À l’heure où la prise de conscience quant à la protection de la biodiversité et l’intérêt tout particulier qu’ont les insectes polinisateurs dans celle-ci, voici un arbre qui a toute sa place dans un jardin. Comme son nom l’indique, il s’est démocratisé depuis quelques années comme un arbre symbolique pour les apiculteurs, pour sa production de fleurs extrêmement mellifères et nectarifères.
1. DESCRIPTION
Originaire des forêts de l’Himalaya et du sud-est de la Chine, l’arbre à miel tire son nom vernaculaire de sa floraison. Scientifiquement, il est connu sous le nom de Tetradium, un genre appartenant à la famille des Rutacées tout comme les Agrumes, les Skimmias ou la Rue officinale.
1.1. Caractéristiques
L’arbre à miel est un arbre d’apparence tout à fait classique, présentant bon nombre d’intérêts que l’on ne soupçonnerait pas d’un simple coup d’œil.
Cela commence par sa forme, relativement trapue et large, en forme d’éventail avec sa large couronne. Sa croissance est très rapide, pouvant avoisiner le mètre en une année. Il pousse très fort lorsqu’il est jeune, puis ralentit avec l’âge pour arriver à une dizaine de mètres en tous sens. Il ne s’adapte donc pas aux plus petits jardins, il doit avoir un espace suffisant pour se sentir à son aise. Vous ne pourrez pas passer sous ses branches principales, mise à part si elles ont été dégagées ou si le sujet est conduit sur tige, ce qui est rare.
Cela continue par un feuillage vert, aux grandes feuilles de près de 50 cm de longueur, pennées, luisantes et virant au jaune, dès que les premières fraîcheurs automnales arrivent. En parlant de fraîcheur, l’Arbre à miel est tout à fait rustique, capable de résister à des températures de -25°C sans sourciller.
Sa floraison est bien entendu l’élément clé de la culture de cet arbre. Ce sont de belles corymbes de fleurs blanches, gorgées ne nectar et de pollen. Elles dégagent un délicieux parfum qui viendra ravir autant les abeilles que le jardinier lui-même. Cette floraison débute en juin et se poursuit une partie de l’été. À la suite de celle-ci, se forme des baies rouges, qui feront le plus grand bonheur des oiseaux. À chaque saison, son intérêt !
1.2. Les différentes variétés
Il existe 9 espèces de Tetradium, la plupart sont présentes à l’état naturel ou bien elles sont réservées à certains collectionneurs ou au sein des arboretums. La seule proposée couramment au sein des pépinières est Tetradium daniellii.
2. LA PLANTATION
2.1. Où ?
L’arbre à miel est peu exigeant quant à son milieu, bien qu’il redoute tout de même une chose, l’excès d’humidité. La nature du sol ne lui importe peu, temps que cette exigence est respectée. Choisissez donc un sol bien drainant et si ce n’est pas le cas, amendez de sable graveleux et de terreau composté, afin de l’alléger.
Cet arbre dispose d’une incroyable résistance à la sécheresse, la pollution et aux milieux urbains. Il est au même titre, que le Févier d’Amérique, encore trop peu démocratisé vis à vis de son incroyable rusticité, même dans des conditions parfois compliquées. C’est pour cette raison qu’il est de plus en plus utilisé en ville où il y a un désir de végétalisation comme à proximité des voies vertes ou des lignes de tramway. Il sera bien sûr conduit sur tige dans ces conditions.
Question exposition, qu’elle soit ensoleillée ou mi-ombragée, peu importe, évitez simplement l’ombre dense sous de gros arbres déjà implantés. Ceci impacterait sa croissance et sa floraison.
2.2. Quand ?
Plantez l’arbre à miel en automne ou au printemps. Bien que sa résistance à la sécheresse soit excellente, cette caractéristique vient une fois l’enracinement complet. Choisir ces saisons permet donc de planter en sol frais afin que l’arbre puisse s’enraciner sans stress hydrique. Il est vrai qu’il peut être tentant de craquer sur lui lorsqu’il est en fleurs, mais mieux vaut reporter la plantation de quelques semaines à quelques mois pour obtenir une meilleure reprise.
2.3. Comment ?
Vous êtes arrivé à l’étape de la plantation ? C’est donc que votre jardin est fin prêt et peut accueillir un Arbre à miel. La technique de plantation est la suivante :
– commencez par faire un trou d’au moins trois fois le volume de la motte, afin de travailler votre sol autant en profondeur qu’en largeur. C’est à ce moment que l’amendement et le drainage doit se faire. En terre argileuse ou lourde, apportez un tiers de sable graveleux et un tiers de terreau composté au tiers de terre extraite du trou.
– décompactez la motte de façon à ce que les racines ne forment pas de chignon racinaire une fois planté.
– plantez l’arbre à miel en veillant à ce que le niveau final de terre affleure le niveau du haut de la motte, jamais la base des tiges ne doit être enterrée.
– tuteurez en cas de sujet sur tige dans le but de le maintenir bien droit durant toute sa phase d’enracinement. Comptez 2 ans de tuteurage avant de l’enlever.
– arrosez copieusement pour tasser la terre autour des racines.
– paillez le pied d’un mélange de bois broyé. Le but est de garder le sol frais et limiter le stress hydrique au moins durant les premières années suivant la plantation.
3. L’ENTRETIEN
3.1. L’arrosage
Cette action est importante durant la première année qui suit la plantation. L’arbre doit s’enraciner en profondeur et de lui-même, pour afficher la résistance qui est la sienne durant tout le reste de sa vie. C’est pour cette raison qu’il faut veiller à la fraîcheur du sol, mais de faire des apports seulement en cas de besoin. Le signe de soif le plus courant est un léger flétrissement des feuilles. C’est à ce moment qu’un apport conséquent est conseillé.
Adaptez vos apports en fonction des conditions météo, de la nature de votre sol et de la région dans laquelle vous résidez.
3.2. La fertilisation
Avec sa croissance naturellement rapide, même dans un sol peu enrichi, le Tetradium n’est pas un gros gourmand. Évitez les fertilisants azotés qui le fera pousser encore plus vite en feuillage.
Vous pouvez par contre opter au cours du printemps sur un ou deux apports de fertilisant riche en phosphore et potasse. Le but est d’encourager une floraison plus forte et abondante, son principal atout.
Épandre en saupoudrant des centres de bois non traité durant l’hiver à son pied est également une bonne idée. En effet, les cendres sont très riches en potasse et auront donc le même effet stimulant.
3.3. La taille
La taille de l’Arbre à miel n’est pas une obligation. Elle s’inscrit surtout dans un désir d’équilibrage de la ramure ou d’élimination du bois mort. Le but est de former un arbre sain, plein de vigueur. Taillez si besoin en février/mars en gardant toujours à l’esprit de conserver de belles branches charpentières et une ramure ramifiée et homogène.
Évitez les gros élagages, préférez un accompagnement de l’arbre au cours de sa croissance. Ceci sera bien moins traumatisant pour lui et il vous le rendra à coup sûr, par d’abondantes floraisons.
3.4. Les maladies et ravageurs
Aucune maladie et aucun ravageur ne s’attaque au Tetradium, encore un point fort de cet arbre.
4. LES BONNES ASSOCIATIONS
Grâce à sa forme et sa ramure large, il est difficile d’associer l’arbre à miel autrement qu’en isolé et surtout si vous voulez profiter de son aspect dans sa globalité. Son pied peut être orné de plantes vivaces couvre sol comme un tapis qui le mettrait en valeur et bien moins contraignant que de devoir se pencher pour passer la tondeuse sous les branches basses.
Choisissez les plantes tolérantes à l’ombre et à la concurrence comme la Pervenche, le Pachysandre, les Hostas, la Tiarelle ou encore les Ophiopogon et leur belle couleur noire.