Les plantes carnivores sont une curiosité de la nature qui captivent bon nombre de personnes, et agrémentent beaucoup de légendes. Soyons pragmatiques, les plantes carnivores sont avant tout insectivores, à de rares exceptions près comme certaines Nepenthes qui peuvent capturer des petites grenouilles.
1. LES CARACTÉRISTIQUES DES PLANTES CARNIVORES
1.1. Qu’est-ce qu’une plante carnivore ?
La plante carnivore est définie comme tout végétal capable de capturer grâce à des « pièges » des insectes, acariens et autres petits invertébrés afin d’en assimiler les nutriments nécessaires à ses besoins.
Les pièges sont en fait des feuilles modifiées pour la plupart des espèces. Il en existe différentes sortes telles que les pièges à glue, les pièges à aspiration, les pièges à mâchoires, les pièges à toboggans et les pièges à urnes. Tous ces pièges sont utilisés par les plantes comme moyens de capture et sont divisés en deux catégories : les actifs (pièges mobiles parfois visible à l’œil nu, comme celui de la Dionée) et les passifs (qui ne bougent pas). Comme chez la plupart des végétaux, les plantes carnivores utilisent la photosynthèse pour l’assimilation des nutriments carbonés et la production de sucres.
Définition de la photosynthèse : processus permettant aux plantes et à certaines bactéries de synthétiser de la matière organique grâce à la lumière du soleil.
1.2. Les origines des plantes carnivores
Il faut savoir que ces plantes sont issues d’une adaptation de la nature à des milieux naturels très pauvres : zones humides acides à très faibles teneurs en sels minéraux voire régions désertiques avec une brève saison des pluies. L’ingestion d’insectes leur permet ainsi un apport d’éléments nutritifs d’appoint, voir de survie dans certains cas. La plupart se trouvent dans les régions tropicales même si l’on en trouvent aussi quelques unes en France, où des espèces telles que la Droséra rotundifolia, des Pinguicula encore appelées grassettes, des utriculaires et l’Aldrovanda, sont présentes à l’état sauvage et protégées par la loi. La plante carnivore est une espèce menacée à cause de la déforestation, de la pollution et de la collecte de certaines espèces rares.
Bien que le nom plante carnivore précise le régime alimentaire majoritaire de la plupart des espèces, elles ne se nourrissent pas toutes d’insectes. Il arrive même parfois que des mollusques ou autres vertébrés soient pris au piège dans des plantes réputées insectivores.
Plusieurs espèces se prêtent à la culture assez facilement à condition de respecter leurs exigences, que nous allons voir par la suite, un peu plus en détail.
2. LES VARIÉTÉS DE PLANTES CARNIVORES LES PLUS CONNUES
2.1. Les Dionaea Muscipula
Appelée aussi « attrape-mouche » de Venus, c’est la plante carnivore la plus populaire. C’est une plante vivace herbacée de la famille des Drosenacées, présente en Caroline du Nord et du Sud, majoritairement au niveau des sols pauvres en minéraux, dans les marais acides et les tourbières à sphaignes. Ses feuilles sont disposées en rosettes et composées d’un limbe composé du piège (partie supérieure). Le piège en question est une sorte de mâchoire, divisée en deux lobes reliés par une nervure centrale épaisse. Ceux-ci présentent une série d’une dizaine à une vingtaine de dents, elles-mêmes légèrement courbées vers l’intérieur. Les glandes sécrétant le liquide riche en glucide qui attire les proies sont situées aux bordures des lobes. On trouve également au centre de ces deux lobes, plusieurs glandes digestives. Le piège se referme grâce à ses poils sensitifs qui se plient dès qu’il y a deux contacts à des intervalles rapprochés. Evitez de faire fonctionner les pièges inutilement, car la plante se fatigue et le piège ne s’ouvre que 24 heures plus tard, ne la nourrissez pas, elle sait attirer les mouches elle-même, et ne se nourrit que d’insectes vivants !
Une exposition très lumineuse voire en plein soleil, surtout l’été, lui est nécessaire, mais il faudra la placer dans un endroit frais l’hiver pendant sa période de repos végétatif (les feuilles disparaissent presque complètement l’hiver). La Dionée est une plante de tourbière, c’est pourquoi il faut toujours maintenir son substrat humide en posant le pot dans une grande soucoupe contenant un à deux centimètres d’eau, de pluie de préférence, car elle ne supporte ni le calcaire ni les sels minéraux (jamais d’engrais). Au printemps, rempotez-la dans un grand pot en plastique percé au fond (plus le pot est grand et plus les racines peuvent se développer), en utilisant un mélange de deux tiers de tourbe blonde de sphaigne acide et un tiers de sable horticole sans recouvrir la base de la plante, puis arrosez abondamment. Le seul parasite pouvant occasionner des problèmes est le puceron, il suffit de tremper entièrement la dionée dans de l’eau de pluie pendant trois jours ou la vaporiser avec un produit anti-pucerons (aphicide). Enfin, le Botrytis cinerea (pourriture grise) peut tuer la plante, symptôme d’un manque de lumière ou de mauvaise hygiène, débarrassez la plante de toutes les parties mortes et exposez-la au plein soleil.
2.2. Les Droseras
Cette espèce appartient à la famille des Droséracées, environ 188 espèces différentes existent. Elle est surtout présente dans l’hémisphère Sud, dont la moitié au sud-ouest de l’Australie. Elle
aime les sols humides, pauvres et acides. Son limbe, arrondi, est selon l’espèce, plus ou moins appliqué contre le sol. Ses feuilles présentent des poils glanduleux sécrétant des substances qui attirent et engluent les proies. Les fleurs peuvent être de différentes couleurs : mauves, blanches, oranges. Elles possèdent un fruit au centre, contenant des graines. Leur piège est dit semi-actif car il est mobile mais son mouvement est très lent. Son piège peut être comparé aux papiers « tue-mouche », les proies se retrouvent collées et ne peuvent plus s’échapper. Elles sont alors digérées par la plante grâce aux sécrétions. Cela peut prendre plusieurs heures avant que la feuille ne soit totalement repliée. Elle s’enroule autour du moucheron.
Il existe de nombreuses espèces commercialisées, intéressantes pour la beauté de leur feuillage et de leurs fleurs, notamment Drosera aliciae, Drosera capensis, et Drosera binata pour les plus courantes que vous retrouverez dans le commerce. Leur culture est la même que celle des dionées, en évitant le plein soleil l’été, et en ramenant la part de sable à un quart dans votre mélange.
2.3. Les Sarracenias
Originaires du Sud-Est des Etats-Unis et du Canada, cette espèce appartient à la famille des Sarracéniacées. Les sarracenias sont caractérisées par des pièges passifs en forme de trompettes avec un couvercle appelé capuchon. Les insectes attirés par le nectar descendent dans le piège (aussi appelé urne) et ne peuvent plus remonter car les parois des urnes sont tapissées de poils orientés vers le bas où ils finiront noyés et digérés. Il existe de nombreuses espèces commercialisées : Sarracenia purpurea, Sarracenia flava, Sarracenia psittacina, Sarracenia leucophylla, Sarracenia catesbaei et Sarracenia flava pour les plus courants mais aussi une multitude d’hybrides. Leur culture est la même que celle des dionées, les sarracenias supportant même des gelées, mais le substrat sera légèrement différent, en effet, ajoutez 2 volumes de perlite à 4 volumes de tourbe et un volume de sable, en plaçant le rhizome en surface pour ne laisser dépasser
que sa moitié supérieure. Du printemps à l’automne, arrosez les urnes à l’aide d’une pomme d’arrosoir afin de maintenir toujours au moins un tiers d’eau à l’intérieur des urnes et bien sûr dans la soucoupe. Enlever régulièrement les parties mortes, notamment à la fin de l’hiver ou la plupart des urnes sont à tailler à la base sans abimer les nouvelles qui repoussent.
2.4. Les Pinguiculas
Les Pinguiculas ou grassettes sont des herbacées vivaces appartenant à la famille des Lentibulariacées. Il en existe près de 50 variétés différentes. Elles sont présentent en Amérique (Nord, Sud
et Centrale), dans les régions boréales (Alaska, Sibérie et Laponie) en Eurasie et dans l’Himalaya. Elles possèdent de charmantes petites fleurs allant du blanc au violet intense, émergeant d’une rosette de feuilles plates gluantes sur lesquelles on trouve souvent des petits insectes pris au piège. Elles se cultivent plutôt à l’ombre, préférant les endroits humides, souvent calcaires, comme les hybrides Pinguicula tina et Pinguicula weser. Pour les rempoter, utiliser un substrat alcalin composé à part équivalente de tourbe et de sable de Loire, en le maintenant toujours humide durant la croissance.
2.5. Les Nepenthes
Les Nepenthes sont des plantes grimpantes pour la plupart, qui développent des urnes ou ascidies à l’extrémité des feuilles aux formes, tailles et couleurs aussi variées que magnifiques. Cette plante carnivore est généralement originaire des climats tropicaux, c’est pourquoi il lui faut de la chaleur (évitez de descendre sous les 15°C la nuit), des températures le jour nettement supérieures à celles de la nuit, mais aussi une hygrométrie importante en vaporisant régulièrement les feuilles et les urnes, tout en maintenant le sol de la serre toujours humide. Les Nepenthes se cultivent en pleine lumière en évitant le soleil direct l’été pendant les heures chaudes de la journée, le manque de lumière entraînant une baisse de production des urnes. Le substrat se compose de deux volumes d’écorces pour orchidées, deux volumes de perlite et un volume de tourbe pour permettre l’écoulement rapide de l’eau. Contrairement à la plupart des autres plantes carnivores, les Nepenthes supportent le calcaire et apprécient les apports d’engrais liquides azotés pour orchidées toutes les semaines en été et une fois par mois en hiver. Tous les ans au printemps, une taille à environ 10 cm de la base du pied principal est nécessaire pour obtenir une croissance vigoureuse et une belle production d’ascidies. Les principales espèces rencontrées dans le commerce sont : Nepenthes alata, Nepenthes sanguinea, Nepenthes ampullaria, Nepenthes tobaica, Nepenthes miranda et Nepenthes rebecca.
2.6. Les Cephalotus
Le Cephalotus follicularis est une plante carnivore du sud-ouest de l’Australie appartenant à la famille des Cephalotacées. Elle est munie d’urnes un peu semblables à celle des Nepenthes, mais beaucoup plus petites et toujours au niveau du sol. Elle se développe dans une atmosphère très humide et lumineuse mais sans lumière directe. Le mélange le mieux approprié se compose de 3 volumes de tourbe pour un volume de sable, là encore maintenu humide par un à deux centimètres d’eau de pluie dans la soucoupe.