Comment tailler ? Telle est la question que tout jardinier même aguerri, s’est déjà pos’ devant un arbuste de son jardin. Le développement, le port, l’époque de floraison sont autant de paramètres à prendre en compte pour ne pas tailler n’importe comment et ainsi dénaturer complètement l’aspect de votre arbuste.
1. BIEN S’ ÉQUIPER POUR BIEN TAILLER
Avant d’envisager toute taille d’arbuste, vous devrez vous assurer d’être bien équipé. Un matériel adapté et de qualité est absolument indispensable pour exécuter un travail propre et sain pour la plante. En effet, il est important de savoir qu’une taille n’est pas dangereuse pour un arbuste à condition qu’elle soit bien faite. Et même dans ce cas, les blessures occasionnées représentent toujours un risque potentiel de développement d’infection par une maladie ou d’un champignon qui pourraient pénétrer très facilement par les plaies ouvertes que vous aurez formées. Une coupe nette permet une meilleure cicatrisation, bien plus rapide que si la branche est arrachée.
Pour ce faire, optez pour un sécateur à lames franche en veillant à ce que la lame principale soit bien affutée et surtout propre. Beaucoup de maladies ou champignons contractées par certains arbustes, proviennent d’un outil de taille sale, contaminant ainsi les sujets les uns après les autres.
Avant toute taille nous vous conseillons donc de désinfecter votre lame et contre-lame avec un mouchoir imbibé d’alcool à 90°. Nettoyez -e aussi régulièrement à l’eau savonneuse de manière à retirer les éventuelles traces de sève ou résine ayant séché sur les zones coupantes.
Pensez aussi à faire une petite révision de votre matériel de taille comme l’huilage ou le serrage du mécanisme. Un sécateur mal réglé est à coup sûr un sécateur qui arrachera l’écorce lorsque vous taillerez. L’affutage est lui aussi un entretien qui doit être fait régulièrement.
2. LES DIFFÉRENTS TYPES DE TAILLE
Dans leur milieu d’origine, les arbustes ne sont jamais taillés. Il s’agit d’une pratique spécifique au jardinage permettant de les rendre plus esthétiques, diminuer leur encombrement, les rajeunir ou encore augmenter leur faculté à fleurir plus abondamment.
Vous pourrez alors vous abstenir totalement de tailler mais votre jardin pourra rapidement devenir ‘fouillis’. A l’inverse, certains jardiniers ont tendance à vouloir trop tailler et surtout avec des méthodes non adaptées comme la taille en boule pour tous les arbustes. Dans les deux cas, il s’agit de pratiques « extrêmes » exécutées par manque de connaissance, d’envie ou de plaisir à jardiner.
Si l’on devait raisonner de la meilleure des façons, on pourrait considérer que chaque arbuste doit recevoir une taille spécifique mais le travail deviendrait alors un véritable casse-tête. Pour simplifier les choses tout en le faisant d’une façon la moins stressante pour l’arbuste, voici les 6 grandes méthodes de tailles qui pourront s’adapter à tous vos arbustes.
A savoir : La coupe doit toujours être faite au-dessus d’un bourgeon et non en dessous car elle laisserait une partie nécrosée en cicatrisant !
2.1. La taille de formation
Il s’agit de l’une des premières tailles à pratiquer durant les années qui suivent la plantation d’un arbuste. Elle permet de lui donner une forme bien proportionnée en respectant son port naturel. C’est en quelque sorte une taille d’accompagnement visant à supprimer des branches au profit d’autres. Vous éliminerez alors au cours de cette taille :
– le bois mort,
– les branches malades ou abimées,
– les branches pouvant se croiser.
Ces dernières peuvent apparaître assez souvent et le souci occasionné est qu’elles se frottent inlassablement l’une contre l’autre, abîmant leur écorce puis provoquant des plaies qui seraient amenées à être plus facilement contaminées. Ces plaies pourraient aussi se souder entre elles, c’est ce que l’on appelle « écorce incluse »
Le rendu de cette soudure n’est pas des plus esthétique sur un arbuste d’où l’importance de sélectionner les branches au fur et à mesure de leur croissance.
Cette taille de formation se fait les trois premières années en sortie d’hiver avant que les feuilles n’apparaissent car c’est à ce moment que l’ensemble de la ramure est bien visible. Vous pourrez alors repérer plus facilement tous les phénomènes évoqués précédemment.
La taille de formation est valable pour tous les arbustes mis à part ceux qui connaîtront un recépage chaque année.
2.2. La taille d’après floraison
Une des règles les plus fondamentales de la taille, après celle de formation, est de toujours procéder après la floraison. Cette taille n’est pas valable pour l’ensemble des arbustes mais permet, si elle est tout de même réalisée, de ne jamais supprimer la floraison des années suivantes.
En effet, on distingue plusieurs grandes catégories d’arbustes chez lesquels on raisonnera toujours en années de floraison pour savoir comment les tailler :
– Floraison sur le bois de l’année :
C’est-à-dire que les fleurs se formeront sur les nouvelles pousses en cours de développement, autant dire que vous ne pourrez pas couper la floraison mis à part en taillant juste avant son épanouissement. Il s’agit de l’une des exceptions à la règle d’après floraison car vous devrez tailler ces arbustes assez court en sortie d’hiver. Cette taille engendrera un phénomène de repousse rapide qui émettra une grande quantité de rameaux. L’ensemble de ces rameaux porteront ensuite d’autant plus de fleurs. Pour en citer quelques-uns, c’est le cas des Abelia, Buddleja, Hypericum, Lavatera, Perowskia, etc.
– Floraison sur le bois d’un an ou plus :
Dans ce cas, la taille d’après floraison prend tout son sens puisqu’elle permet d’éviter que la plante ne s’épuise à faire des fructification mis à part si elles a un intérêt esthétique. Elle permet aussi la repousse de tiges favorisant une éventuelle remontée en floraison pour les arbustes à floraison printanière et de début d’été. Cette remontée est en quelque sorte une seconde floraison, si faible soit-elle pouvant se produire en arrière-saison. Pour donner quelques exemples, on pourrait retrouver dans cette catégorie les Deutzia, Forsythias, Physocarpus, Weigelia, Ribes, etc.
Pour ce qui est de l’exécution de cette taille, elle se fait donc lorsque la plante est en feuillage et que sa floraison est terminée. Coupez alors l’ensemble des parties fleuries au-dessus d’un bourgeon prêt à reformer une nouvelle branche. Dans certains cas comme pour les Kerria ou Philadelphus, des rameaux entiers peuvent être recouverts de fleur, nécessitant alors la taille complète de la branche afin de laisser du jour aux autres, plus jeunes et porteuses de fleurs les années suivantes.
ATTENTION : Cette taille complète n’est à réserver qu’à certaines branches, ne pratiquez pas un recepage complet en période de végétation ! De plus, tailler ainsi rejoint un peu à faire une taille de rajeunissement sauf que cette dernière ne doit pas être pratiquée après la floraison mais en sortie d’hiver.
2.3. La taille des formes topiaires
Les formes topiaires ont été beaucoup développées grâce aux jardins à la française, très structurés dans lesquels les Buis et autres Ifs sont les rois. Tous taillés selon des formes plus géométriques les unes que les autres, ils s’avèrent, tout comme d’autres espèces, bien adaptés aux tailles répétés et donc plutôt stressantes.
Si vous choisissez un sujet déjà formé, vous n’aurez alors qu’à suivre la forme. En revanche, si vous partez d’une forme libre pour en faire une forme donnée, vous devrez alors tailler votre arbuste progressivement de façon à ce qu’il se ramifie et se garnisse de l’intérieur. Sa structure dense permettra alors une meilleure tenue en forme et un aspect plus fort. Ne le laissez jamais pousser librement en ne le taillant qu’une fois à la hauteur souhaitée sans quoi l’intérieur serait creux et la forme s’ouvrirait facilement en cas de neige par exemple.
Dans le cas de cette taille, vous ne vous occuperez pas des époques de floraison ou des bourgeons car la taille se fera à la cisaille et toujours à la fin de la première pousse, soit en fin de printemps (juin). Une taille avant l’été permet d’éviter que la plante ne souffre trop de la chaleur ou des excès d’humidité sur les cicatrices occasionnées. Une seconde taille peut être pratiquée en fin d’été de manière à conserver une forme à l’aspect bien net durant tout l’hiver. Celle-ci est toutefois facultative.
Munissez-vous toujours d’une cisaille bien affûtée, propre et désinfectée entre chaque sujet taillé. Ceci évite la propagation d’éventuelles maladies comme le dépérissement du Buis, pas toujours visible à l’œil nu si l’attaque est très récente mais qui pourra pour autant se propager d’un sujet à l’autre par le biais de la cisaille. Coupez ensuite une partie des pousses formées depuis le printemps mais pas la totalité. Le fait de couper toujours au même endroit n’est pas très bon pour la plante puisque ceci empêche un bon renouvellement foliaire et forme aussi une croute de taille à travers laquelle l’air ne peut traverser pour aérer le centre de l’arbuste. Supprimer alors les ¾ des nouvelles pousses à chaque coupe.
Tous les ans procédez aussi en début de printemps à une aération de l’intérieur en supprimant quelques branches sans pour autant faire des trous dans la forme. Cette opération permettra à l’air de mieux circuler à l’intérieur de l’arbuste et ainsi l’aidera à être plus résistant aux maladies qui viendront moins se loger au cœur de cette zone abritée.
2.4. La taille d’éclaircie ou taille en transparence
Il s’agit sans doute de l’une des tailles les moins complexes dans le sens où elle se fait principalement « à l’œil ». Elle intervient à la suite de la taille de formation en étant tout de même beaucoup moins forte mais avec le même esprit qui est d’avoir une forme harmonieuse de la ramure et une silhouette aérée.
La sélection des branches à supprimer dans un premier temps se fait en éliminant :
– Le bois mort
– Les branches qui se croisent
– Les branches abîmées ou malades
– Les branches traversant l’arbuste de part en part
Une fois cette sélection faite, prenez du recul et vous verrez d’un simple coup d’œil si quelque chose vous choque. Si la forme vous semble naturelle et bien proportionnée c’est que le travail a été bien fait. Pour cette taille en transparence, évitez de raccourcir les branches que vous gardez sur leur longueur, le but étant d’aérer et non de rétrécir la taille globale mis à part si l’arbuste est déséquilibré.
En ce qui concerne la méthode de taille, faites toujours en sorte de sectionner les branches à supprimer à l’aisselle d’une ramification sans laisser d’onglet de manière à ce que le rendu soit le plus naturel possible. Exercez ce travail enfin en sortie d’hiver car c’est à ce moment que l’architecture de l’arbuste sera le plus visible.
A savoir : La taille en transparence est surtout valable pour les arbres mais s’adapte très bien aux proportions des arbustes.
2.5. La taille de rajeunissement progressif
C’est tout simplement une taille d’éclaircie un peu plus poussée ne visant pas à éliminer les branches mal positionnées ou malades mais à rajeunir complètement l’arbuste. Le travail se fait alors sur une période de 3 à 5 ans durant laquelle l’ensemble des branches de l’arbuste vont être éliminées pour repartir en quelque sorte de zéro. On y voit alors une certaine ressemblance avec le recepage si ce n’est que la taille de rajeunissement progressif est beaucoup moins stressante pour l’arbuste puisqu’un bon pourcentage de branches demeurent complètement présentes lorsque d’autres sont entièrement éliminées.
Echelonnez alors les coupes d’une année sur l’autre, là encore en sortie d’hiver, en sectionnant au ras du sol ¼ les branches les plus vieilles. Répétez cette opération sur plusieurs années jusqu’à ce que l’ensemble des branches aient été coupées au profit d’autres, plus jeunes, qui auront pris le relais entre temps.
Cette taille est valable pour bien des arbustes comme notamment les haies devenues trop larges. Même les Thuya peuvent subir un rajeunissement progressif en haies sans aucun problème sur plusieurs années. A l’inverse, en cas de rabattage, ce serait la mort assurée !
2.6. La taille de rabattage ou recépage
Cette dernière taille est la plus brutale. Elle vise à supprimer l’intégralité du branchage d’un arbuste en une seule fois, à 10 cm du sol et de préférence en sortie d’hiver avant le bourgeonnement. Elle peut ainsi avoir plusieurs buts :
– rajeunir rapidement des arbustes pouvant le tolérer et ainsi repartir sur des branches saines avec un résultat bien plus rapide qu’en cas de rajeunissement progressif,
– offrir aux arbustes fleurissant sur le bois de l’année une floraison plus spectaculaire et volumineuse. C’est notamment les cas pour le Hydrangea paniculata qui présenteront des inflorescences presque une fois et demi plus grosse en cas de recepage que s’il était conduit en arbuste formé.
– produire un feuillage aux dimensions disproportionnées par rapport à la normale ou une couleur du bois beaucoup plus vive. On remarque que certaines espèces tolèrent tout à fait ce type de taille les rendant alors beaucoup moins haut mais encore plus remarquables. C’est le cas des Cotinus, Populus ou autres Cornus à bois colorés (teinte accentuée en hiver sur les jeunes pousses).
ATTENTION : Comme nous l’avons vu, certaines espèces ne tolèrent absolument pas le recepage donc pensez à demander l’avis d’un professionnel avant de vous lancer aveuglément. Par exemple, ce serait le cas des lilas, des conifères, de la plupart des arbustes persistants mais aussi de tous les arbustes greffés car il y aurait alors un risque que leur porte-greffe reprennent vie à ce moment au détriment du greffon.
3. APRÈS LA TAILLE
La cicatrisation des branches chez les arbustes est une chose qui se fait naturellement tout comme chez l’Homme. Nous l’avons vu, la taille doit toujours être nette et propre pour faciliter cela.
Néanmoins, lors de certaines tailles, le diamètre de la coupe est trop important pour que l’arbuste arrive à cicatriser rapidement sans encaisser les attaques des parasites et maladies. On considère que le diamètre de référence est d’environ celui d’un pouce. En dessous de ce diamètre, la plante est en mesure de refermer ses plaies d’elle-même. Au-dessus, il est préférable de lui apporter notre aide par le biais d’un pansement. Ce pansement étant vendu en magasin sous la forme d’une pate brune à base de résine et d’essence de térébenthine. Grâce à cette protection, la blessure se refermera aussi d’elle-même mais en étant protégée des agressions extérieures.
IMPORTANT : En cas de taille à l’aide d’une tronçonneuse, veillez toujours à nettoyer toutes les blessures occasionnées à l’eau claire car l’engin expulse toujours de l’huile nécessaire à la lubrification de la chaîne. Il va de soi que cette huile n’est pas très bonne pour les plaies, d’où l’utilité d’un nettoyage suivi d’un pansement.