Le plastique, c’est fantastique… Voilà comment nous était vendu ce matériau nouveau après les années 50, facile à produire et utilisable pour tout. On le retrouve de nos jours dans notre quotidien pour toutes les utilisations possibles et imaginables. Malheureusement, on se rencontre de plus en plus que ce matériau non biodégradable commence à poser de sérieux problèmes environnementaux. Comment réduire son utilisation ? Comment s’en passer ? Comment faire autrement ? Est-il possible de ne plus l’utiliser au jardin ? Autant de questions dont nous allons tenter de donner une réponse.
1. QU’EST CE QUE LE PLASTIQUE ?
Le plastique est un matériau synthétique dérivé du pétrole dont la facilité de fabrication lui a valu sa popularité. Il est solide, léger et peut être formé sous n’importe quelle forme. Au jardin, il provient principalement du PVC (Polyclorure de Vinyle) en raison de sa souplesse et de son adaptabilité. Il existe deux catégories de plastiques :
- Les Thermoplastiques
Ils sont fondus puis moulés et peuvent être recyclés en subissant une refonte, pratiquement à l’infini. C’est cette catégorie qui est de plus en plus utilisée pour les pots de culture dans une logique environnementale.
- Les Thermodurcissables
Ces plastiques ne peuvent être refondus une fois moulés, ils sont donc à usage unique et ne peuvent être recyclés.
Recyclable ou non, il met plusieurs centaines d’années à se désagréger et est donc l’une des sources majeures de pollutions de notre millénaire. Un très grand pourcentage des plastiques jetés finiront tôt ou tard dans les océans sous forme de microparticules. Essayer de s’en passer à son niveau et commencer au jardin n’est donc pas une mauvaise idée.
2. COMMENT JARDINER SANS PLASTIQUE ?
De but en blanc, les habitudes sont tellement ancrées qu’il pourrait paraître impossible d’envisager les choses autrement. Et pourtant, les jardiniers d’antan arrivaient à faire les choses sans ce matériau. Ils utilisaient le bois, le métal, le jute, le lin, etc. et ceci leur semblait tout à fait naturel.
Au-delà de l’inspiration que nous pourrions tirer des anciens, des innovations existent venant compléter toutes les techniques de l’éco-jardinage qui ont de plus en plus le vent en poupe.
2.1. Osez la récup’
Aucune honte à avoir que de se tourner vers la récup’ pour son jardin. À la fois économique, écologique et ludique, pourquoi jeter des choses qui pourraient trouver une seconde vie avec une utilisation qui ne leur était de base pas destinée ?
- Les contenants
Tout ce qui peut contenir un liquide peut contenir du terreau. Selon le volume disponible, vous ne pourrez pas tout planter, mais chaque contenant trouvera son utilité. Un vieux verre servira de godet à semis alors qu’une casserole pourra contenir une plante rocailleuse. En termes de contenant, tout est envisageable et dans tous les matériaux.
- Les tuteurs
Nul besoin d’un tuteur bois neuf, si votre jardin n’est pas vierge de toute plante, le prélèvement de tuteur est un jeu d’enfant. Il y a des bois bien droits et solides comme le Noisetier ou le Bambou, mais aussi des plus flexibles comme le Saule ou le Cornus alba. Des tiges pourraient être récupérées et séchées lors de vos divers travaux de tailles, plutôt que de les remiser en déchetterie.
La ligature n’est pas obligatoirement plastique non plus. Tournez-vous vers les ficelles de jute ou le raphia.
- Les bouteilles en verre
Même le célèbre arrosoir en plastique peut quitter le jardin. De la petite bouteille de lait à la dame Jeanne, vous pourrez vous servir de celles-ci comme d’arrosoirs écolos.
- Le zinc
Voilà le matériau parfait du jardin récup’. Le zinc, autrefois largement utilisé au jardin, a été progressivement délaissé. Il existe tellement d’objets en zinc dans les brocantes pouvant servir au jardin qu’il redevient même à la mode et recherché. De l’arrosoir à la bassine jusqu’à la baignoire pouvant servir de bassin, vous pourrez employer sans retenue ces objets dans une optique de jardin récup’.
2.2. Choisissez la terre cuite
Lui aussi largement utilisé par les anciens, le matériau qu’est la terre cuite présente de nombreux avantages qui ont vite été oubliés avec l’apogée du plastique. En effet, la terre cuite résiste mal au gel et est plus lourde que le plastique, ces deux caractéristiques lui ont joué des tours et pourtant…
Avec la terre cuite, vous disposez d’un matériau naturel, non polluant, respirant, qui permet un bon équilibre hydrique pour les racines et qui assure aussi une bonne inertie thermique.
Lorsque les pots sont cassés, ils peuvent être pilés pour en faire un joli paillage ou bien servir de drainage au fond d’un autre pot.
2.3. Optez pour les bons outils
Finit les manches et outils en plastique, revenons aux outils qui font leurs preuves depuis des décennies. Optez pour du métal de qualité sans vous tourner tout de suite vers le premier prix. Mieux vaut un outil solide et durable, peut être un peu plus cher, mais que vous garderez à vie, plutôt qu’un low cost que vous devrez changer tous les 5 ans.
Au-delà de la qualité, la durabilité de l’outil métallique viendra de l’entretien que vous lui prodiguez. Un nettoyage après l’utilisation et un huilage de temps en temps, encore des techniques que faisaient les anciens qui se sont perdues dans notre monde du consommable.
Du côté des manches, il en est de même. Bien que certaines gammes en plastique soient jugées incassables, il peut en être de même pour un manche en bois de Frêne ou de Hêtre qui ne pourra être plié à la force d’un homme.
2.4. Découvrez le ‘Do It Yourself’
Cette expression nous vient de nos amis anglais et signifie ‘le faire soit-même’. Un peu dans la même logique que le jardin récup’, le faire soit-même est économique, ludique et très écologique. Cette catégorie regroupe à la fois un savoir-faire mais aussi une gratification personnelle du travail réalisé. Parmi les principales techniques répondant au jardin sans plastique, vous trouverez :
- Fabriquer ses pots de semis
Pour les amateurs du potager, concevoir ses propres pots au lieu d’acheter des godets jetables est tout à fait possible.
– Trouvez pour commencer, un contenant qui fera office de moule, comme un petit pot de terre cuite.
– Tapisser le de deux à trois couches de journal que vous humidifierez et couperez afin qu’il prenne la forme du pot final.
– Remplissez de terreau, démoulez et laissez sécher. Le journal prendra ensuite de lui-même un rigidité suffisante pour maintenir le substrat durant la phase de germination des graines.
– Regroupez vos petits pots les uns à côté des autres une fois semés.
– Plantez l’ensemble directement en plein terre sans dépoter car le journal est biodégradable et les racines passeront facilement au travers un fois mis en terre.
- Faire son propre compost
Bien que beaucoup de jardiniers s’y soient déjà mis, le compostage est l’une des premières étapes que l’on franchit en termes d’écologie au jardin. Il permet de recycler vos déchets organiques, qu’ils proviennent du jardin ou de la maison, tout en éliminant les amendements achetés en sacs plastiques.
De plus, le compostage peut tout à fait se faire en tas ou en composteur bois, fabriqué soi-même avec de la palette pour un compostage à 100 % do it yourself !
- Concevoir des abris à insectes et nichoirs à oiseaux
Là encore, vous pourriez recycler du bois de palettes ou de vieilles planches remisées dans la cabane de jardin pour concevoir de jolis nichoirs. Ceux-ci vous permettront d’attirer plein d’animaux bénéfiques pour la biodiversité du jardin tout en le décorant. Les hôtels à insectes auront le même effet et serviront de gîte pour toute une faune d’auxiliaires. Renseignez-vous sur ce sujet car quelques règles sont à respecter dans leur conception et leur emplacement si vous ne voulez pas que leur rôle ne soit que décoratif.
2.5. Paillez au naturel
Pailler votre sol est indispensable au jardin. Beaucoup choisissent encore la facilité de la toile plastique tissée, une abomination écologique qui compacte le sol, l’empêche de respirer et finit par effilocher tôt ou tard, propageant ainsi des fragments de plastique partout dans votre jardin.
Optez pour les paillis organiques ou minéraux selon le rendu souhaité et les plantes présentes dans le massif en question. Le BRF (Bois Raméal Fragmenté) est l’un des meilleurs paillages au jardin. Il s’agit de jeunes branches broyées qui, en recouvrant le sol, viendront l’enrichir de par la même occasion.
Sur les talus, vous pourrez opter pour les rouleaux de toile textile, biodégradables. Ils vont protéger le sol et empêcher la pousse des adventices durant les premières années. Ceci laissera le temps aux vivaces herbacées ou arbustes couvre-sol de prendre de la force et de coloniser l’espace.
Tous les paillis organiques ont un rôle de protection et d’enrichissement du sol à mesure qu’ils se décomposent.
Les paillis minéraux auront quant à eux un rôle exclusif de protection du sol et ne modifieront que très peu leur composition. Ils sont non dégradables et absolument pas polluants.
2.6. Posez des bordures
Les bordures au jardin sont un bon moyen de finition entre les allées ou la pelouse et les massifs d’arbustes ou plantes vivaces. Il en existe de toutes sortes, des bordures tressées soi-même à renouveler après quelques années aux bordures béton que l’on conservera plusieurs décennies.
Les briques, les lames acier ou encore les poutres en chêne sont autant d’autres possibilités sans plastiques. Bien entendu, une nouvelle gamme de bordures en plastique recyclé est disponible, affichant toutes les caractéristiques du plastique. Si le but est de n’avoir aucun plastique au jardin, elles ne sont pas forcément conseillée mais du fait qu’elles sont recyclées et recyclable, elle rentre tout de même dans une logique plus pérenne qu’une toile tissée.