La pêche est l’un des fruits estivaux que l’on attend le plus dans les jardins ou sur les étals des primeurs. La pêche duveteuse et la nectarine à peau lisse sont tous deux des fruits gorgés de soleil, juteux et au goût incomparable. Apprécié des petits et des grands, nous allons faire le tour de ces fruits autant dans leurs bienfaits que dans leur culture.
1. UN PEU D’HISTOIRE
La pêche est un fruit qui a traversé les âges. Du plus loin que l’on puisse remonter, on sait qu’elle était présente et cultivée en Chine méridionale environ cinq siècles avant notre ère. Elle traversa ensuite l’Asie avec une escale en Perse qui lui a valu son nom scientifique de Prunus persica.
Comme c’est le cas pour la majeure partie des arbres fruitiers cultivés à présent en France, tout ceci n’aurait été possible sans les romains. Ils en distinguaient déjà cinq variétés.
Ce ne fut qu’au XVe et XVIe siècles que la France se démarqua largement sur sa culture vis à vis des autres pays européens. Elles y ont été abondamment plantées en espaliers dans la ville de Montreuil tout en acquérant leur titre de noblesse dans les jardins du roi à Versailles. Elles furent hybridées et cultivés pour toutes les caractéristiques qui sont propres à ces fruits.
2. LA PÊCHE ET LA NECTARINE ET LA FRANCE
La Pêche est le 5e fruit le plus consommé en France. Chaque ménage en consomme un peu plus de 6 kilos par an. Elle est récoltée manuellement, sa mécanisation est relativement compliquée en raison de sa fragilité aux chocs et sa faible conservation.
Sa production en France est essentiellement localisée dans le sud-est dans les régions Languedoc-Rousillon, Provence-Alpes Cote-d’Azur et Rhône-Alpes. Ces trois régions produisent à elles seules environ 255 000 tonnes de fruits. De nos jours, la France n’est plus en tête de culture de la pêche mais arrive en quatrième position. Elle s’est fait détrôner par l’Italie, l’Espagne et la Grèce. Plus largement et au sein de toute l’Europe, la production française peut sembler dérisoire à côté des 4 millions de tonnes européennes !
La plupart de la production de ces fruits est destinée à être consommée fraîche et crue mais elles sont parfois transformées surtout dans le but d’être conservées.
Sa saison de récolte est assez courte puisqu’elle n’est possible que durant l’été malgré l’alternance des variétés précoces et tardives. Sa production est ainsi difficilement modulable, pour en consommer hors de la saison habituelle, le seul moyen est l’importation depuis d’autres pays.
3. POURQUOI MANGER DES PÊCHES ET DES NECTARINES ?
Ce ne sont pas les fruits les plus light qui existent mais pas non plus les plus caloriques. La Pêche et la Nectarine renferment bon nombres de vitamines et antioxydants. Elles sont juteuses et rafraîchissantes, sucrées à souhait mais un peu filandreuses. Qui n’a jamais croqué dans une pêche sans l’éplucher et se retrouve avec les fibres coincées entre les dents ! Mais son goût fait tout de suite pardonner ce désagrément.
Ces fibres accentuent le fait que le fruit est bon pour la santé puisqu’elles participent à le rendre bien digeste.
Pour preuves de ses qualités nutritionnelles, les diététiciens recommandent ces fruits pour les consommateurs au système digestif sensible comme les personnes âgées ou les jeunes enfants.
La peau peut aussi se consommer, elle y enferme de nombreux minéraux et fibres. Pour la Nectarine, pas de soucis mais il est vrai que pour la Pêche, il faut tout de même apprécier le côté duveteux qui peut ne pas être spécialement agréable en bouche. Ces conseils sont bien-sûr valables pour des fruits cultivés biologiquement. Si ce n’est pas le cas, mieux vaut alors les éplucher.
La faible période de consommation fraîche lui donne un atout supplémentaire pour la goûter sans retenue de juin à août.
Pour aller plus loin sur la composition nutritionnelle des Pêches et Nectarines en sachant qu’un fruit fait en moyenne un poids de 150 grammes :
Eau : 88.6 g
Protides : 1.08 g
Glucides : 9 g
Lipides : 0.33 g
Fibres : 1.6 g
Vitamine C : 6.6 mg
Vitamine E : 1.27 mg
Potassium : 215 mg
Magnésium : 11.2 mg
4. DE LA PLANTATION À LA RÉCOLTE
Si vous souhaitez récolter vos propres fruits, vous pourrez trouver des pêchers et nectariniers prêts à planter en magasin. Cependant plusieurs étapes sont obligatoires pour arriver à une véritable production de fruits, vous devez en prendre note afin de réussir au mieux.
4.1. Le choix et la plantation
Tout d’abord, vous devrez choisir l’arbre qui vous convient le mieux. Pour cela, plusieurs formes s’offrent à vous, le choix se fait en fonction de la grandeur de votre jardin et de la place que vous pouvez lui consacrer. Notez qu’un pêcher ou nectarinier est un arbre relativement imposant s’il est laissé en forme libre. Ils ont tendance à pousser très vite mais de ce fait à vieillir aussi rapidement. C’est une chose importante à savoir car cela va être déterminant dans la forme choisie en fonction de la taille de votre jardin et surtout de votre volonté à le tailler ou non.
La hauteur de greffe varie alors entre une basse tige, demi-tige ou haute-tige. Les premiers, greffés au pied permettront d’accéder plus facilement aux fruits mais seront plus encombrant au sol alors que les derniers seront plus hauts mais vous pourrez circuler aisément autour du tronc.
Il est aussi possible de les planter en formes taillées comme en palmette oblique. Ils seront alors palissés et cultivés à la façon de ceux présents dans le potager du roi à Versailles.
La meilleure période pour les planter est de novembre à mars. Retrouvez-les alors en racines nues à moindre coup pour un taux de reprise aussi bon qu’en conteneur.
Une fois l’arbre en main, il ne vous restera plus qu’à le planter dans un sol riche, drainant, frais et profond en veillant à faire une belle fosse de plantation. Choisissez toujours une exposition le plus ensoleillée possible et abritée des vents froids ou humides de manière à favoriser la floraison, la maturation des fruits et surtout éviter l’apparition de maladies comme la cloque.
4.2. La taille
Les travaux de taille sont indispensables dans un premier temps pour former l’arbre. Nous l’avons dit, les pêchers et nectariniers sont des arbres qui poussent vite et sont très ramifiés, il faut donc former des branches charpentières solides qui pourront supporter le poids des fruits à l’avenir. Sous forme palissée, il en est tout autre puisque l’intégralité des branches est soutenue.
La taille de formation les 3 premières années de sa vie vise donc à aérer sa charpente, cibler les futures branches charpentières pour éliminer les plus faibles tant qu’il est encore possible.
À savoir : Le principe de la taille de formation est expliqué en détail dans notre fiche sur la taille des arbres fruitiers.
Au-delà de la taille de formation et surtout après les trois premières années, la taille du pêcher ne s’arrête pas là. En effet, en plus d’une croissance rapide ce sont des arbres qui ont la particularité de ne produire des fleurs et donc des fruits que sur les branches âgées d’un an.
Sans intervention du jardinier, les branches s’allongent sans fin année après année et vous ne disposerez plus des fruits que sur le haut de la ramure, compliquant à coup sûr la récolte.
Une taille adaptée vise donc à sélectionner les branches en vert chaque année juste après la récolte. Ces branches, formées depuis le début de l’année seront porteuses des fruits l’année suivante, il faut donc les sélectionner, les écourter de manière à encourager une croissance plus lente et des fruits mieux répartis sur l’ensemble de l’arbre.
À savoir : Cette taille se prénomme la taille en crochet et vous pourrez retrouver sa technique en détail dans notre fiche conseil sur les tailles de fructification.
4.3. La production des fruits
Contrairement à beaucoup d’autres arbres fruitiers, les pêchers et nectariniers sont des arbres autofertiles, c’est à dire qu’un seul individu suffit à la pollinisation. Ceci est un point positif puisque vous pourrez alors profiter d’une récolte suffisante pour une famille et la possibilité de planter d’autres arbres fruitiers.
Ces arbres fleurissent au printemps puis les fruits grossissent jusqu’à maturité. Les gelées tardives pendant la période de floraison peuvent être fatales à une récolte. En raison de leur caractéristique à produire des fruits sur les branches âgées d’un an, les premières productions peuvent arriver rapidement. Prenez toutefois en compte que les trois premières années sont destinées à former l’arbre, une production de fruits est donc à éviter.
En effet, il arrive parfois qu’un pêcher produise une belle quantité de petites pêches et ce, dès la première année qui suit la plantation. C’est une réaction qui arrive parfois lorsqu’un arbre vient d’être transplanté. Son système racinaire encore trop peu développé le fait réagir en produisant des fruits comme une défense de survie car l’arbre se sent en mauvaise posture. Éliminer ces fruits les premières années permet alors d’encourager un meilleur enracinement qui deviendra profitable à l’arbre pour la suite.
4.4. La cloque du pêcher
C’est la maladie numéro 1 de ces arbres qui pose tant de problèmes lors d’une culture au nord de la Loire. Cette maladie cryptogamique se traduit par des cloques rouge sur les feuilles ainsi qu’une déformation de ces dernières. Elle n’entrave pas la croissance de l’arbre du moment que la maladie n’est pas trop déclarée mais peut, après quelques années de développement, nuire à la production et à la vigueur de celui-ci.
Si rien n’est fait, l’arbre sera de plus en plus atteint tous les ans, l’humidité et la fraîcheur sont des facteurs aggravant.
La solution : Pour une attaque faible, commencez par éliminer les feuilles atteintes et brûlez-les. La taille des branches plus atteinte permettra également d’enrayer la propagation de la maladie.
Côté traitement, la bouillie bordelaise est un traitement préventif qui permet d’éviter l’installation de la maladie au printemps. Un traitement doit être fait à la chute des feuilles, un second durant l’hiver. Au bourgeonnement, utilisez alors un traitement « anti-cloque » à base de zinc. Renouvelez 15 jours plus tard si la maladie était bien présente l’année précédente.
4.5. La récolte et la conservation
La récolte se fait donc l’été, le plus souvent en juillet/août et s’étale alors sur cette période selon les variétés choisies et surtout la météo qui donne une importance à la maturité des fruits. Lorsque les premières pêches ou nectarines sont prêtes sur l’arbre, la récolte globale se fait au maximum pendant deux semaines.
Le bon moment se détermine lorsqu’elles se détachent facilement de l’arbre avec une simple rotation du fruit. Si quelques-unes sont déjà tombée, plus de doute, l’heure de la récolte à vraiment sonné !
Une fois tombées au sol, vous devrez les consommer très rapidement ou bien les cuisiner.
On reconnaît aussi un fruit mûr à sa texture souple, un peu molle et son odeur fruitée si reconnaissable. Ne vous fiez pas à la couleur de sa chair qui n’est pas signe de maturité. Il existe des variétés à chair jaune et d’autre à chair blanche, il est donc évident que le changement de couleur n’est pas lié à la maturité mais simplement à la variété.
Côté conservation, une fois que vous les aurez soigneusement récoltées, vous devrez les conserver dans un endroit frais et rangées à plat. Si vous les cueillez bien mûres, elles ne se conserveront pas plus de quelques jours. Mieux vaut donc les récolter jour après jour afin de profiter au mieux de leur fraîcheur.
Le réfrigérateur n’est absolument pas conseillé car le froid anéantit les saveurs et rend la chair farineuse.
Si vous souhaitez les conserver bien plus longtemps, durant des mois, la seule solution est de les cuisiner. En compote, en confiture ou au sirop, la stérilisation est la seule technique qui permet de stopper tout processus naturel de fermentation de ces fruits.
5. LES VARIÉTÉS LES PLUS CONNUES
Les pêchers et nectariniers se différencient non seulement à leur peau mais beaucoup de variétés différentes existent. Que ce soit au niveau de la couleur de la chair, la forme du fruit ou sa date de maturité, il est important de ne pas se tromper. Voici une sélection des meilleures variétés :
5.1. Les Pêches
Amsden (résistant à la cloque)
Calibre : Moyen
Goût : Fruit rouge et jaune à chair blanche sucrée, juteuse, parfumée et très fondante
Récolte : Fin juin, début juillet
Grosse mignonne
Calibre : Gros
Goût : Fruit blanc et rouge à chair blanche parfumée et fondante
Récolte : Mi-août
Pêche de vigne
Calibre : Moyen
Goût : Fruit à chair blanche très juteuse et parfumée
Récolte : Septembre
Reine des vergers
Calibre : Gros
Goût : Fruit rosé à chair blanche juteuse et particulièrement robuste
Récolte : Début septembre
Sanguine
Calibre : Moyen
Goût : Fruit à chair rouge, acidulée et sucrée recommandée pour les conserves en sirop
Récolte : Mi-septembre
Redhaven
Calibre : Gros
Goût : Fruit à chair jaune fondante et de bonne qualité gustative recommandée pour les conserves en sirop
Récolte : Mi-juillet
5.2. Les Nectarines
Fantasia
Calibre : Moyen
Goût : Fruit rouge foncé à chair jaune fondante et délicieuse
Récolte : Août
Morton
Calibre : Gros
Goût : Fruit rouge à chair blanche sucrée et juteuse
Récolte : Mi-Juillet
Nectared
Calibre : Gros
Goût : Fruit à chair jaune, ferme, parfumée, sucrée et particulièrement productif
Récolte : Août
Nectarose
Calibre : Moyen
Goût : Fruit rouge à chair bien sucrée pour une variété très productive
Récolte : Août