis des décennies, la Valériane des jardins est une vivace sans problème. Nous allons ici développer la Valériane du nom scientifique Centranthus, à ne surtout pas confondre avec la Valériane officinalis qui n’a rien à voir avec celle qui nous intéresse ornementalement parlant. Notre Valériane des jardins n’est en aucun cas utilisée à des fins thérapeutiques, mais se limite à ses atouts esthétiques et de biodiversité au jardin.
1. DESCRIPTION
Originaire de toute la zone étendue qui s’étale du sud de l’Europe au bassin méditerranéen et jusqu’au sud-ouest de l’Asie, la Centranthus est une plante qui regroupe une dizaine d’espèces d’annuelles et de vivaces. Elle y prospère naturellement sur les zones en pente sèche et de préférence calcaire. On la regroupe dans la famille des valerianacées d’où le raccourci vernaculaire dont elle a fait preuve au fil des ans.
1.1. Caractéristiques
Bien qu’il existe plusieurs espèces, une seule est couramment cultivée, il s’agit de Centranthus ruber. Elle se décline en plusieurs cultivars ayant été sélectionnés principalement pour la couleur différente de leurs fleurs.
Cette floraison est justement la principale raison pour laquelle la Centranthus est si appréciée. De base rouge pour l’espèce type, ‘alba’ dévoile une floraison blanc pur et ‘rosea’ rose comme vous auriez pu vous en douter. C’est durant toute la période de mai à septembre qu’elle se montre sous la forme de cymes compactes composées d’une multitude de petites fleurs ne dépassant pas un à deux centimètres. Finement odorante, la puissance de leurs couleurs ne laisse pas indifférent le jardinier comme les insectes pollinisateurs. C’est pour cette raison que la Centranthus est une très bonne plante mellifère. Que ce soit les Abeilles, les Papillons, Bourdons ou tout autre insecte qui butine, tout ce petit monde s’invite à la table. La floraison se poursuit sans cesse, au fur et à mesure de la ramification de la plante.
Après la floraison, suit une multitude de graines au taux de germination très élevé. On la considère même comme une plante pionnière grâce à sa capacité à germer dans un moindre recoin de muret même si l’absence de terre ne semblerait pas propice à sa croissance. Une qualité pour certains jardiniers qui aime les ambiances naturelles et sauvages, un défaut pour d’autres, à la recherche du ‘jardin propre’ où tout est contrôlé.
Elle pousse en forme de touffe d’un mètre en tous sens composé de petites feuilles vertes et tendres. Ses tiges sont également creuses et tendres. Sa souche est portée par un pivot bien ancré.
Sa durée de vie est de quelques années, mais il est recommandé de prélever de jeunes semis pour remplacer les vieilles touffes au fur et à mesure. Ceci permet de conserver des plantes jeunes, pleines de vigueur et bien floribondes.
2. LA PLANTATION
2.1. Où ?
La Valériane des jardins est gourmande de soleil. Elle se naturalise d’elle-même dans les endroits pouvant sembler les moins propices à la pousse d’une plante. Un creux de trottoir, un interstice de mur, une jonction de dallage, bref, c’est une véritable plante pionnière qui saura survivre même dans les conditions les plus hostiles. La seule chose pouvant être préjudiciable serait un excès d’eau, à cause d’un sol détrempé, marécageux ou trop lourd.
Au jardin, privilégiez un endroit bien ensoleillé dans un sol drainant, même caillouteux et dur. Elle tolère plus le calcaire que l’acidité. À l’ombre, la plante peut subsister, toutefois, sa croissance se fera principalement en feuillage, la floraison s’en trouvera relayée au second plan.
2.2. Quand ?
Vous trouverez cette plante quasiment toute l’année parmi les plantes vivaces. Au printemps et en automne, sous forme de jeunes plants en godet, en été, en potées fleuries pour un résultat immédiat.
Elle peut alors se planter dans les deux formes proposées bien que l’arrosage sera moins contraignant si vous choisissez une plantation printanière ou automnale.
2.3. Comment ?
Lorsque l’emplacement est sélectionné avec soin, la plantation de la Valériane est un jeu d’enfant. Chez les vivaces, il est inutile de démêler le système racinaire, mettez simplement votre godet ou potée en pleine terre en veillant à bien tasser la terre autour de la motte.
Terminez toujours avec un bon arrosage ainsi qu’un paillis minéral ou organique pour apporter une belle finition à votre parterre.
La plantation en pot peut se faire grâce la rusticité à toute épreuve de cette plante. Cette démarche s’inscrit alors dans une idée de jardin de pots champêtres dont nous évoquerons les caractéristiques au sein des bonnes associations. Inutile de prévoir un gros pot, soigner en revanche le substrat en réalisant un mélange de terre végétale, terreau de plantation et sable graveleux.
3. L’ENTRETIEN
3.1. L’arrosage
Il est recommandé d’arroser la Valériane juste après la plantation, mais aussi de faire un contrôle dans les semaines qui suivent. Bien qu’elle puisse se ressemer dans des endroits qui semble dépourvus d’eau, une plantation d’un semis qui a toujours connu la bonne terre et la fraîcheur est une tout autre histoire.
Vous pourrez déterminer facilement si la plante a soif d’un simple coup d’œil. Si ses feuilles se ramollissent, qui n’a pas plu et que vous n’avez pas arrosé récemment, c’est le signe qu’un apport doit se faire car l’enracinement n’est pas encore optimal. Faites toutefois attention, car le ramollissement des feuilles peut aussi être le signe d’un excès d’eau, un analyse de la fraîcheur ou non de la terre au préalable peut donc éviter tout apport potentiellement néfaste.
3.2. La fertilisation
Fertiliser la Valériane est inutile voire même contre-productif. C’est une plante qui a besoin en quelques sortes de souffrir pour fleurir avec intensité. Une fois planté, ne fertilisez pas et limitez-vous à un entretien de taille qui lui prolongera sa durée de vie.
3.3. La taille
En parlant taille, celle-ci peut être nécessaire pour deux raisons :
– Encourager le côté cyclique de son cycle de vie sur l’année. Celui-ci se déroule un peu comme certains Geranium vivace, c’est-à-dire en deux temps.
Une première pousse printanière qui va offrir une première et abondante floraison en mai/juin. Une fois le premier jet de fleurs fait, elles vont commencer à se transformer en graines tout en ayant un second jet moins fort de fleurs sur les ramifications secondaires. La plante devient alors moins belle, car les fleurs fanées se mélange à celles secondaires. Couper la touffe permet alors de donner naissance à la seconde pousse estivale qui émerge de la base. La plante reprend donc vigueur et redonne une seconde et belle floraison en fin d’été.
– Si vous ne souhaitez pas que la plante s’égrène, car elle peut alors rapidement devenir envahissante, rabattez simplement la touffe et évacuez les déchets de taille.
Une taille au ras du sol est aussi conseillée en fin de saison, que ce soit avant l’hiver ou avant la première pousse printanière, dans un souci de nettoyage de la touffe.
3.4. Les maladies et ravageurs
La Valériane des jardins est très rarement malade ou attaquée par des ravageurs.
Les quelques rares exceptions viendraient d’un attaque d’Oïdium, un champignon prenant la forme d’une pruine blanche sur le feuillage. Ceci peut apparaître dans les conditions optimales à son développement (fraîcheur et humidité), mais il s’attaquera bien souvent à d’autres espèces plus sensibles
Des pourritures grises peuvent aussi attaquer le collet bien que ça ne soit uniquement le cas si la plante est trop exposée à l’humidité. Un endroit peu adapté à sa plantation en est donc la cause
Une Limace ou un Escargot qui passe par là peut occasionnellement boulotter les jeunes pousses printanières, mais ils passeront vite leur chemin au profit de plantes plus appétissantes.
4. LES BONNES ASSOCIATIONS
Comme nous l’avons évoqué grâce à son côté pionnier, la Valériane des jardins peut s’implanter dans bien des scènes, car elle est très facile à vivre et à associer :
– En mixed border : associée avec d’autres vivaces dans une bordure où les associations d’espèces sont nombreuses, permet de mettre en avant son côté ‘sauvage’ tout en assurant une protection à d’autres espèces d’aspects plus fragiles. Elle s’accompagne des Aster, Thalictrum, Hemerocallis ou autres Sauges arbustives.
– En rocailles, murets, ou zones gravillonnées champêtres : ces trois scènes sont les meilleures façons de mettre la Valériane dans les conditions optimales à sa vie. Si l’esprit est d’obtenir une scène naturelle comme-si la nature reprenait ses droits, laissez-la faire et se ressemer à son aise. Choisissez ici des plantes qui n’auront pas peur de la concurrence comme les Stipa, Erigeron, Miscanthus, Ceratostigma ou autres Oenothera.
– Dans un jardin de pots déstructurés : les lignes reprises sont un peu similaires à celles précédentes. Ici, le but est de mettre en scène des plantes en pots tantôt pour leur aspect rebelle, tantôt pour leur aspect structuré. Vous devrez donc utiliser des pots de toutes tailles et toutes formes, de préférence en gardant tout de même le même matériau. Associez chaque plante dans un pot différent, afin qu’elles ne se concurrencent pas les unes les autres. Des Graminées, Sempervivum, Sedum ou Crocosmia pour les libres, des Buis, Photinia nains, Osmantus boules ou Taxus taillés pour les formes structurées.