De plus en plus présentes au jardin par un effet de mode et par désir d’exotisme, les plantes méditerranéennes et autres plantes peu rustiques ne sont pas adaptées à notre climat frais et humide dans son ensemble. Pour espérer les cultiver, il existe quelques techniques de protection qui leur permettront de passer l’hiver dans les meilleures conditions.
1. LES CARACTERISTIQUES
Dès lors que la rusticité d’une plante ne lui permet pas de résister à des températures inférieures à -10°C, elle nécessitera dans la plupart des cas une surveillance accrue, voire l’ajout d’une protection, pour être en mesure de résister à l’hiver.
On retrouve donc dans cette catégorie de plantes :
– Celles vivants aux alentours du bassin méditerranéen
C’est à dire les oliviers, lauriers-rose, palmiers, bougainvilliers, callistemon et autres lantana. Vous retrouverez également tous les agrumes comme les citronniers, calamondins, orangers, etc…
– Les plantes tropicales
Ayant besoin du froid pour fleurir, mais jamais de températures négatives, elles sont acclimatables en extérieur durant l’été mais doivent être surveillées de près dès l’arrivée des premiers froids.
C’est le cas des cactées, d’une grande partie des plantes succulentes mais aussi des hibiscus, orchidées et autres strelitzias.
– Les bulbes et rhizomes peu rustiques
Ils offrent une floraison d’été ou de début d’automne. Dans cette catégorie, vous retrouverez par exemple les dahlias, bégonias, cannas et colocasias. Ces plantes sont bien souvent assez frileuses. Il sera alors préférable de les déterrer une fois les premières gelées apparues et de conserver les bulbes dans de la tourbe sèche au garage jusqu’au printemps suivant.
– Les plantes à massif frileuses
Elles sont massivement cultivées comme annuelles mais sont pourtant bien vivaces. C’est par exemple le cas des pelargoniums, fuchsias, brugmansias, etc….
La protection hivernale ne s’arrêtera pas forcement aux plantes gélives. D’autres, plus rustiques mais cultivées en pots seront également à protéger. Ici, le feuillage sera laissé tel quel mais, le contenant sera isolé pour que les racines de la plante ne ‘gonflent’ avec le gel.
C’est généralement le cas des bambous en pots qui pourront périr de soif en hiver. L’eau contenue dans leur pot étant gelée par le froid, elle ne sera donc plus accessible par la plante.
2. LES DIFFÉRENTS MOYENS DE PROTECTION
Il existe mille et une façons de protéger une plante gélive au jardin. Certaines sont simples et peu couteuses alors que d’autres sont plus efficaces mais demandent un équipement mieux adapté.
ATTENTION : Des plantes cultivées à l’extérieur (hormis les plantes tropicales) ne doivent jamais être rentrées dans la maison pendant l’hiver car la température, trop élevée, leur serait plus nuisible que bénéfique. Mieux vaut utiliser les techniques suivantes :
2.1. Le voile d’hivernage
C’est la technique de protection la plus démocratisée et utilisée pour protéger une plante du froid. Composé de fibres textiles, le voile d’hivernage permet d’isoler la plante du vent tout en étant perméable. La température ressentie étant plus faible lorsque le vent est fort ou l’humidité abondante, le voile d’hivernage permettra de contrer ces facteurs climatiques.
Vous pourrez ainsi protéger la partie aérienne des plantes frileuses en pleine terre. Pour cela, entourez toute la plante sans la serrer à partir du moment où les températures commenceront à être négatives durant une bonne partie de la journée. Ne les laissez pas pour autant couvertes en permanence du mois de novembre au mois d’avril sans quoi, les plantes persistantes pourraient perdre leurs feuilles. En effet, à l’intérieur du voile d’hivernage, l’air ne se renouvelle pas autant.
Pour plus de facilité, il existe aujourd’hui des housses de protection qu’il suffit d’enfiler autour de la plante.
A savoir : Le voile d’hivernage n’est pas la solution miracle, vous devez savoir qu’avec une telle protection vous gagnerez environ 2 à 3 degrés et réduirez le phénomène de froid ressenti. Inutile de protéger les plantes tropicales si elles sont en pleine terre et que les températures chutent à -15 °, elles ne résisteraient pas.
2.2. Les brandes
Aussi appelées canisses, les brandes sont des tapis de tiges de miscanthus, bruyères ou joncs. Plus couramment utilisées en brise vue sur des clôtures, elles permettent également de protéger les arbustes ou arbres gélifs. Suivant la qualité choisie, elles seront plus ou moins opaques et épaisses.
Pour les arbustes, ils pourront être entourés de ces brandes de manières à former une protection plus efficace que le voile d’hivernage. Leur utilisation devra aussi être plus courte dans le temps car la lumière ne passe pas ou peu à travers ce type de protection. Doublée d’un voile d’hivernage, l’installation s’avère des plus efficaces pour les plantes en pleine terre.
En ce qui concerne les arbres comme les oliviers notamment, les brandes permettent d’entourer le tronc qui, tout comme le feuillage, est un endroit potentiellement gélif. Maintenez le tout à l’aide de ficelles pour éviter que l’installation ne se dégrade avec le vent !
2.3. La paille, feuilles mortes ou fougères
Ces protections naturelles et efficaces à moindre coût sont surtout valables pour protéger des plantes de petite taille en pleine terre. C’est bien souvent le cas des plantes vivaces légèrement frileuses comme les fuchsias, gunnera et arum par exemple. Au-delà du paillage, ces matières organiques brunes et sèches, s’étalent sur la souche des plantes en vue de les protéger le plus naturellement possible.
Disposez pour cela une couche d’une quinzaine de centimètres sur les souches ou rhizomes à laquelle vous ajouterez un voile d’hivernage maintenu à l’aide de piquets.
ATTENTION : Dans la mesure du possible, faites en sorte que ces matières organiques soient sèches quand vous les étalerez. Si elles étaient trop humides, elles pourraient pourrir tout au long de l’hiver et ainsi, faire pourrir la souche de la plante à protéger !
2.4. La tourbe et le papier journal
Très souvent utilisés à d’autres fins, la tourbe et le papier journal servent plutôt au conditionnement des bulbes et rhizomes gélifs, qu’à leur isolation du froid. Pour les conserver l’hiver, il est donc préférable d’installer vos rhizomes de dahlias, cannas ou autres glaïeuls dans des bacs remplis de tourbe. Vous pouvez les envelopper dans du papier journal. Cette opération limitera le dessèchent et surtout les mettra à l’abri de la lumière afin d’éviter qu’ils entrent à nouveau en végétation.
Un garage ou un abri de jardin où les températures oscillent entre 5°C et 10°C, et où l’humidité n’est pas trop forte, sont les endroits les mieux adaptés pour y placer vos bacs de stockage.
2.5. La serre
Il s’agit du moyen le plus efficace pour protéger ses plantes du froid. Isolée du vent, du froid et parfois de l’humidité, la serre reconstituera un petit écosystème bien différent de celui du jardin et tous les éléments climatiques (chaleur, luminosité et humidité) pourront y être contrôlés.
Certains installeront de petits chauffages à thermostat ou des éclairages, alors que d’autres isoleront la serre à l’aide de papier bulle pour la rendre hors gel.
Rentrez en priorité les plantes en pots les plus gélives à partir du mois de décembre pour les acclimater à ces nouvelles conditions. Pensez ensuite à ventiler votre serre au moins une fois par jour dans le but de renouveler l’air. Si l’opération n’était pas réalisée, les maladies et ravageurs pourraient s’y installer plus facilement du fait que les plantes resteraient toujours dans la même ambiance confinée !
La serre pourra enfin s’adapter à tous vos besoins car en été, elle pourra également vous servir à la plantation de fruits et légumes nécessitant beaucoup de chaleur et peu d’humidité (tomates, melons, poivrons, etc…)
2.6. Le garage ou abri de jardin
wiki©Florent-Pécassou
Ces solutions sont valables dans le cas où vous ne posséderiez pas de serre. Cependant, vous devrez absolument disposer d’une source de lumière abondante et constante dans la journée pour pouvoir y ranger vos plantes pendant plusieurs semaines !
De même, ventilez si possible, ou sortez les plantes quelques heures et au moins 2 à 3 fois par semaines pour qu’elles puissent changer d’air tout en ayant une lumière du jour plus importante. Etant donné que ces conditions ne pas optimales pour des plantes persistantes, vous devrez respecter ces consignes de base sans quoi vos plantes jauniront et seront d’autant plus fragiles lorsque vous les ressortirez le printemps suivant.
2.7. Le paillage
On ne le sait pas assez mais le paillage, quel qu’il soit, n’a pas seulement un rôle esthétique. Il possède également beaucoup de vertus pour les plantes comme l’enrichissement du sol, la limitation de l’évaporation de l’eau contenue dans celui-ci, mais aussi la faculté d’éviter aux racines de subir des changements thermiques trop important.
Il faut savoir que la protection des racines est tout aussi importante que celle du feuillage car une plante frileuse aux racines gelées ne pourra pas résister, même si son feuillage a été très bien protégé.
Le paillage permet donc d’éviter au sol de se refroidir trop rapidement à l’automne et à l’inverse, il lui permet de se réchauffer plus vite au printemps. On conseille généralement une couche de 5 à 7 cm de paillage, qui formera une très bonne isolation thermique pour toute les plantes en pleine terre.
2.8. Le papier bulle
Cette dernière technique n’est valable que pour les pots car l’imperméabilité du plastique empêche les plantes de respirer et créera une atmosphère souvent trop humide pour les plantes frileuses. Comme l’isolation du papier bulle est bonne, n’hésitez pas à entourer de plusieurs couches toutes les poteries en terre cuite que vous laisserez en extérieur.
Pour tous les autres matériaux (zinc, bois, plastique, résine, etc…), n’hésitez pas à faire de même surtout si les plantes en question restent dans leur pot et en extérieur durant tout l’hiver. Les racines plus exposées au gel qu’en pleine terre s’en trouveront ainsi mieux isolées du froid.
Ce papier bulle pourra aussi servir à l’isolation de votre serre afin qu’elle garde mieux sa capacité à être hors gel.
3. LES PLANTES EN POT
Comme vous l’avez vu, les plantes en pots nécessitent une protection systématique en hiver. Leur système racinaire hors du sol est plus sensible au froid et risque donc de geler plus facilement. Une plante même très résistante, dont le système racinaire est trop confronté au froid, pourrait y succomber.
Les plus frileuses, comme les plantes méditerranéennes, seront protégées de différentes manières comme expliqué précédemment. Mais celles qui resteront dehors le seront d’une autre manière.
La règle de base lorsque vous ne pouvez rentrer à l’abri une plante en pot est de la placer le long de la façade de la maison (façade la plus chaude et la plus abritée des courants d’air froid). L’isolation et la chaleur que distribue naturellement une habitation lui permettra de gagner quelques degrés en cas de froid intense.
Une fois rapproché :
– Surélevez le pot sur de petites cales en bois (bon isolant thermique) pour isoler la poterie du sol.
– Bourrez le dessous avec du papier bulle ou plusieurs couches de voile d’hivernage,
– Entourez ensuite le pot de plusieurs couches de papier bulle ou voile d’hivernage qui l’isoleront aussi bien lui que les racines du froid et du vent.
– Protégez enfin la partie aérienne de la plante si nécessaire avec la technique qui vous conviendra le mieux. Imaginons qu’un Jasmin étoilé ait été protégé à l’aide d’un voile d’hivernage. La protection non hermétique permet à la plante de respirer tout en assurant au jardinier un moyen de vérifier le bon état de la plante au fil des semaines.
Le matériau du pot a aussi beaucoup d’importance en terme d’isolation : par exemple, un contenant en bois sera un bien meilleur isolant qu’un autre en zinc. De plus, si vous choisissez des poteries en terre cuite émaillée ou non, protégez les absolument l’hiver car leur côté poreux fait qu’elles sont susceptibles d’éclater l’hiver si le froid et l’humidité étaient relativement intenses !
4. APRÈS L’HIVER
Une fois l’hiver passé et les risques de gelées importantes écartés, les plantes les moins gélives pourront recommencer à s’acclimater à l’extérieur.
Dès le moins de mars si les conditions sont bonnes, commencez par découvrir les plantes en pots et en pleine terre qui seront restées tout l’hiver en extérieur. C’est aussi à ce moment-là, que seront plantés les rhizomes et les bulbes stockés dans la tourbe depuis la fin de l’automne. Evidemment, ils ne devront pas être remis en terre si le sol est gelé ou les températures toujours négatives.
Ensuite, vers le mois d’avril, sortez les plantes méditerranéennes progressivement mais ne les replacez pas définitivement car le risque d’offensive hivernale tardive n’est pas écarté !
Plus tard au cours du mois de mai voire juin, vous pourrez ressortir les plantes tropicales et autres cactées.