N’avez-vous jamais rencontré dans un jardin de drôle de végétaux taillés en boule, en pyramide, en spirale ou bien encore en animal ? Oui, très certainement. Et bien sachez que la pratique de cette taille porte un nom : l’art topiaire.
L’art de tailler les végétaux remonte à l’antiquité. Les romains et les grecs le pratiquaient déjà. Il faudra attendre le XVIIème siècle pour le voir apparaître en France. Très prisé par nos reines et rois, l’art topiaire a fait la renommée des jardins à la française.
Aujourd’hui, l’art topiaire est toujours à la mode et l’on voit parfois des jardiniers rivalisant d’imagination pour encore plus nous éblouir par ces formes extravagantes et originales.
1. LES DIFFÉRENTES FORMES
Des dizaines de façons de tailler les arbustes existent. Les plus communes étant la boule et la pyramide, mais vous croiserez entre autre des spirales, des cubes mais aussi toutes sortes d’animaux ou bien encore des arbres taillés en pompon ou en nuage…
Si certaines sont plutôt simples à réaliser d’autres demandent une réelle technique. Nous verrons plus tard comment bien les tailler.
1.1. Quel végétal utiliser ?
On utilisera de préférence des essences à croissance lente et persistantes comme le Buis (Buxus sempervirens) ou l’If (Taxus cuspidata préféré au baccata pour ses aiguilles plus fines et denses) qui sont d’excellents supports et qui restent les plus communs. Mais vous pouvez très bien choisir d’autres espèces comme le Chèvrefeuille arbustif ou faux Buis (Lonicera nitida), le Houx à feuilles de Buis (Ilex crenata), le Troène (Ligustrum), le Cyprès (Cupressus), et pourquoi pas l’Oliver, le Houx, le Laurier sauce (Laurus nobilis), le Pin (Pinus nigra) ou le Hêtre (Fagus sylvatica). Finalement vous trouverez suffisamment d’arbres se prêtant à cette technique pour répondre à tous vos besoins et toutes vos envies.
(ci-dessus de gauche à droite : Arche de Charme, Fusain pompon, Cyprès spirale)
1.2. Le matériel nécessaire
Vous devrez vous procurer plusieurs types d’outils pour tailler vos arbustes :
La cisaille reste l’instrument le plus rudimentaire mais aussi le plus efficace. Bien affûtée, elle a le mérite de pouvoir se manier facilement et permet d’obtenir une coupe propre et saine.
Il existe aussi la cisaille électrique, légère et maniable à une main, elle taille sans difficulté les petites pouces de l’année. Attention néanmoins à ne pas trop « rentrer » dans le végétal car la coupe est rapide et peut donc occasionner un trou ou une déformation plus facilement qu’avec une cisaille manuelle.
Le sécateur, nécessaire pour tailler les endroits difficiles d’accès (là où la cisaille ne passe pas).
Les instruments de précision (à Bonsaï par exemple) sont recommandés pour des sujets plus aboutis et plus délicats à tailler.
2. LES DIFFÉRENTES TECHNIQUES
L’art topiaire requiert une certaine technique mais avec un peu de pratique tout le monde peut y parvenir. Vous pouvez très bien acheter un arbuste déjà formé (ce qui allège fortement l’impression de ne pas savoir ou donner le premier coup de ciseau) ou bien débuter sur un arbuste libre. Il suffit de se munir d’une bonne paire de cisaille, d’un sécateur, d’un peu de patience et de rigueur et le cours peut commencer :
Une taille se fait, et de manière générale comme pour tout type de végétal, en mai-juin et en septembre-octobre. Evitez les périodes chaudes et ensoleillées ou à l’inverse trop froides qui feront souffrir votre arbre.
Les coupes en boule, en carré et en pyramide sont les plus communes et certainement les plus faciles à réaliser. On les utilise en terminaison d’allée, en bordure ou en pot sur une terrasse. Sur un sujet déjà formé il suffira simplement de tailler 5 cm au dessus de l’ancienne coupe. De cette manière l’arbuste restera bien vert et continuera de prospérer. Sur un sujet libre, votre œil sera votre meilleur allié. Difficile de vous donner une « technique pure » à suivre pour commencer à réaliser ces formes.
Pour les formes en boule vous pouvez utiliser un emporte-pièce en bois contreplaqué. Facile à réaliser soit même, vous définirez un cercle de la taille souhaitée sur la planche. Puis vous découperez celle-ci afin de créer votre gabarit. Vous n’aurez plus qu’à couper tout ce qui dépasse.
Pour les cônes et pyramides, munissez-vous d’un cordeau et d’une pige. Attachez le cordeau à l’extrémité de la pige puis placez-la au centre de l’arbre. Tendez le cordeau jusqu’à obtenir l’inclinaison voulue. Et enfin taillez ce qui dépasse du cordeau.
Les premières coupes sont rarement les bonnes. Mais en 2-3 ans, le sujet s’épaississant, il vous sera plus facile de réaliser la figure souhaitée. En général, les espèces les plus utilisées pour ce faire sont le Buis, l’If, le Charme, le Hêtre, le Houx, le faux Buis.
Les coupes en tige et en pompon sont des tailles plus particulières. Elles consistent à laisser une tige ou plusieurs branches nues pour la terminer par une boule. Cette forme est idéale pour donner un peu de volume à un massif ou pour border une allée ou une terrasse.
Cette taille réclame plus de patience puisqu’il faut laisser pousser un tronc qu’il faudra déramifier et effeuiller jusque la hauteur voulue pour enfin le finaliser par une boule. Vous pouvez aussi donner un style très particulier à la tige en la torsadant autour de son tuteur. Effet garantie !
Vous procèderez de la même manière pour un pompon à la différence que vous garderez plusieurs branches partant de la base du végétal.
Les espèces les plus utilisées pour ces tailles sont l’If, le Buis, le Houx à feuille de Buis, le Fusain, le Troène, le Laurier sauce, le Photinia, le Laurier tin (…)
Une taille plus particulière : la formation en nuage.
Tout droit venue du japon, cette technique assez compliquée, a pour but de recréer des jardins « zen » avec des arbres miniatures et des paysages qui incitent à la méditation. Il faudra s’armer de patience pour pouvoir réaliser ce style de taille, en effet plusieurs dizaines d’années sont nécessaires pour avoir un sujet bien abouti.
Commencez par bien étudier votre spécimen afin de garder les branches qui formeront le squelette de votre nuage. Ensuite coupez toutes les branches inutiles pour ne garder que celles souhaitées qui serviront d’armature tout en laissant une masse végétale à leur extrémité.
Taillez ensuite ces masses dites « nuage » en les aplanissant au maximum avec une taille au sécateur dessus et dessous.
Si vous gardez votre arbre en pot, vous pourrez éventuellement le coucher en le rempotant pour lui donner un aspect encore plus original.
Si toutefois vous le plantez en pleine terre, cette technique est tout de même réalisable en creusant une tranchée autour de l’arbre pour le déraciner en le penchant du côté souhaité.
Pour cette coupe vous pouvez utiliser l’If, le Houx à feuille de Buis, le Juniperus, le Cyprès.
Vous l’aurez compris, la meilleure façon d’obtenir de superbes formes dans son jardin, est de suivre les techniques de base en commençant par des coupes simples. Avec un peu d’expérience (et peut-être quelques ratés) vous comprendrez que la taille n’est qu’une question de patience, de rigueur ainsi que d’une touche de créativité.
Vous pouvez admirer dans nos deux jardineries nos spécimens parfois âgés de plus de 30 ans pour mieux vous rendre compte de leur variété, de leur complexité et surtout de leur charme.
(Oliviers taillés en nuages)
3. ASTUCES ET RECOMMANDATIONS
Il est impératif de bien nettoyer ses outils avant chaque coupe afin d’éviter une éventuelle transmission de maladie entre les plantes. Il va de soit que pour des pièces âgées ou uniques vous devrez prendre toutes les précautions nécessaires. Il existe des gabarits en fil de fer prêt à l’emploi. Il suffit de laisser pousser votre plante à travers les mailles ou le long du fil pour dessiner assez facilement la forme souhaitée.
Cela est idéal pour débuter, surtout si votre plante est de forme libre.
Pour commencer vous pouvez vous exercer sur du faux Buis (Lonicera nitida). L’avantage de cette plante et qu’elle pousse assez rapidement. Si une pousse rapide est souvent la hantise de bien des jardiniers, elle a le mérite d’effacer toute erreur de coupe en un délai plutôt réduit.