La fougère présente une multitude de variétés, telles que les caduques qui perdent leurs feuilles l’hiver, et les persistantes qui gardent leurs feuilles l’hiver. Nous allons nous intéresser à quelques variétés pour mieux connaître leurs différentes caractéristiques.
1. LES VARIÉTÉS DE FOUGÈRES
1.1. Les fougères caduques les plus courantes
Certaines de ces variétés sont très souvent présentes dans nos forêts. Elles ont la capacité de se reproduire et de se développer assez rapidement, ce qui leur permet d’occuper de grands espaces. Elles sont aussi moins sensibles aux gelées et aux périodes de sécheresse du fait qu’elles peuvent perdre leurs frondes (feuilles) et les régénérer plus rapidement que les variétés persistantes.
– Athyrium filix-femina.
En Français, il s’agit de la fougère femelle. Elle est assez courante dans les forêts Normandes de par sa résistance et son goût prononcé pour l’humidité. Elle peut tout à fait se développer dans un sol ordinaire du moment qu’il n’est pas trop sec. Certaines variétés possèdent des tiges rouges très esthétiques comme l’Athyrium filix-femina ‘lady in red’.
Exposition : Mi-Ombre, Ombre
Hauteur et Largeur : 0.8 m X 0.6 m
Sol : Frais et ordinaire
Rusticité : -20°
L’athyrium filix-femina peut rester verte jusqu’au début de l’hiver car ses frondes sont assez robustes, vertes pâles mais pourtant très découpées. Elle est très élégante quand elle est disposée en arrière de massif.
– Athyrium nipponicum ‘pictum’
C’est sans doute une des fougères caduques les plus originales du fait que son feuillage est panaché de reflets mauves et gris métalliques. Peu commun chez les fougères, elle permet d’apporter une couleur différente du banal ‘vert’.
Expostion : mi-Ombre uniquement
Hauteur : 50 cm
Largeur : 40 cm
Sol : très frais, acide, riche mais léger
Rusticité : -35°C
On peut donc l’associer avec bon nombre de plantes tant qu’elle reste à mi-ombre. Elle n’apprécie pas trop l’ombre totale qui atténue sa belle couleur. En revanche, la proximité d’un point d’eau lui est très profitable. Du fait de sa petite taille, nous vous conseillons de les grouper par 4 ou 5 au m² pour donner un effet de masse encore plus visible.
–Dryopteris filix-mas
Il s’agit de la fougère mâle qui produit de longues frondes de près d’un mètre de long, portées par une souche épaisse et écailleuse.
De culture très simple, elle devra être plantée dans un sol riche et acide sous de grands arbustes. Il existe des variétés possédant des feuilles très fines comme par exemple Dryopteris filx mas linearis.
Exposition : mi-ombre, ombre
Hauteur : 1 m
Largeur : 60 cm
Sol : humide, riche et acide
Rusticité : -20°C
Cette fougère se propage assez facilement au jardin si elle s’y plait. Après plusieurs années elle peut former de grandes colonies assez jolies en compagnie de vivaces d’ombres et d’arbustes fleuris. Elle est très couramment utilisée.
– Matteuccia struthiopteris.
Aussi appelée fougère à plumes d’autruche. Elle est très originale de par l’ampleur de ses frondes vertes jaunâtres, pas très large mais très élégantes. Elle n’est pas très utilisée au jardin car assez peu connue. Elle apprécie tout particulièrement les milieux humides comme les berges d’un bassin ou d’un ruisseau abrités par des arbres plus hauts.
Exposition : mi-ombre , ombre
Hauteur : 1 m
Largeur : 70 cm
Sol : très humide, sableux et riche
Rusticité : -25°C
Elle se multiplie facilement par ses stolons et ses spores (voir multiplication ci-dessous). On peut voir deux types de frondes sur cette fougère, des vertes stériles servants à la photosynthèse de la plantes et des frondes plus étroites, courtes et brunes produisant les spores nécessaires à la multiplication.
Les jeunes frondes de cette fougère sont comestibles en salade une fois cuites à la vapeur.
– Osmuda regalis
C’est une des fougères décoratives les plus grandes et les plus spectaculaires que l’on peut acclimater au jardin. Ses frondes sont larges et beaucoup moins découpées que les précédentes ce qui lui donne un coté plus imposant tout en restant léger. Sa souche est assez coriace mais peu visible une fois que les feuilles sortent au début du printemps.
Cette fougère dispose aussi de deux types de frondes (fertiles et stériles), comme la Matteuccia. Les frondes fertiles forment des tiges brunes.
Exposition : mi-ombre, ombre
Hauteur : 1,20 m
Largeur : 1 m
Sol : riche, sableux, humide et acide
Rusticité : -15°C
L’un de ses plus grands atouts est sa belle coloration automnale passant par les jaunes orangés. Elle pourra s’acclimater aussi bien en massif d’ombre qu’en bord de pièce d’eau.
Seules quelques variétés à feuillage caduque parmi les plus courantes ont été détaillées mais il en existe des centaines d’autres.
1.2. Les fougères persistantes les plus courantes
Un peu moins connues que les fougères caduques, les persistantes ont un réel intérêt hiver comme été. Moins présentes à l’état naturel dans nos forêts Normandes, elles auraient le mérite d’être un peu plus appréciées et utilisées dans les jardins. Elles sont très décoratives, il y en a de toutes les formes, et leur durée de vie est relativement longue (plusieurs dizaines d’années).
– Cryptomium fortunei
Autrement appelée Aspidie de Fortune, c’est sans aucun doute l’une des fougères persistantes les plus curieuses et étonnantes. Son feuillage vert foncé, luisant et coriace, avec une forme quelque peu inattendue, est parfaitement symétrique et relativement large. Il peut tout à fait être
utilisé en bouquet de fleurs fraîches.
Exposition : mi-ombre, ombre
Hauteur : 60 cm
Largeur : 40 cm
Sol : frais, humifère mais peu fertile, bien drainé
Rusticité : -15°C
Elle n’est pas très connue, mais c’est pourtant une valeur sûre pour un massif de mi-ombre en compagnie de vivaces qui perdent le plus souvent leur éclat pendant la période hivernale.
– Dryopteris affinis
Nommée aussi fausse fougère mâle, elle a beaucoup de ressemblance avec la Dryopteris filix-mas. La différence la plus importante concerne la persistance de son feuillage. C’est une fougère relativement grande pour une persistante car elle peut atteindre 1.2 m. Son feuillage est d’un beau vert clair à nervure grisâtre, ce qui donne un joli contraste et illumine beaucoup les massifs fleuris d’hiver.
Exposition : mi-Ombre
Hauteur : 1,20 m
Largeur : 1,20 m
Sol : ordinaire, frais et riche
Rusticité : le feuillage disparait en dessous de -10°C mais la souche résiste à -15°C
Elle trouvera facilement une place en arrière de massif afin de donner un peu de hauteur et de verdure toute l’année. C’est une variété assez couramment utilisée dans l’univers des fougères.
Vous pourrez aussi trouver une variété plus petite et au feuillage plus fin, plus compact sans nervure grise: La Dryopteris affinis crispa.
– Polypodium vulgare
Le polypode commun est une fougère très rustique, originale, de petite taille et au feuillage ponctué de petites boules brunes, les sores (boules contenant les spores pour la reproduction). Ce feuillage peut rester d’un beau vert lustré pendant plusieurs années, nul besoin de la tailler chaque année. Elle peut coloniser de petits espaces grâce à des racines aériennes qui font croître la touffe au fil des années.
Exposition : mi-ombre ou ombre
Hauteur : 30 cm
Largeur : 50 cm
Sol : pauvre, léger, bien drainé, neutre à acide
Rusticité : -20°C
Le Polypodium est une fougère qui s’adapte à des environnements différents tant qu’elle n’est pas en plein soleil. Vous pouvez aussi bien l’intégrer dans un vieux muret, que dans une rocaille humide ou bien encore, dans vos massifs de vivaces. Elle peut également résister à la concurrence racinaire d’arbres ou d’arbustes déjà développés même si le sol est pauvre.
Elle peut également se fixer sur des troncs d’arbres, elle est épiphyte (plante pouvant ancrer ses racines à la surface d’autres plantes ou même dans le creux d’un arbre sans grand besoin de terre pour vivre). Au cas où vous voudriez concevoir un mur végétal, les Polypodium pourraient sans problème y être intégrés.
– Polystichum setiferum
Autrement nommée Aspidie à cils raides, c’est l’une des plus grandes parmi les fougères persistantes. Ici, elle est en compagnie de Phalaris, une graminée qui brunie l’hiver et donne un joli contraste. Petites, grandes, vertes foncées, claires, compacts ou encore élancées, il en existe des dizaines de variétés. Les variétés de Polystichum sont toutes plus belles les unes que les autres. Les tiges portant les frondes sont brunes et écailleuses. Son port est harmonieux et assez symétrique, ce sont des fougères très agréables à regarder et très douces au toucher.
Exposition : mi-ombre, ombre
Hauteur : 1,20 m
Largeur : 1 m
Sol : humide, léger et riche
Rusticité : -20°C
Pour les adopter, vous devrez avoir un sol qui ne sèche jamais entièrement car elles ont besoin d’humidité et de fraicheur pour nourrir leurs frondes coriaces. Parmi les variétés les plus jolies, il y a : Polystichum setiferum ‘proliferum’ à frondes très découpées et plus denses (hauteur : 60 cm, largeur : 60 cm).
Polystichum setiferum ‘plumosum densum’ Ses frondes sont encore plus compactes et découpées que la ‘proliferum’. Cette variété est très jolie et très dense (hauteur : 40 cm, largeur : 50 cm)
Polystichum setiferum ‘congestum’.
Son feuillage est, quant à lui, vert foncé et la nervure centrale est brune et bien prononcée, ce qui donne un joli contraste. C’est sans doute l’une des variétés les plus petites (hauteur : 30 cm, largeur : 40 cm).
Polystichum setiferum ‘dahlem’ de taille plus conséquente (hauteur : 80 cm, largeur : 50 cm), ses frondes sont plus érigées et moins compactes que les autres variétés.
On peut également trouver la très belle Polystichum polyblepharum aux frondes vertes foncées et brillantes (hauteur 60 cm, largeur : 50 cm). Elle a les mêmes exigences que Polystichum setiferum. C’est l’une des plus belles du genre Polystichum.
– Phyllitis ou Asplenium scolopendrium.
Cette fougère, aussi appelée Langue de cerf, ou Langue de bœuf ou localement Fougère bariva, pousse spontanément dans les forêts de bord de Seine. Ses frondes sont entières, non découpées, vertes claires et assez charnues. On peut facilement y voir sous les frondes les bandes de sores (bandes brunes rattachées à la feuille qui émettront par la suite des spores pour la reproduction). Pour que le feuillage soit plus joli d’année en année, coupez le à ras en février/mars afin de favoriser la pousse de nouvelles frondes.
Exposition : mi-ombre, ombre
Hauteur : 30 cm
Largeur : 50 cm
Sol : une des rares fougères demandant un sol neutre, drainé mais très humide
Rusticité : -25°C
Cette fougère apprécie particulièrement les vieux murs et les rocailles humides. Une forte humidité est indispensable pour qu’elle puisse prospérer. Ne la mettez donc pas dans une rocaille sèche ou elle ne survivra pas.
Une forme plus originale et plus petite existe aussi : l’Asplenium scolopendrium ‘cristata’. Ses frondes sont cristées, c’est-à-dire qu’elles ont une forme relativement tordue lui
donnant un aspect assez inattendu et original.
On pourrait également citer des fougères moins courantes comme Blechnum spicant, avec ses frondes très jolies et sa petite taille ou encore l’Asplenium trichomanes très fine et qui apprécie particulièrement les ambiances rocailleuses à l’ombre.
2. LA MULTIPLICATION
Les fougères font partie d’un embranchement appelé Ptéridophytes. Ce mot barbare signifie que les fougères sont des plantes qui n’émettent pas de fleurs. Elles assurent leur multiplication par plusieurs moyens, le plus courant étant les spores. Ce sont des sortes de petites graines qui sont attachées et groupées sous le feuillage dans des boules ou bandes brunes appelées sores. Ces sores sont visibles à l’œil nu et libèrent les spores au moment le plus favorable à la reproduction. Les spores voleront au vent et se déposeront un peu plus loin pour donner naissance à embryon de fougère appelé protale qui donnera une fougère quelques années après.
(sores sous les feuilles d’une dryopteris erythrosora)
D’autres sont capables de se reproduire de façon différente :
La fougère aigle que l’on trouve dans beaucoup de forêts. Cette fougère d’une hauteur d’environ 1,20 m et perchée sur de longues tiges, est capable de se reproduire par l’intermédiaire de rhizomes. Les rhizomes sont des organes souterrains comme des racines qui donnent en se développant de nouvelles plantes identiques (les bambous se propagent aussi grâce à des rhizomes). La fougère aigle peu donc coloniser de grandes surfaces par cette méthode rapide de reproduction.
Les polypodium, quant à elles, développent des racines aériennes qui vont ramper et s’allonger au fil des années. Des bourgeons se développeront sur ses racines donnant également de nouveaux pieds. L’expansion est un peu moins rapide que le système par rhizomes. Les polypodium utilisent également les spores pour se développer.
Les Matteucia strutiopteris se multiplient un peu comme les fraisiers, c’est-à-dire qu’elles développent de longues tiges coiffées d’un bourgeon terminal qui , en arrivant à la surface du sol, s’enracinera et donnera naissance à une nouvelle fougère indépendante. Elle peut aussi se multiplier par les spores mais sa reproduction est cependant très lente ce qui la rend assez vulnérable.