Le monde végétal est complexe, il regorge de secrets et ne sait que faire pour proposer des formes et des couleurs toutes plus diversifiées. Rien que le feuillage d’une plante permet sa reconnaissance et de plus en plus de variantes sont proposées par les horticulteurs qui donnent tous les jours de nouvelles possibilités au jardin.
1. LES FEUILLAGES
Organe indispensable à toute plante peu importe sa taille et sa forme, la feuille est une merveille de science. Son principal but est ce que l’on appelle la photosynthèse.
Pour faire simple il s’agit de la synthétisation de matières organiques en présences d’éléments minéraux grâce à trois choses :
– La lumière,
– Le CO2 ou dioxyde de carbone contenu dans l’air,
– L’eau.
La feuille agit ainsi comme un panneau solaire pour transformer la lumière en énergie, indispensable à sa croissance. C’est aussi durant cette photosynthèse que la plante libère de l’Oxygène, indispensable à notre respiration.
Une feuille se compose bien souvent d’un pétiole (petite tige) qui relie la tige au limbe (partie plate aux formes des plus variées). Lorsqu’une feuille se compose d’un limbe découpé en plusieurs parties distinctes, on appelle cela des folioles.
Une plante peut facilement se reconnaître par toutes les caractéristiques qui rendent son feuillage unique.
1.1 Les différentes catégories
Pour appréhender une plante, une des premières exigences du jardinier est de savoir si elle perd ou non son feuillage durant l’hiver. Afin de répondre à cette question, on classe l’ensemble des végétaux en 4 catégories :
Caduc : C’est le cas de la plupart des arbres et arbustes situés dans l’hémisphère nord. On dit d’eux qu’ils sont caducs puisque leur feuillage tombe durant la période hivernale. La plante se met en dormance, cette pause lui permet de passer l’hiver plus sereinement et surtout de renouveler complètement son système végétatif tous les ans.
Semi-persistant : Une semi-persistante perd une partie, plus ou moins importante, de son feuillage en fonction de la rigueur de l’hiver. En cas de grand froids, elles peuvent donc être caduques.
Marcescent : Comme c’est le cas du Hêtre, le feuillage brunit à l’automne mais reste accroché aux branches jusqu’au débourrement des bourgeons au printemps qui les feront tomber naturellement. Une certaine opacité persiste donc avec une meilleure rusticité que chez bon nombre de plantes persistantes.
Persistant : Les plantes de cette catégorie sont l’inverse, on les remarque très largement dans les zones chaudes ou tropicales. Ils sont donc feuillus toute l’année, renouvellent eux aussi leur feuillage année après année mais ne se retrouve jamais complètement nus. Les feuilles des plantes persistantes demeurent au moins 2 ans sur les branches. Il y a tout de même des exceptions et certains genres de plantes à feuillage persistant peuvent tout à fait être plantées sous nos latitudes car ils offrent une bonne résistance au gel.
Néanmoins, sachez qu’une plante persistante, qui n’est jamais réellement ‘endormie’ sera toujours de ce fait plus frileuse qu’une caduque.
1.2. Le positionnement
Une fois la catégorie du feuillage déterminé, une plante pourra se reconnaître au positionnement de ses feuilles.
Alternes : On reconnaît facilement les feuillages alternes puisque les feuilles se positionnent simplement en alternante d’un côté et de l’autre de la tige.
Opposées : Les feuilles s’attachent en paire le long des branches et donc de manière opposée.
Verticillées : Toutes les folioles se regroupent en étoile autour de la tige et forment ainsi des niveaux bien distincts.
Rosette : L’ensemble des feuilles se dispose régulièrement autour du collet (base) de la plante. C’est pourquoi, les plantes en rosette seront exclusivement herbacées.
1.3. La forme
La forme des feuilles joue aussi un très grand rôle tant pour l’esthétisme que pour leur différenciation. Au-delà de ça, certaines espèces aux formes similaires arborent des couleurs de feuillage différentes, permettant ainsi de joue avec celles-ci sans obligatoirement se tourner vers des floraisons éblouissantes. Parmi les formes les plus connues, vous pourrez choisir une plante au feuillage :
Unifolié : Il s’agit de la forme la plus simple puisque chaque feuille est unique et non divisée.
Penné : Une seule et même feuille semble divisée en plusieurs petites feuilles étant en fait les folioles. Toutes ces folioles sont disposées parallèlement le long du rachis (tige du centre de la feuille).
Bipenné : D’aspect plus fin, une feuille bipennée ressemble beaucoup à une feuille pennée si ce n’est que leurs folioles sont à nouveau divisées en plusieurs petites foliolules.
Lobé : Feuille segmentée en plusieurs lobes plus ou moins accentués en fonction des différents genres.
Palmé : Cette forme, facilement reconnaissable aux différents lobes bien distincts qui composent la feuille sont caractéristiques de bon nombre d’espèces de Palmiers d’où ils tiennent ce nom. Ici, un Erable du Japon.
Pelté : Les feuilles peltées sont de forme arrondie avec le pétiole qui est positionné au centre inférieur de la feuille.
1.4. Les nervures
Pour les plus curieux, les nervures d’une feuille peuvent aussi être passées au peigne fin. Ces nervures sont les sortes de traits visible sur la feuille et servant à conduire la sève vers les différentes cellules qui la composent. Certaines espèces arborent des nervures absolument merveilleuses quand on y regarde de plus près :
Pennées : Les nervures sont disposées en paires le long de la principale et orientées vers les extrémités de la feuille.
Réticulées : Comme les mailles d’un filet, toutes les nervures s’entremêlent, ce qui peut être très joli de près.
Palmées : Toutes les nervures partent d’un même point pour s’orienter vers toutes les extrémités de la feuille.
Arquées : Très proche des nervures pennées, les nervures arquées se courbent vers l’extrémité supérieure de la feuille aussi appelé apex.
Parallèles : Dans ce cas, l’ensemble des nervures sont à la fois courbées et parallèle à la nervure principale située au centre. C’est souvent le cas chez les graminées dont les feuilles sont très longues.
Rayonnantes : Ce type de nervures est assez rare puisqu’il se limite à certaines plantes aux feuilles peltées. Toutes partent du milieu de la feuille pour rayonner vers les extrémités comme le font les rayons d’une roue de vélo.
1.5. Les pigmentations
La couleur dominante des feuilles dans le monde végétal est le vert. C’est un pigment appelé Chlorophylle qui est responsable de cette couleur et il est aussi directement lié à la photosynthèse. Toutes les feuilles sont composées de ce pigment, peu importe la couleur finale, il s’agit du pigment faisant office d’écran solaire qui permet de capter les photons lumineux. La seule exception est pour la panachure blanche qui en est dépourvue et c’est justement l’absence de chlorophylle suite à des mutations naturelles qui rend ce feuillage plus sensibles au soleil.
Les pourpres ou dorés sont composés de pigments supplémentaires masquant le pigment vert. C’est aussi cette superposition de pigments qui permet de découvrir des couleurs automnales parfois flamboyantes. En automne, le taux de chlorophylle baisse en suivant l’afflux de sève laissant ainsi apparaitre les autres pigments, rouges, oranges ou jaunes.
2. Les bons feuillages pour les bonnes scènes
Nous l’avons vu, la coloration des feuillages est une question de pigments. Chacun d’entre eux se réserves pour des scènes particulières et ne sont pas à planter n’importe comment et n’importe où.
2.1. Le vert
C’est donc la couleur principale du monde végétal. Cette couleur verte doit donc toujours être dominante dans un jardin si vous ne voulez pas que les scènes deviennent farfelues. Evidemment, ce n’est pas parce qu’une plante est verte qu’elle supportera obligatoirement le plein soleil. Cette caractéristique varie en fonction des espèces, mieux vaut donc vous renseigner sur le genre auparavant.
2.2. Le pourpre
Réservé à certains cultivars, la couleur pourpre d’une feuille vient de la présence d’un pigment appelé anthocyane. Ces feuillages sont majoritairement à utiliser en situation ensoleillée. La concentration du pigment dans la feuille est directement liée à l’ensoleillement. Plus la feuille est exposée au soleil et plus la couleur devient sombre, de même dans le sens inverse, un feuillage pourpre placé à l’ombre se verra pâlir et vous devinerez alors facilement la pigmentation verte.
Utilisez-les pour donner un contraste certain et remarqué en compagnie de plantes à feuilles vertes. Ils apportent une touche sombre qui permet également de mettre en valeur les floraisons claires ou jaunes.
2.3. Le gris bleuté
Les plantes au feuillage bleuté sont assez courantes dans les milieux très ensoleillés. Elles sont capables de résister à un soleil très fort, c’est pourquoi même dans les régions du nord, les plantes à feuilles bleu gris trouveront toujours une place en plein soleil. Elles apportent une touche de douceur dans une scène en atténuant les couleurs sombres minérales si vous paillez un massif avec de la pouzzolane. Evitez de les planter en trop grand nombre ensemble car vous risquerez de générer une impression de tristesse.
2.4. Le panaché jaune
Ce sont les feuillages les plus chaleureux en raison de leur couleur vive, directement associés à la celle du soleil. Ils apportent une touche de lumière dans les expositions ensoleillées ou mi-ombragées, surtout durant la période hivernale s’ils sont persistants.
Ne confondez pas les feuillages panachés jaunes qui apprécient le soleil et les feuilles complètement dorées qui en souffrent. Ces derniers préfèrent largement une situation ombragée. En plein soleil vous risquez de les voir ‘brûler’ sous l’effet du soleil.
Placez-les de préférence en arrière-plan afin de créer une sensation de profondeur qui attire l’œil.
2.5. Le panaché blanc
Contrairement aux panachés jaunes, les blancs se réservent pour les ambiances ombragées ou sombres. Au plein soleil, les partie blanche brunissent lorsque le soleil estival est fort, la plante se développe ainsi moins bien et tout l’intérêt esthétique disparaît.
Cette couleur éclaire d’autant plus les scènes ombragées en compagnie du vert dominant. Il met en valeur toutes les floraisons colorées sauf évidemment le blanc tout en atténuant les couleurs trop fortes.
2.6. Les évolutifs
De plus en plus à la mode, les feuillages évolutifs sont remarqués justement pour leur côté changeant. On appelle ainsi les feuillages dont la couleur des jeunes pousses est différente des feuilles épanouies. Cela s’explique simplement par une pigmentation partielle dans les jeunes feuilles, l’évolution de la quantité de pigment en cours de saison laisse apparaître après quelques semaines le pigment final. Toutes ces plantes méritent leur place au jardin car elles permettent de créer des scènes différentes chaque jour et encore une fois s’autoriser quelques fantaisies parmi les feuillages verts. Les plus connus de cette catégorie sont sans l’ombre d’un doute les Photinia ‘red robin’ aux nouvelles pousses rouges, devenant ensuite vertes. La transition n’est pas toujours si flagrante mais peut être aussi très subtile comme c’est le cas pour certains cultivars de Physocarpus.