Le muguet fait partie de nos traditions depuis bien longtemps, en a-t-il toujours été ainsi ? Connaît-on vraiment cette plante, reconnaissable par ses petites clochettes blanches, très parfumées ?
1. UN PEU D’HISTOIRE
Le muguet transporte avec lui plusieurs mythes ou légendes :
Pour les grecs, le muguet fut créé par Apollon, pour tapisser le sol, afin que ses muses ne s’abîment pas les pieds. Les romain quant à eux, célébraient au début du mois de mai les Florales, en l’honneur leur déesse des fleurs avec du muguet. Une autre version apparaît dans les écrits religieux : la Vierge Marie aurait tant pleuré au pied de son fils crucifié que ses larmes auraient donné naissance à des pieds de muguet.
La première trace historique de la tradition qui consiste à l’offrir comme porte bonheur au 1er mai se trouve pour nous au XVIème siècle lorsque Charles IX en distribua autour de lui. Il reproduisit en fait l’action du chevalier Louis de Girard qui, lors d’une visite chez ce dernier, offrit un brin venu de son jardin au jeune roi. Le roi reproduisit ce geste pour toutes les femmes de la cour chaque année, et la coutume s’étendit ainsi à tout le royaume.
La tradition se perdit jusqu’au XXème siècle, uniquement célébrée de-ci de-là, par la maison Dior par exemple. En effet, c’est au début de XXème siècle que le muguet se trouve lié à la fête du travail pour la première fois : la date n’est pas encore le 1er mai, mais le 26 avril, depuis 1889.
Nous pouvons dire que c’est la ville de Nantes qui rendit la célébration du muguet et de la fête du travail telles que nous les connaissons actuellement, et ce en 1932 avec l’instauration d’une fête locale « la fête du lait de mai ». L’arrivée des congés payés par la suite, permit de répandre très rapidement cette coutume. Nous pouvons apprécier chaque année le printemps venu, de voir nos jardins et bordures qui se parent de jolies clochettes blanches, qu’il est désormais coutume d’offrir à chacun de ses proches, pour leur plus grand plaisir.
Ce sont environ 50 millions de brins de muguet qui sont vendus chaque année autant par les particuliers que par les jardiniers eux-mêmes. En effet, en France, il s’agit de l’une des rares occasions, où il est permis aux particuliers non munis d’une autorisation, de vendre chaque 1er mai sur la voie publique le fruit de leur production personnelle.
2. DESCRIPTION
Le muguet est connu sous bien des noms populaires, parmi les plus connus vous pourrez entendre :
– Convallaire de mai,
– Lys des vallées, Lys de mai,
– Muguet des bois,
– Clochette des bois,
– Grelot, Grillet,
– Amourette,
– Gazon de Parnasse,
– Larme de Sainte Marie
En ce qui concerne ses traces latines, le muguet se trouve facilement sous le nom de Convallaria majalis. Ce petit genre composé d’une seule espèce appartient à la famille des Liliacées tout comme les Ophiopogons ou les hémérocalles.
Vous les rencontrerez à l’état naturel dans certaines forêts françaises et jusqu’en Sibérie.
2.1. Caractéristiques
Le Muguet est associé aux plantes vivaces rhizomateuses, couvre-sol. En effet, son système d’expansion aussi appelé griffe (ensemble composé d’un bourgeon terminal et de racines) est totalement indépendant. Il suffit donc d’une seule griffe pour donner naissance à un nouveau plan de muguet.
Chaque griffe produit en règle générale deux feuilles vertes et allongée qui entoure l’inflorescence. Cette dernière est elle-même composée d’une tige raide au cœur du feuillage et de plusieurs petites clochettes blanches, orientées vers le bas et au parfum envoutant.
La plante produit dans un premier temps le feuillage, les boutons floraux apparaissent ensuite et s’épanouissent entre mi-avril et mi-mai en fonction des conditions climatiques et de la chaleur. Si elles ne sont pas cueillies, les fleurs donnent ensuite naissance vers le mois d’août à des baies rouge vif et rondes contenant environ 5 graines chacune.
Cette plante dispose aussi d’une très bonne résistance au froid étant donné qu’elle peut vivre dans des régions où la température moyenne l’été ne dépasse pas les 10°C.
La seule ombre au tableau, serait que le muguet est une plante toxique et que le goût sucré de ses baies pourrait être fortement trompeur ! Cependant, elle dispose aussi de vertus pharmaceutiques lorsqu’elle est utilisée sous de bonnes doses, notamment contre certaines maladies cardiaques.
2.2. Les différentes variétés
Comme nous l’avons vu, seule une espèce de muguet est recensées, cependant, il existe bel et bien plusieurs variétés qui possèdent une pointe d’originalité que n’a pas le célèbre muguet blanc aux feuilles vertes.
3. PLANTER LE MUGUET
La plantation du muguet peut se faire de deux façons, en griffes racines nues, en même temps que les bulbes d’été, ou bien en godets pour des griffes déjà en végétation, prêts à planter. Quoi qu’il en soit, choisissez de préférence le tout début de printemps pour vous atteler à la tâche.
Sélectionnez aussi une exposition ombragée ou mi-ombragée mais surtout fraîche, car le muguet est avant toute chose une plante vivace de sous-bois, à l’état sauvage. Notez tout de même, qu’au nord de la Loire et dans les régions les plus fraîches, la plantation au soleil pourra être envisagée du moment que le sol correspond parfaitement à ses attentes.
En l’occurrence, choisissez un sol riche en humus, frais à humide et de préférence calcaire. Prenez garde à l’humidité excédentaire qui, associée à un confinement et une mauvaise aération du cœur des plans, pourrait faire apparaître la maladie du ‘pied noir’. Cette maladie est un champignon qui sera facilement éradicable en résolvant les causes de son apparition.
Après la plantation, épandez un paillis de feuilles mortes ou de toute autre matière organique en évitant absolument les écorces de pins qui sont beaucoup trop acides.
4. L’ENTRETENIR
L’entretien de cette plante peu exigeante, n’est ni long, ni complexe.
– Une fois plantées, commencez d’abord par arroser les jeunes griffes, car c’est au printemps que le muguet a le plus besoin d’eau.
– La fertilisation est également un élément clé pour que les griffes ne s’épuisent pas. Privilégiez des engrais organiques riches en Potasse ou en Phosphore, mais moins en azote, qui a tendance à favoriser un développement excessif du feuillage.
– La cueillette en vue de concevoir des bouquets est tout à fait faisable mais ne soyez pas trop gourmands en rasant tout au ras du sol, car votre tapis finirait là encore par s’épuiser en l’absence de feuillage. Comme toute plante rhizomateuse, c’est par l’intermédiaire de la photosynthèse, réalisée par le feuillage, que l’énergie peut s’accumuler dans les organes de réserve souterrains et faire que la plante repousse plus forte l’année suivante.
Par conséquent, laissez quelques brins qui, lorsqu’ils fructifieront, offriront un autre décor tout aussi admirable. Le nettoyage ne se fera ensuite qu’en toute fin d’année pour enlever les feuilles sèches et mortes qui auront eu le temps de rediriger toute l’énergie vers les rhizomes souterrains.
– Un apport de paillis organique est conseillé chaque fin d’hiver de manière à toujours conserver les griffes au frais et enrichir le sol en humus.
– C’est aussi en cette saison que la multiplication du muguet peut se faire par division de souche et sélection de jeunes griffes. Le semis, beaucoup plus long n’est que peu réalisé mais cependant, aussi envisageable.
5. LE METTRE EN SCÈNE
Au jardin :
La meilleure manière de mettre en scène le muguet est sans aucun doute de reconstituer artificiellement son habitat naturel. Pour ce faire, intégrez les griffes directement au sein des massifs d’arbustes et de plantes vivaces, qui assureront naturellement les conditions optimales. Nous l’avons vu, la préférence du Muguet pour les sols calcaires à neutres, fait qu’il vaudra donc mieux éviter de les planter aux côtés de plantes très acidophiles, comme les Hydrangeas ou les Rhododendrons par exemple.
Gardez-leur aussi une place suffisante, car vous ne devrez pas oublier sons côté couvre sol qui au fils des saisons fera qu’il occupe une place de plus en plus importante.
En ce qui concerne les bonnes associations, les fougères, Hostas, Ancolies, Ligulaires, Lysimaques et autres Gunneras, offriront de merveilleuses scènes colorées.
À la maison :
Le muguet ne peut rester en pot dans la maison ou en bouquet, que quelques temps. Pour une meilleure conservation, ne le placez pas derrière une vitre plein sud ou dans une pièce fortement chauffée. De même, rangez aussi vos petites compositions entre une fenêtre et un volet de la maison durant la nuit de manière à ce qu’ils puissent prendre le frais.
À savoir : cette aération permet aussi d’évacuer de la pièce le parfum de la fleur qui peut devenir entêtant à la longue.
La manière dont vous réaliserez votre cueillette est aussi très importante afin de garantir une meilleure conservation. Pour ce faire, tirez le brin de manière à ne pas couper la tige mais aussi pour qu’elle ne soit pas trop courte. Les feuilles pourront quant à elles, être sectionnées de façon à ne pas arracher la griffe du sol.
Une fois en vase, différentes astuces peuvent être misent en place afin d’éviter le croupissement de l’eau, comme ajouter dans l’eau quelques gouttes de vinaigre, eau de javel ou fragments de charbon. N’en mettez pas non plus de trop, quant au niveau d’eau un affleurement de la base des tiges est suffisant, nul besoin de remplir le vase à ras bord !
en ce qui concerne la toxicité méconnue du muguet, il est utile de savoir que de nombreuses plantes et fleurs décoratives communes présentent des dangers, de nature toxique ou allergique le plus souvent, surtout pour les jeunes enfants ou les animaux qui sucent ou mordillent les tiges : outre le muguet, chrysanthème, tulipe, lys, primevère, gerbera, renoncule, géranium, narcisse… : c’est bien connu des fleuristes ! : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=430