Défaut de développement, décoloration des feuilles, fruits tachés ou de petite taille, mauvaise floraison… Autant de signes précurseurs qu’une carence qui se profile à l’horizon. Certains jardiniers se diront aussitôt qu’il s’agit de maladies mais il n’en est rien. Inutile non plus de fertiliser avec le premier engrais qui vous tombera sous la main. Nous allons voir comment différencier une maladie d’une carence, comment identifier la carence en question mais surtout comment redresser la situation.
1. ÉVITER LES ERREURS
Avant toute chose, il est important d’envisager une plantation en connaissant son sol. Que ce soit au niveau de la texture, la structure mais aussi de la richesse minérale, toutes les plantes ne peuvent se planter dans le premier sol venu. Quel rapport avec la carence me direz-vous ?
Eh bien, il faut savoir qu’un sol non adapté ne le sera pas que s’il est trop sec ou trop humide. La richesse du sol et le pH influent directement sur d’éventuelles futures carences. Un exemple concret vient de la Chlorose ferrique des plantes acidophiles comme c’est souvent le cas chez le Rhododendron. Une décoloration des feuilles se produit s’il est planté en sol calcaire ou au pH basique. En effet, les conditions ne sont pas réunies pour cet arbuste qui se retrouve dans l’incapacité d’assimiler l’azote et le fer en sol alcalin, provoquant alors une carence. Cela n’est qu’un exemple parmi tant d’autres afin de comprendre l’intérêt de connaître son sol avant de planter.
Une analyse de sol par un institut spécialisé peut être envisagée.
Si les choses sont déjà faite, elles peuvent tout de même se corriger avec des méthodes adaptées.
2. QU’EST CE QU’UNE CARENCE ?
Une carence, que ce soit dans le monde végétal ou animal, est la difficulté d’assimilation d’un élément. Dans le cas d’un végétal, ce sont des éléments nutritifs qui se présentent sous la forme de minéraux et d’oligo-éléments indispensables à leur croissance. Ces éléments se trouvent naturellement dans le sol et peuvent être apportés par le biais de fertilisants et d’amendements.
Toutefois, les ressources ne sont pas inépuisables et il peut s’avérer parfois que la plante se trouve dans une situation de difficulté. Plusieurs raisons sont possibles lorsque c’est le cas :
– la diminution naturelle des ressources du sol soit par une culture trop intensive, un sol laissé nu sans paillage, un lessivage par ruissellement ou encore une absence de fertilisation (surtout pour les plantes en pots)
– la difficulté d’assimilation des minéraux à cause d’un pH trop acide ou trop alcalin.
– la présence d’un excès de nutriments dû à une fertilisation trop importante et qui de ce fait bloque aussi l’assimilation par la plante.
Une carence peut alors se reconnaître par une analyse du sol mais aussi et plus simplement en observant la plante concernée et les symptômes qu’elle déclare.
3. LES PRINCIPALES CARENCES
En agronomie comme au jardin, il existe 3 éléments indispensables à la plante : l’Azote, le Phosphore et le Potassium. On les reconnaît sur les emballages de fertilisants par les sigles N, P et K. Lorsqu’une carence se produit, le souci vient majoritairement d’un de ces trois éléments qui est mal assimilé.
3.1. L’Azote
Premier élément indispensable, l’Azote ou N est directement lié à la couleur du feuillage. Il favorise la croissance en verdure des tiges et des feuilles ainsi que la bonne santé globale de la plante.
Effet de la carence :
Le manque d’Azote se traduit très simplement étant donné qu’il joue un rôle prépondérant dans la croissance. Une plante qui manque de cet élément a un aspect chétif avec des feuilles de plus petite taille qu’à l’accoutumée. La croissance s’en trouve retardée et dans les cas de carences plus importantes, cela se traduit par le jaunissement des feuilles. D’abord celles du centre, elles jaunissent sur le pourtour et parfois au niveau des veines de la feuille. Elles finissent par tomber afin de protéger les plus jeunes. En effet, l’Azote est un élément capable de migrer dans la plante, la concentration devient alors plus importantes dans les feuilles les plus jeunes, jusqu’à un certain point évidemment.
Les deux raisons principales d’un manque d’azote dans le sol sont la consommation par les plantes mais aussi l’excès d’humidité qui emporte l’élément par lessivage dans les strates plus profondes du sol.
Solutions :
Contrebalancer une carence en azote est chose aisée. Une fertilisation azotée de type « coup de fouet » comme l’est le sang desséché, à corne broyée ou les purins viennent rapidement à bout d’une carence de ce genre. Respectez toujours les dosages préconisés puisqu’un excès est au même titre qu’une carence, mauvais pour les plantes.
De plus, les plantes de la famille des Fabacées aussi appelées « engrais verts » sont des plantes à la capacité étonnante. Elles sont capable par le biais de petits organes racinaires (nodosités) de fixer dans le sol l’azote capté dans l’air, d’où leur nom d’engrais vert. Ils est fortement recommandé de les planter en rotation de culture au potager si de telles carences étaient avérées. C’est le cas des Trèfles, Moutardes, Lupins ou encore Pois.
3.2. Le Phosphore
Le Phosphore ou P joue un rôle primordial dans le développement et l’accroissement de la massedu système racinaire. De par cet accroissement, la plante capte plus facilement les éléments minéraux et l’eau. Il joue aussi un rôle dans la rigidité de tous les tissus (tiges, feuilles, fleurs) entraînant de ce fait une résistance accrue aux maladies.
Effets de la carence :
Les signes visibles d’une carence en Phosphore sont moins repérables que pour l’Azote et l’on peut s’en rendre compte tardivement, sans conséquences mortelles pour les plantes concernées. Une plante qui manque de Phosphore montre aura une faible croissance et sera dure et raide. Les feuilles se teintent de nuances plus sombres, rougeâtres sur leur extrémité et la floraison s’en trouve retardée voire supprimée. Les fruits sont de ce fait, eux-aussi rares et de toute petite taille avec un goût peu sucré à tendance acide.
La raison principale d’un manque de Phosphore dans le sol est surtout la mauvaise assimilation en sol au pH trop acide ou alcalin. L’excès d’eau ainsi que le froid participent aussi à cette difficulté pour la plante à assimiler.
Solutions :
Les solutions sont nombreuses et variées. Tout d’abord, si le pH en est la cause, commencez par amender votre sol avec des amendements comme les composts, les fumiers ou tout simplement les paillis organiques.
Ensuite, drainez le sol si besoin, surtout en cas de sol argileux.
Pour continuer, vous pouvez vous tourner vers des fertilisants naturellement riches en Phosphore comme les poudre d’os, farines de poisson ou phosphates naturels.
Enfin, une dernière alternative est l’apport de mycorhizes. Il s’agit de champignons symbiotiques qui se fixent sur les racines des plantes mais avec un effet bénéfique et non parasitaire. Ils sont présent naturellement parfois mais peuvent aussi être apportés manuellement à une plante en difficulté. Ils servent à assimiler plus facilement l’eau et les minéraux du sol comme c’est le cas pour une forme de Phosphore présente dans le sol mais non assimilable par la plante sans mycorhizes.
3.3. La Potasse
Elle favorise surtout la floraison et la fructification autant dans la vigueur, le développement que la coloration. La potasse développe aussi les organes de réserves autres comme les racines, bulbes ou tubercules tout en rendant la plante plus résistante aux maladies.
Effets de la carence :
Contrairement à la carence en Phosphore, celle en potasse se distingue par un faible développement mais avec un port plus mou et non rigide. La plante semble avoir tous les symptômes d’un manque d’eau alors qu’il n’en est rien. Les feuilles peuvent se déformer et leurs bordures devenir jaune ou brune surtout sur l’extrémité.
Là encore, la raison vient souvent soit d’un manque réel ou bien d’un pH trop acide qui inhibe l’assimilation.
Solutions :
Si le pH entre en compte, commencez par équilibrer celui-ci en le rendant moins acide. Augmentez alors le taux de matières organiques en utilisant des amendements comme du compost végétal qui en plus, libère naturellement de la potasse en se décomposant. La cendre de bois est quant à elle un apport certain de potasse naturelle mais ne doit pas être utilisé à l’excès (1 à 2 poignées par m² et par an). Du côté des purins, celui de Consoude en est bien pourvu et peut s’utiliser dilué en arrosage directement au pied de la plante en état de souffrance.
Enfin, vous pourrez acheter de la Potasse pure directement utilisable et issue la plupart du temps de poudre de roche.
3.4. Les oligo-éléments
D’autres minéraux existent dans le sol et sont assimilés par la plante. Présents en beaucoup moins grande quantité que les 3 précédents, ils ont aussi une grande importance pour les cultures surtout les potagères.
On identifie alors 4 autres éléments importants :
– Le Fer
Une carence en fer laisse apparaître les nervures vertes mais le reste de la feuille jaunit, c’est la chlorose ferrique. On la reconnaît facilement car les premières feuilles atteintes sont les plus jeunes.
La raison vient souvent d’un sol trop calcaire. Il existe alors des solutions à pulvériser directement sur les feuilles, assimilables par la plante rapidement. Plus durablement, acidifiez votre sol avec des paillis organiques issus de conifères comme les écorces de Pin. Vous pouvez aussi arroser avec de l’eau mélangée à de vieux clous en fer rouillés, ce qui apportera cet élément facilement.
– Le Soufre
On différencie la carence en souffre de l’azote ou du fer par une décoloration des feuilles mais non pas des anciennes ou des plus jeunes, mais ici c’est l’ensemble de la plante.
Pour résoudre le problème, apportez de la matière organique fraîche avec un fertilisant à base d’algues, naturellement riche en souffre.
– Le Magnésium
Souvent présente sur la Vigne, la Tomate ou le Poirier, cette carence se traduit par la coloration de la feuille en rouge brun et avec une tendance à se nécroser entre les nervures. Ce sont les feuilles les plus vieilles qui sont touchées.
Là encore, le problème principal est lié au pH trop acide ou trop basique mais un excès de potasse peut aussi en être la raison.
Deux apports sont possibles selon le pH de votre sol : la Dolomie, riche en Magnésium et en Calcium en sol acide et le Sulfate de Magnésium en sol calcaire.
– Le Bore
Cet élément est surtout nécessaire aux cultures potagères et une carence en Bore se traduit facilement par de nombreux de symptômes : pourrissement des bourgeons terminaux, fruits et racines craquelées, décoloration des feuilles et quantités amoindrie de fleurs. Les choux, betteraves ou courges sont bien souvent les plus sensibles à ce manque.
Les facteurs aggravants sont une fois encore le pH basique et l’excès potentiel de Potasse. Le tout peut être accentué par la sécheresse. Ceci peut facilement se résoudre par l’apport d’un compost animal, les fumiers compostés sont donc à privilégier.
Vous l’aurez compris, les carences en oligo-éléments sont nettement plus rares aux vu des quantités absorbées par la plante mais peuvent exister. Vous pourrez tout simplement apporter un mélange d’oligoéléments encore plus large en poudre une fois par an surtout dans le potager, car les problèmes sont nettement plus rares dans le jardin d’ornement. Un paillage suivi et une bonne fumure avec des amendements de qualité suffisent surtout à ne pas voir apparaître ces problèmes. La prévention et l’anticipation sont toujours la clé du succès au jardin.