Dans le monde végétal, il y a peu d’autres plantes pouvant se vanter de dégager un parfum si puissant lors de sa floraison. Bien entendu, il existe plusieurs espèces de daphnés mais celle qui attirera notre attention ici est le daphné odorant.
1. DESCRIPTION
Originaire d’Europe, de Chine ou d’Afrique du Nord, le daphné est un arbuste de la famille des thymeleacées tout comme les edgeworthias, très parfumés en hiver mais de couleur jaune. Plusieurs noms vernaculaires sont utilisés pour faire référence à ce genre mais ne correspondent pas nécessairement à l’espèce odora. Parmi ces noms, on pourrait citer le « bois joli » ou « bois gentil » .
1.1. Caractéristiques
Au jardin, la culture du daphné odorant n’est réservée qu’aux régions où le froid ne descend pas ou très rarement sous les -10 °C. En effet, il s’agit d’un petit arbuste persistant (donc moins rustique qu’une espèce caduque) et peu ligneux. La texture de ses feuilles et de ses branches pourraient presque faire penser à du caoutchouc tant elles sont d’aspect plastifié. Bien souvent vertes, il en existe à feuillage vert panaché de jaune sur les pourtours de chaque feuille.
On s’intéresse au daphné pour sa floraison qui s’étale de janvier à fin mars voire un peu au mois d’avril si le début de printemps est plutôt frais. Chaque bouquet rond se compose de petites fleurs rose pâle s’épanouissant les unes après les autres, augmentant ainsi la durée de floraison. Chacune d’entre elles émane un parfum si fort qui peut être entêtant de le sentir trop près trop longtemps. Ce même parfum rappelle un peu celui de la jacinthe avec une odeur plus franche et surtout plus prononcée.
Ce petit arbuste se développe plutôt en largeur qu’en hauteur. Ses dimensions une fois adulte sont de l’ordre de 1.25 m de hauteur pour 1.50 m d’étalement. Pour atteindre ce volume, vous devrez patienter plusieurs années puisque sa croissance n’est pas très rapide.
Néanmoins, son abondante floraison vous fera rapidement oublier cette légère lenteur.
1.2. Les autres variétés
Il existe environ 50 espèces de daphnés mais, mis à part le daphné odorant, vous ne pourrez rencontrer que les espèces suivantes dont les caractéristiques physiques sont assez différentes.
Les associations d’espèces peuvent être envisagées puisqu’elles ne fleurissent pas toutes au même moment, ce qui vous permettra de différencier les parfums au fil des saisons.
ATTENTION : Tous les daphnés sont très toxiques, autant dans leur sève, que leurs fleurs ou baies.
2. INSTALLER LE DAPHNÉ
Le daphné demande des conditions vraiment très particulières pour prospérer. S’il ne se plaît pas là où vous l’implantez, vous serez rapidement au courant car il pourra très vite dépérir. Eh oui, la beauté se mérite !
2.1. L’emplacement
Le sol comme l’exposition sont tout aussi importants pour qu’il se porte bien. Pour cela, choisissez :
– Une exposition mi-ombragée à ensoleillée si l’endroit n’est pas trop chaud. De même, évitez les endroits ventés ou trop exposés aux courants d’air froid venant du nord de l’est. L’idéal étant de le protéger d’un muret ou bien d’une haie d’arbustes plus hauts.
– Un sol riche, humifère, frais (surtout en été), bien drainé, léger et surtout sablonneux. En termes de pH, ils pousseront plutôt en sol neutre à tendance calcaire. Évitez à l’inverse les terres trop argileuses ou compactes où les racines auraient beaucoup de mal à s’enfoncer. Le paillis au pied doit aussi être léger et ne pas garder trop l’humidité car il pourrait y avoir un risque de développement de champignons. Utilisez une fine couche de paillis de chanvre, ou mieux, une plante vivace couvre sol comme la lysimachia nummularia ‘aurea’ ou le physandra terminalis qui ne lui feront pas concurrence mais évacueront les éventuelles eaux excédentaires au pied.
2.2. La plantation
Une fois que vous aurez trouvé l’endroit correspondant complètement aux exigences du daphné, vous devrez faire en sorte de le planter à la bonne période. Le printemps est la période idéale car la fraîcheur règne au jardin mais les beaux jours arrivent et le risque d’excès d’eau est assez rare.
Privilégiez aussi un daphné de petite taille car tout comme les Hellébores, leur système racinaire est relativement fragile et la reprise pour un gros sujet est souvent plus longue et compliquée. Prenez-en soin lorsque vous l’installerez dans le trou de plantation. À l’instar des autres arbustes, ne démêlez par leurs racines. Regardez-les lors de l’achat : si elles sont compactées dans leur pot, choisissez plutôt un autre pied qui aurait été moins rempli, signe d’un rempotage plus récent.
Si vous choisissez un daphné greffé, vous pourrez, si vous le souhaitez, enterrer le point de greffe sous environ 1 à 2 cm de terre, de manière à ce que le greffon puisse se libérer si besoin et rendre l’arbuste par la suite plus compact.
3. L’ENTRETENIR
Réussir la culture d’un daphné, c’est éviter de le brusquer.
La fertilisation : S’il se plait et se développe normalement, une fertilisation annuelle suffira. Pour ce faire, utilisez un fertilisant organique en granulé qui enrichira votre sol avant d’être disponible pour l’arbuste. Tous les engrais osmocote chimiques sont à proscrire car ils sont beaucoup trop agressifs pour cette plante précieuse.
La taille : Celle-ci est envisageable après la floraison, mais si vous pouvez le laisser prospérer comme il l’entend, en ne taillant que le bois mort ou abîmé, c’est l’idéal. Quoi qu’il en soit, le port naturel du daphné est déjà compact donc cette opération s’avère un peu inutile voire dangereuse pour lui.
ATTENTION : Il est possible que lors d’une taille trop sévère, la plante meure subitement !
Si vous souhaitez tout de même le tailler car il se serait trop imposé pour l’espace que vous lui avez consacré, faite des coupes propres au sécateur sans couper plus de 7 à 10 cm de tige. Désinfectez votre sécateur auparavant pour éviter tout risque d’infections.
Sachez qu’il est aussi très facile de les bouturer en juin ou en août en replantant des rameaux d’environ 7 cm, ou bien, en effectuant un marcottage.
L’arrosage : Il ne sera à faire qu’en période sèche ou caniculaire. Ce sont les deux situations qu’ils détestent le plus.
Les maladies et ravageurs : Le daphné a la fâcheuse tendance à souffrir de ce que l’on appelle notamment chez l’homme, de l’apoplexie. Il s’agit d’une mort subite et brutale d’une partie de la plante voire même de la totalité pour une raison inexpliquée.
Cela vient souvent d’une mauvaise condition de culture, d’un excès d’humidité en hiver, d’un sol trop lourd voire même de champignons. Il arrive que le bord des feuilles noircisse mais ce champignon n’est pas encore identifié sur le daphné. En cas de symptômes similaires, un traitement à l’aliette peut réussir à le guérir.
Dans le cas d’un jaunissement ou d’un recourbement des feuilles au sol après la plantation, l’endroit ne lui convient surement pas. Changez-le de place au plus vite, ou bien drainez mieux votre sol, afin d’éviter un sol trop asphyxié.
4. LE METTRE EN SCÈNE
Un daphné ne doit jamais se planter seul au beau milieu d’un gazon. Les associations avec d’autres plantes sont donc obligatoires pour leur bien-être et cela permet de toute façon de mieux les mettre en valeur.
Pour profiter le plus possible de leurs effluves de fin d’hiver, plantez-le aux abords de la maison dans un endroit passant. Associez-le pour encore plus de parfum à des arbustes comme le sarcococca ou l’edgewortia. Sinon utilisez-le en premier plan dans un massif planté d’arbustes et de plantes vivaces comme des astilbes, aruncus, fougères, bouleaux, cornus, fusains, buis, hamamélis, etc. Quelques bulbes à floraison printanière peuvent aussi s’inviter dans le décor.
Gardez toujours à l’esprit qu’il lui faudra une place suffisante pour prospérer librement, ne tassez donc pas les arbustes autour de lui.