Très appréciée, la pomme de terre ravit petits et grands. Que ce soit en frites, en purée ou en gratin, elle se consomme sous toutes les formes, cuite, chaude ou froide. Bien souvent, elle s’achète fraîche ou congelée mais la culture au jardin rend les récoltes encore meilleures avec des saveurs bien loin des pommes de terre du commerce.
Nom latin : Solanum tuberosum
Famille : solanacées
1. QUELQUES CHIFFRES
Avec une culture record à l’échelle mondiale, la pomme de terre est la 3e culture la plus consommée au monde. La production fait tourner la tête avec plus de 370 millions de tonnes chaque année. Elle se cultive dans toutes les régions du monde au climat tempéré, aride ou tropical sur près de 19 millions d’hectares. Ce sont la Chine, l’Inde et la Russie qui sont les 3 plus gros producteurs en se partageant environ 40 % des récoltes.
Pour ce qui est de la consommation par habitant, là aussi le chiffre est très élevé puisqu’il tourne autour de 15 kg par habitant et par an au niveau mondial et près de 60 à plus de 80 kg, respectivement en Amérique et en Europe.
La raison de cette forte consommation est sa facilité de conservation mais surtout les diverses façon de la manger. Les frites font partie des aliments les plus consommés dans les pays développés, faisant grimper la balance rapidement.
2. SES CARACTÉRISTIQUES
2.1. Physiques
La pomme de terre est un tubercule originaire de la cordillère des Andes en Amérique du Sud. Cette plante a un cycle de vie végétatif bien particulier puisqu’il est annuel. Elle assure sa pérennité par la production de tubercules souterrains qui, s’ils ne sont pas déterrés, forment une nouvelle plante chaque année. Le pied de pomme de terre produit également des graines et peut alors se ressemer. Ce n’est cependant pas cette technique de multiplication que l’on utilise en culture.
Au printemps, les tubercules germent puis des tiges émergent du sol. Une plante aux feuilles vertes, composées et plutôt charnues se forme. La touffe mesure de 50 cm à 1 m de hauteur mais la quantité de feuillage n’implique pas nécessairement une récolte abondante.
Elle émet après quelques semaines des fleurs blanches ou bleutées selon les variétés. Ces fleurs annoncent la formation des tubercules souterrains et la possibilité de débuter une récolte primeur mais à maturité incomplète. Suivent alors des fructifications semblables à de petites tomates et de couleur verte. Méfiez-vous de ces fruits qui ne sont pas comestibles.
Petit à petit le feuillage va se mettre à jaunir, puis dessécher complètement. Le tubercule mère, épuisé, meurt mais ceci annonce la récolte des nouveaux. Ces tubercules tout frais vont ensuite avoir une durée de repos durant laquelle ils ne germeront pas. Le but est pour la plante de respecter son cycle saisonnier.
2.2. Composition
La pomme de terre n’est pas très riche en tant que telle mais c’est une importante source de glucide, de vitamine B1 et de vitamine C. Elle a également une teneur élevée en potassium et en fer. De plus, contrairement aux idées reçues, elle n’est pas calorique. Nous pouvons donc manger des frites à volonté me direz-vous ! Et bien non, car c’est justement l’huile de cuisson et le sel en excès qui rendent cette recette peu diététique.
3. LES DIFFÉRENTES VARIÉTÉS
Choisir sa pomme de terre peut ressembler à un véritable casse-tête tant le nombre de variétés est important. Pour ne pas vous perdre devant le rayon, voici comment s’orienter. Tout d’abord, on peut les catégoriser en 3 types de chairs et ceci en fonction de leur utilisation :
3.1. Les chairs tendres
Ce sont les pommes de terre passe-partout. Elles résistent bien à la cuisson, qu’elle soit à l’eau ou la vapeur. Elles s’écrasent facilement pour la confection de purées onctueuses mais ne sont pas recommandées pour les frites. Le rendement de ce type de pomme de terre est très bon.
3.2. Les chairs fermes
Ce sont les meilleures pour la cuisson à l’eau car elles gardent ce côté ferme une fois cuites. Elles disposent d’une texture consistante et sont d’un calibre souvent plus petit que les autres catégories. Le rendement est aussi moindre mais ce sont des variétés de qualité. C’est pourquoi on les utilise en salade, pour accompagner les recettes fromagères ou bien simplement sautées.
3.3. Les chairs farineuses
Ce sont les pommes de terre les plus riches en amidon d’où leur côté « farineux ». Elles sont plus consistantes et d’un aspect culinairement plus grossier. Elles ne tiennent pas après la cuisson, c’est pourquoi on les utilise en purée ou bien en frites. Ceci leur va très bien puisqu’elles ont un calibre plus gros que les deux premières catégories.
Voici quelques exemples des meilleures variétés :
Belle de Fontenay
Type de chair : Ferme
Durée de culture : 70 jours
Rendement : Moyen
Conservation : Moyenne
Le plus de la variété : Pomme de terre primeur très précoce. Idéale pour une consommation dès la fin du printemps
BF 15
Type de chair : Ferme
Durée de culture : 90 jours
Rendement : Bon
Conservation : Moyenne
Le plus de la variété : Variété connue et reconnue, crée en France
Bintje
Type de chair : Farineuse
Durée de culture : 110 jours
Rendement : Excellent
Conservation : Bonne
Le plus de la variété : La reine des frites, soupes ou purées
Bleue d’Artois
Type de chair : Farineuse
Durée de culture : 120 jours
Rendement : Bonne
Conservation : Très bonne
Le plus de la variété : Pomme de terre à chair bleue et plus gros calibre que Vittelotte
Charlotte
Type de chair : Ferme
Durée de culture : 110 jours
Rendement : Très bon
Conservation : Bonne
Le plus de la variété : Pomme de terre polyvalente
Corne de gatte
Type de chair : Ferme
Durée de culture : 130 jours
Rendement : Moyen
Conservation : Excellente
Le plus de la variété : Pomme de terre de garde qui ne germe que très peu
Désirée
Type de chair : Farineuse
Durée de culture : 130 jours
Rendement : Excellent
Conservation : Excellente
Le plus de la variété : Bonne tenue à la cuisson, gros calibre, peau rosée et très bonne résistance au mildiou
Mona lisa
Type de chair : Ferme à tendre
Durée de culture : 110 jours
Rendement : Excellent
Conservation : Bon
Le plus de la variété : Bonne résistance aux maladies, chair fine et fondante
Princesse Amandine
Type de chair : Ferme
Durée de culture : 80 jours
Rendement : Bon
Conservation : Moyenne
Le plus de la variété : Variété précoce passe partout
Ratte
Type de chair : Ferme
Durée de culture : 120 jours
Rendement : Moyen
Conservation : bonne
Le plus de la variété : Pomme de terre aux saveurs de châtaignes
Rosabelle
Type de chair : Tendre
Durée de culture : 110 jours
Rendement : Moyen
Conservation : Moyenne
Le plus de la variété : Pomme de terre à peau rouge et chair jaune
Roseval
Type de chair : Ferme
Durée de culture : 130 jours
Rendement : Excellent
Conservation : Bonne
Le plus de la variété : Variété tardive à fort rendement
Spunta
Type de chair : Tendre
Durée de culture : 110 jours
Rendement : Excellent
Conservation : Moyenne
Le plus de la variété : Bonne tenue à la cuisson et chair fondante
4. CULTURE ET ENTRETIEN DE LA PLANTE
4.1. La germination
Avant d’envisager toute plantation, vous devrez vous procurer des tubercules mères. Ils sont disponibles en rayon en filets ou bien en caissettes pour des quantités plus importantes. Les plants sont à ce stade encore en dormance ou bien avec des premières les ébauches de germes.
Pour un meilleur taux de reprise, vous devrez les faire germer en amont afin d’avoir des germes de quelques centimètres, trapus et en début de coloration.
Pour ce faire, placez vos plants étalés sur une seule couche à la lumière et autour de 15 °C. Ne les faites jamais germer dans l’obscurité sans quoi vous obtiendrez des germes longs, blancs et sans la moindre valeur.
Dans une logique d’anticipation de plantation, procurez-vous les plants quelques semaines avant la plantation. La fraîcheur pourra retarder cette germination.
4.2. Quand planter ?
La durée de culture d’une pomme de terre est comprise entre 70 et 130 jours en moyenne. Privilégiez des cycles de plantation qui correspondent aux caractéristiques plus ou moins précoces de telle ou telle variété. C’est pourquoi les premières plantations vont suivre l’étape de germination dès début à mi-mars en régions douces ou sous serre. Planter tôt et des variétés précoces permet de profiter de premières récoltes dès le mois de juin.
Dans les régions plus fraîches et sans protection, l’idéal est de patienter que le risque de gelée matinales s’estompe. En effet, la pomme de terre, de par son origine, est une plante qui ne supporte pas le gel, surtout sur les jeunes feuilles. Un pied gelé est un pied fichu ! De plus, elle nécessite un sol d’au moins 10 cm en profondeur pour pousser correctement.
4.3. Comment planter ?
Une fois vos plants germés et la période déterminée, il est temps de préparer la zone de plantation :
– Avant toute chose, il est important de ne pas planter vos pommes de terre dans un carré du potager ayant déjà porté cette culture l’année précédente. De même, évitez de les planter après une culture comme les tomates ou tout autre légumes ayant subi une attaque de mildiou, la maladie les plus récurrente chez la pomme de terre.
– Ensuite, un travail du sol sur 30 cm de profondeur est recommandé de manière à le décompacter, l’ameublir et l’enrichir si besoin. Privilégiez une fumure de fond et non pas un engrais liquide trop concentré.
– Creusez des sillons de 15 cm de profondeur, distancés de 70 cm.
– Placez vos tubercules, germes vers le haut, à une distance de 40 cm les uns des autres.
– Répétez cette opération dans chaque sillon en disposant les tubercules en quinconce.
– Recouvrez le tout de terre fine puis arrosez pour la tasser et encourager la continuité de germination et d’enracinement.
4.4. Le buttage
La croissance des plants est amorcée, les tiges émergent du sol et les premières feuilles apparaissent. Lorsque celle-ci vont atteindre 10 à 15 cm de hauteur, c’est le moment de les butter.
Cette technique consiste à remonter la terre de part et d’autre des feuilles de façon à ancrer le plant, encourager son développement et éviter la stagnation de l’eau à sa base. Avec des buttes régulières entre les rangs, l’eau s’écoule et s’infiltre plus facilement, ce qui évite de créer un climat favorable au mildiou.
Vous pouvez former ces buttes au râteau ou à l’aide d’un buttoir.
4.5. L’arrosage
La pomme de terre est une culture gourmande en eau. La sécheresse est son pire ennemi et viendra à coup sûr amoindrir vos récoltes. Arrosez de préférence le matin à la fraîche en faisant s’écouler l’eau dans les sillons. Ne mouillez jamais les feuilles encore une fois pour éviter l’apparition du mildiou.
Le bon moment pour arroser est lorsque les feuilles commencent à flétrir, signe de soif. N’arrosez pas tous les soirs, privilégiez un arrosage conséquent mais espacé.
4.6. Le paillage
Pailler les pommes de terre après buttage n’est pas une mauvaise idée, loin de là. Ceci permet de maintenir le sol plus frais tout en évitant la pousse des adventices. Choisissez par contre un paillis sec et grossier à nouveau pour ne pas créer une atmosphère d’humidité stagnante. La paille de blé est une très bonne solution pour cela.
5. LES MALADIES ET PARASITES
5.1. Maladies
Le Mildiou
C’est la maladie numéro un sur la pomme de terre. Cette maladie cryptogamique issue d’un champignon (phytophthora infestans) se développe en conditions chaudes et humides. On la remarque aux tâches brunes qu’elle forme sur la face supérieure du feuillage et au duvet blanc sur la face inférieure. Si elle n’est pas maîtrisée, le plant dépérit complètement et les pommes de terre récoltées deviennent noires et immangeables.
La solution : des conditions de culture tant en techniques qu’en rotations de cultures suffisent à limiter les contaminations. Sinon, des traitements à base de bouillie bordelaise sont recommandés de manière préventive lorsque les plants atteignent 30 cm. Ils doivent être répétés si nécessaire toutes les 3 semaines ou après de grosses pluies.
La Gale
C’est une maladie bactérienne qui affecte la pomme de terre dans les sols trop calcaires lorsque les températures sont comprises entre 19 et 24 °C pour la gale en pustule et entre 13 et 17 °C pour la gale en liège. Cette seconde se développe lors de conditions humides contrairement à la première.
Ces bactéries affectent alors les tubercules qui perdent de leurs qualités.
La solution : évitez les sols et amendements calcaires et appliquez les rotations de culture. La ratte est une variété résistante à cette maladie.
5.2. Parasites
Le Doryphore
En terme d’insecte, c’est le Doryphore le parasite numéro un de la pomme de terre. Les adultes sont des coléoptères de couleur crème aux lignes brunes. Leurs larves rougeâtres sont extrêmement voraces. Les adultes comme les larves défolient complètement les pieds attaqués, réduisant tout espoir de récolte à zéro.
La solution : éliminer les larves et les œufs par ramassage permettent de limiter les dégâts. En complément, pulvérisez un insecticide végétal à base d’huile et/ou de pyrèthre.
Le Taupin
Là encore, il s’agit d’un coléoptère noir, dont seule la larve est nuisible aux cultures. Ce sont des vers allongés de couleur jaune qui sont présents sur les cultures en mai/juin puis en août/septembre selon leur cycle de vie et reproduction. Ils creusent des galeries directement dans les tubercules, ce qui rend le diagnostic compliqué avant récolte. Les récoltes s’amenuisent donc selon l’ampleur de l’attaque.
La solution : là encore, les rotations de cultures permettent de limiter leur présence. Le purin de fougère et la chaux ont des effets répulsifs sur eux. Il est aussi possible de les piéger en plantant des rondelles de pomme de terre afin de déterminer leur présence.
6. LA RÉCOLTE ET LA CONSERVATION
6.1. Récolte
Quand ?
Nous l’avons vu, les premiers tubercules se forment dès que la plante fleurit. Même s’il est conseillé de patienter que le feuillage commence à jaunir pour les récolter, une récolte anticipée est possible sur quelques plants.
Le feuillage est un bon indice pour déterminer le moment de récolte mais vous pouvez aussi tout simplement vous référer à la durée de culture conseillée pour la variété choisie.
A l’inverse, vous ne devez pas trop patienter pour récolter car si tel était le cas, vous risqueriez de récolter des tubercules abîmés ou malades. De manière générale, les récoltes peuvent s’échelonner de début juin à novembre en plantant des variétés plus ou moins précoces et en jouant sur les dates de plantation. de la belle de Fontenay, pour l’une des plus précoces, à la désirée pour l’une des plus tardives.
Comment ?
La récolte doit se faire en douceur pour ne pas abîmer les tubercules.
– munissez-vous d’une fourche à bêcher que vous plantez parallèlement au rang et à environ 30 cm du plant. Faites un mouvement de levier et accompagnez le déterrage en tirant sur les tiges.
– une fois le pied sorti, récupérez les tubercules et mettez les fanes dans la brouette.
– bêchez plusieurs fois autour de la zone en profondeur afin d’en récupérer les éventuels tubercules qui se serait détachés lors de l’arrachage.
– passez au suivant et ainsi de suite.
Si les feuilles sont saines et indemes de maladies, elles pourront rejoindre le tas de compost. Si ce n’est pas le cas, brûlez-les.
6.2. Conservation
La durée de conservation varie d’une variété à l’autre. C’est pourquoi vous devrez choisir la variété qui vous convient en fonction de vos besoins.
Une fois récoltés, les tubercules devront être séchés une journée au soleil sans les laver. Un simple dépoussiérage grossier suffit car le lavage viendrait endommager leur peau et réduire la durée de conservation.
Avant de les stocker, triez-les pour séparer les tubercules sains de ceux qui sont abîmés ou tâchés.
Choisissez des caissettes ajourées en plastique ou en bois en superposant 2 couches maximum de manière à bien laisser circuler l’air entre chaque plant.
Conservez-les ensuite dans l’obscurité et à la fraîche, idéalement entre 8 et 10°C. Une cave est l’endroit idéal pour cela car c’est uniquement dans ces conditions que les pommes de terre ne se flétriront pas et ne germeront pas de manière anticipée.
Si toutefois des germes venaient à apparaître, retirez-les le plus tôt possible.